Définition de SUAVE
Prononciation : su-a-v' ; d'après Chifflet, Gramm. p. 183, au XVIIe siècle on prononçait suâve
DÉFINITIONS
1
Qui fait sur les sens une impression douce et flatteuse. Un parfum, une odeur suave. Un mets d'un goût suave. Une mélodie suave. Une couleur suave.Sémantique : Terme de peinture. Coloris suave, coloris doux et gracieux. Des tons de couleur suaves et bien fondus. Ce peintre a une manière suave.
Il s'est dit quelquefois des personnes.
S'il faut que vos bontés veuillent me consoler, Et jusqu'à mon néant daignent se ravaler, J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille, Une dévotion à nulle autre pareille
REMARQUE
1
Du temps de Louis XIV, les puristes condamnaient suave ; et, suivant Bouhours, Nouv. Rem. il a quelque chose de fade, et d'ordinaire les gens qui s'en servent le sont un peu. Les puristes ont eu tort ; et suave est du meilleur usageHISTORIQUE
1
XIe s.Si li demandet dulcement e suef
dans Ch. de Rol. CXLVII
2
XIIIe s.Li tans fu biaus et clers, et li vens bons et soués
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LX.
Et Blanchefleur sa mere qui souef l'a nourrie
dans Berte, LIX
Moult estoit ses vis [son visage] fletris, Qui jadis fu soef et plains [uni]
dans la Rose, 353
3
XVe s.Et chevaucherent tout souef jusques adonc qu'ils vinrent au logis du duc
de Jean FROISSART dans I, I, 111
4
XVIe s.Il en sortoit de merveilleusement doulces et souefves odeurs de perfums
de Jacques AMYOT dans Anton. 31
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. suau ; espagn. suave ; ital. soave ; du lat. suavis ; de même radical que le goth. sutis ; anglo-sax. svête ; angl. sweet ; allem. süss ; sanscr. svãdu. Le rapprochement des langues congénères prouve que suavis est pour suadvis, qui, très probablement, est formé de su, bien, et ad, manger : bon à manger, BAUDRY., L'ancienne forme est soef ou souef, qui a duré jusqu'aux XVIe siècle ; c'est au XVIIe que la forme latine l'a bannie ; elle a été amenée par suavité, qui de très bonne heure s'était introduit.