Définition de TUTOYER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : tu-to-ié ; plusieurs disent tu-toi-ié ; l'y grec se change en i devant l'e muet : je tutoie, je tuto

DÉFINITIONS

1
Dire à quelqu'un tu et toi, au lieu de vous, qui est la forme polie dans notre langue.
Pour moi, j'aimerais mieux traiter un valet de vous que de tutoyer un prince
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans dans Dict. de Trévoux, tu.
Pardonnez, ma divine comtesse, Pour duper le barbon il faut vous tutoyer
de Thomas CORNEILLE dans Comt. d'Org. v, 6
Vous ne tutoierez plus un gendre de ma sorte
Le grand-prieur de Froulay m'a dit que Louis XIV n'aimait pas du tout que les faiseurs d'épîtres et de prologues, ni les auteurs de dédicaces le tutoyassent en vers pas plus qu'ils n'auraient fait en prose : Le roi François Ier ne le souffrit jamais, disait-il un soir chez Mme de Montespan, qui répondit à cela que Despréaux n'avait jamais été qu'un mal-appris
dans Souv. de Mme de Créquy, t. I, p. 23
Le philosophe est très familier avec le baron ; car il le tutoie
de GRIMM dans Corresp. t. I, p. 52
Monsieur le maire est gentilhomme par sa femme née demoiselle ; voilà pourquoi il nous tutoie et rudoie nous autres paysans
de Paul Louis COURIER dans Gaz. du village
Don Ricardo [au roi] : Seigneur, vous m'avez tutoyé, Me voilà grand d'Espagne [les grands d'Espagne étaient tutoyés par le roi]
Les quakers emploient le tutoiement avec tout le monde.
Penn fut obligé d'aller tutoyer Charles II et ses ministres plus d'une fois pour son payement
Nature : Absolument.
En Allemagne, supprimer le monsieur et le madame serait une grossièreté pareille à tutoyer parmi nous
On tutoyait alors au théâtre....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. rem. Ment. II, 3
2
Se tutoyer, Nature : v. réfl. Employer entre soi les tu et les toi.
Bourguignon, ne nous tutoyons plus, je t'en prie
Nous nous tutoierons, quand nous serons ivres
Avec ellipse du pronom personnel.
Jamais Molière n'a fait tutoyer les amants
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. rem. Ment. II, 3

REMARQUE

1
Tutayer, prononciation normande, a été usité ; on l'entend encore quelquefois.
Il tutaye, en parlant, ceux du plus haut étage
Il a encore une autre mauvaise habitude, c'est de tutaïer tout le monde ; il tutaye jusqu'à des femmes qu'il n'a jamais vues
de DUFRÉNY dans Espr. de contrad. sc. 6

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et après ce, Jehan Maras eust dit à Phelipot escuier très arrogamment : me tutoies-tu ? J'ai une preude femme espousée
2
XVe s.
Le suppliant dit à icellui commandeur, qu'il ne faisoit pas son honneur de le tutoyer, attendu qu'il estoit marié
3
XVIe s.
Si je tuttioie quelque gros mi-lourd, qui me donnast un coup de poing
de BONIVARD dans De noblesse, p. 242

ÉTYMOLOGIE

1
Tu et toi ; génev. tutayer. Montaigne a dit tuoyer : Des nations où les enfants tuoyent leurs pères, I, 207. L'ancienne langue disait aussi atuteer, atuiser ; le bas-latin, tuisare, tibissare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se tutoyer, Nature : v. réfl. Ajoutez :
Se tutoyer avec quelqu'un, établir avec quelqu'un l'habitude du tutoiement.
Un jour B..., qui venait déjeuner dans son établissement pour la première fois, se tutoya tout de suite avec Marie et la traita de cousine
dans Gaz. des Trib. 28 nov. 1875, p. 1146, 4e col.

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