Définition de SUFFOQUER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : su-fo-ké

DÉFINITIONS

1
Faire perdre la respiration, en parlant de quelque vapeur ou de quelque cause intérieure.
Pauline m'a écrit une lettre charmante ; son style nous plaît beaucoup ; Mme de la Fayette en oublia l'autre jour une vapeur dont elle était suffoquée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 déc. 1679
Une puanteur capable de suffoquer les hommes les plus vigoureux
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
Voilà ce que l'affliction qui me suffoque me permet de vous apprendre
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XXI, p. 368
C'est en revenant de chez lui que j'entrai dans l'église de ce couvent pour cacher les pleurs qui me suffoquaient
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 4e part.
Sémantique : Fig.
Je n'y puis plus tenir, le secret me suffoque
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Phil. marié, I, 4
Nature : Absolument. Il fait un air brûlant qui suffoque.
2
Tuer par suffocation.
Bannir tout un peuple du pays de sa naissance, en suffoquer un autre sous la terre
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans le Prince, ch. 20
On lui trouva [à Montereul, de l'Académie française] sur le poumon un corps étranger en forme de champignon, qui l'avait peu à peu suffoqué
de Paul PELLISSON dans Hist. Acad. IV, Montereul.
3
Suffoquer un ruisseau, le charger de bois au delà de ce que son volume peut porter.
4
Sémantique : Fig. Causer un sentiment pénible comparé à la gêne de la respiration.
Paris me suffoque, et je voudrais déjà être partie pour Grignan
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 30 déc. 1671
Elle [la Champmeslé] est laide de près, et je ne m'étonne pas que mon fils ait été suffoqué par sa présence
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 janv. 1672
Nature : Absolument. Cela suffoque, cela excite l'indignation.
5
Sémantique : Fig. Mettre à l'écart.
Tous les alliés et les amis des amis avaient pris un si grand terrain, que les tantes à la mode de Bretagne ont été entièrement suffoquées
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans t. x, p. 147, éd. RÉGNIER.
6
Nature : V. n. Perdre la respiration.
À ces mots, Amazan fit de si prodigieux éclats de rire, qu'il fut près de suffoquer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Princ. de Babyl. 9
Familièrement et par exagération. Si vous ne le laissez pas parler, il va suffoquer, se dit d'un homme qui a une extrême envie de parler.
Suffoquer de colère, d'indignation, être en proie à une colère, à une indignation telle qu'on peut à peine respirer.
Le malheureux suffoquait de colère
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
Sémantique : Fig.
Il était étrange qu'il [Fénelon] fût séduit par une femme [Mme Guyon] à révélations, à prophéties et à galimatias, qui suffoquait de la grâce intérieure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 38
Sémantique : Fig. Se laisser suffoquer, se laisser accabler.
Je me serais laissé surmonter et suffoquer par mes affaires, si je n'avais pris... cette résolution
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 nov. 1684
7
Se suffoquer, Nature : v. réfl. Se causer une grande peine.
Je vous prie, ma très chère, de ne vous point suffoquer de faire réponse à mes lettres infinies
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 nov. 1684
Se causer l'un à l'autre la suffocation.
Qu'entre eux les gens de lettres se suffoquent d'encens ou s'inondent de fiel...
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Rép. au duc de Duras, Oeuvr. t. x, p. 59

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Quant l'eaue suffoque un homme, quel mestier [besoin] est il que il boive encore ?
de Nicolas ORESME dans Éth. 195
2
XVIe s.
Pareille cause [le vin] suffoqua aussi les forces abattues par l'aage du philosophe Arcesilaus
de Michel de MONTAIGNE dans II, 19
S'en estant approchez, ils feurent suffoquez et bruslez
de Michel de MONTAIGNE dans II, 38
Tout ainsi que les mauvaises herbes suffoquent les bonnes, si on ne les arrache....
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 556

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. sufogar ; espagn. sufocar ; ital. suffocare ; du lat. suffocare, de sub, sous, et faux, la gorge.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Étouffer par le trop grand nombre.
Les mauvaises herbes suffoquent les blés
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne.

Synonymes de SUFFOQUER