Définition de SUPPLICE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : su-pli-s'

DÉFINITIONS

1
Punition corporelle ordonnée par arrêt de la justice.
Je vais, comme au supplice, à cet illustre emploi
de Pierre CORNEILLE dans Hor. II, 5
[Qu'il] De sa rébellion reçoive le supplice
de Jean de ROTROU dans Antig. IV, 1
Que peut-on imaginer de plus malheureux, que de ne pouvoir conserver la foi sans s'exposer au supplice ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Angl.
Comme on traînait au supplice ces deux fidèles témoins de Jésus-Christ ressuscité....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 9
Un père, en punissant, madame, est toujours père ; Un supplice léger suffit à sa colère
de Jean RACINE dans Phèdre, III, 3
À remonter du supplice injuste de Montecuculli [sous François Ier] jusqu'à celui des templiers, c'est une suite de supplices atroces, fondés sur les présomptions les plus frivoles
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Supplice, II
Il suffirait de réfléchir sur le supplice de la reine Anne de Boulen, de la reine Catherine Howard, de la reine Jeane Gray, de la reine Marie Stuart, du roi Charles Ier, pour justifier celui qui a dit que c'était au bourreau d'écrire l'histoire d'Angleterre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib.
Il [Patkul] reçut seize coups, et souffrit le supplice le plus long et le plus affreux qu'on puisse imaginer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 3
Les supplices sont malheureusement nécessaires ; il faut effrayer le crime ; mais rendez les supplices utiles ; que ceux qui ont fait tort aux hommes servent les hommes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Fragm. des instr. 4
Les supplices recherchés dans lesquels on voit que l'esprit humain s'est épuisé à rendre la mort affreuse, semblent plutôt inventés par la tyrannie que par la justice
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. Comm. Espr. lois, Supplices
On a toujours remarqué que les pays où les supplices sont le plus terribles, sont aussi ceux où ils sont le plus fréquents
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Écon. polit.
Sémantique : Par extension.
Les tyrans.... vous mettent quelquefois un homme entre quatre murailles sans livres ; ce supplice est pire que la question, qui ne dure qu'une heure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme du Deffant, 11 déc. 1769
Condamner au dernier supplice, condamner à mort.
Quoi donc ! les Romains ont-ils pu penser à honorer comme Dieu celui que leurs magistrats avaient condamné au dernier supplice ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 12
Mener quelqu'un au supplice, le mener à un supplice qui est suivi de la mort.
Les supplices éternels, les peines des damnés.
Qui vous dira qu'une justice infinie ne s'exerce pas à la fin par un supplice infini et éternel ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
2
Il signifie quelquefois simplement la mise à mort, sans idée de jugement.
Le fils d'Agamemnon vient hâter son supplice [du fils d'Hector]
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
3
Sémantique : Par extension, tout ce qui cause une vive douleur de corps, et qui dure quelque temps. La goutte est un supplice.
Si messieurs vos maris vous aimaient tant, mesdames, voudraient-ils vous faire souffrir tous les ans un plus grand supplice que ne sont ceux des roués ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 2 déc. 1671
Sémantique : Familièrement. Être au supplice, souffrir beaucoup de quelque mal, de quelque incommodité.
Je veux.... Des souliers où mes pieds ne soient point au supplice
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des mar. I, 1
Tartufe : Vous toussez fort, madame. - Elmire : Oui, je suis au supplice
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 6
Sémantique : Fig. Être au supplice, avoir quelque inquiétude, ou être impatienté.
J'étais au supplice, quand, pour m'achever, le maître de la maison me rappela....
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. VIII, p. 173
On dit de même : mettre au supplice.
Vous voulez que toujours je l'aie à mon service Pour mettre incessamment mon oreille au supplice
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femmes sav. II, 7
4
Sémantique : Fig. Grande peine d'esprit, grande souffrance morale. L'ambition a ses supplices.
.... tu veux donc vivre en d'éternels supplices ?
de Pierre CORNEILLE dans Clit. II, 4
Je vois bien que ma vue est pour elle un supplice
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. II, 4
Je tiens que, dans tous les beaux-arts, c'est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. I, 1
Dieu punit l'âme infidèle par son propre déréglement, et, pour s'être cherchée elle-même, elle devient par là son supplice
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Il te manquait encor ces perfides amours Pour être le supplice et l'horreur de mes jours
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
La vue de son propre coeur.... devient son supplice
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVIII
Les chrétiens.... sont-ils faits pour se fuir, se faire un supplice de se voir, et ne pouvoir se souffrir les uns les autres ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Pardon
Le supplice de la honte
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. VI, 13
C'est un supplice pour les artistes que les préceptes donnés par ceux qui ne sont point de l'art
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. x, p. 520
Quiconque aima jamais porte une cicatrice ; Chacun l'a dans le sein, toujours prête à s'ouvrir ; Chacun la garde en soi, cher et secret supplice, Et mieux il est frappé, moins il en veut guérir
de Alfred DE MUSSET dans Poésies nouv. Lett. à Lamartine
Porter le supplice, porter la peine.
Sage en tout, il ne fit jamais qu'un mauvais choix [Richelieu], Dont longtemps nous et lui portâmes le supplice
de Pierre CORNEILLE dans Sonnet sur la mort de Louis XII
5
Sémantique : Fig. et poétiquement. Personne qui cause le supplice, le tourment.
Ceux-là partout à charge et les vivants supplices De qui se condamne à les voir, Mais plus encore à charge à leurs propres caprices, Se donnent plus de mal qu'ils n'en font recevoir
de Pierre CORNEILLE dans Imit. II, 3

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Nule vie sans son suplice
de Randle COTGRAVE dans
Tel vie, tel supplice
de ID. dans

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. supplicium, supplice, proprement offrande, prière, de supplicare (voy. SUPPLIER), ainsi dit parce que, quand on allait exécuter à mort un citoyen romain, le rex sacrorum dévouait le coupable aux dieux au moyen d'une prière et d'un sacrifice, afin de laver le peuple romain des suites du sang versé.

Synonymes de SUPPLICE

Termes proches de SUPPLICE