Définition de UR?TRE
Prononciation : tran-sir
DÉFINITIONS
1
Pénétrer et engourdir de froid.Le froid et les neiges d'Alsace les transissent [les amis de Paris, en songeant aux amis qui sont en Alsace]
de Vincent VOITURE dans Lett. 67
Nature : Absolument.
Un air égal et doux, tiède haleine de l'onde, Règne ici quand la bise ailleurs transit ou gronde
de Alphonse de LAMARTINE dans Joc. II, 83
2
Sémantique : Fig. Il se dit de l'effet que produit la crainte, l'affliction, et même le respect et l'admiration. Cette nouvelle le transit de peur.Vous le voudriez voir en corps et en âme avec cette gravité qui transissait les peuples d'admiration
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans les Romains.
J'entre en une vénération qui me transit de respect envers ceux qu'il semble avoir choisis pour ses élus
3
V. n être saisi de froid.Or me voici d'un mal chu dans un autre ; Je transissais, je brûle maintenant
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
Je sentis tout mon corps et transir et brûler
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 3
Sémantique : Fig.
Cette vaine pitié dont mon coeur est transi
de Jean de ROTROU dans Bélis. v, 5
Je n'ai fait que penser à votre état, à transir pour l'avenir, à craindre qu'il ne devienne pis : voilà ce qui m'a possédée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 333
J'ai transi de vous voir passer de nuit cette montagne que l'on ne passe jamais qu'entre deux soleils et en litière
HISTORIQUE
1
XIIe s.Charles comande les transiz [morts] enterrer
dans Ronc. p. 176
Car mult plus grief martyre suffri tant cum fu vis, Que ne fist el mustier là ù il fu ocis ; Car erramment transi [mourut] e en joie fu mis
dans Th. le mart. 156
2
XIIIe s.Quant saint François transsi, Jesu Crist reclama, En cinq leus, ce m'est vis, le sien cors entama
de RUTEBEUF dans 180
3
XVe s.Et ainsi transist la gloire du monde
de Christine de PISAN dans Ch. V, II, 11
Si raconter convenoit les histoires Des mauvais tours qui sont assez notoires, Que femmes font aux amoureux transis
dans le Loyer des folles amours, p. 229, dans LACURNE
4
XVIe s.La langue se transit et la voix se fige
de Michel de MONTAIGNE dans I, 98
Le voyant transi de ces nouvelles et en silence
de Michel de MONTAIGNE dans I, 129
Roides, transis et immobiles de froid
de Michel de MONTAIGNE dans II, 262
Il s'estonnera, il se transira [d'admiration]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 266
Estants revenus à eulx, ils en transissent d'estonnement les premiers
de Michel de MONTAIGNE dans II, 22
Son oeil morne et transi en voyant ne void pas
ÉTYMOLOGIE
1
Génev. tranzi, transi ; du lat. transire, passer, de trans, au delà, et ire, aller. Le sens primitif de transir dans l'ancienne langue est mourir, qui se dit encore aujourd'hui passer ; de là les sens consécutifs.