Définition de SPH?RULE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ob-sku-ri-té

DÉFINITIONS

1
État de ce qui est privé de lumière. Percer, chasser, dissiper l'obscurité.
Une grande obscurité couvrait toute la ville
....Elle s'est quelque temps égarée Dans ces bois qui du camp semblent cacher l'entrée ; à peine nous avons, dans leur obscurité, Retrouvé le chemin que nous avions quitté
L'obscurité, la nuit.
Dès que l'obscurité régnera dans la ville
Sémantique : Fig.
Malgré l'obscurité de son illusion, J'espère démêler cette confusion
2
Sémantique : Fig. Ce qui est comparé, dans les choses intellectuelles ou morales, aux ténèbres physiques ; état de ce qui est caché, voilé, inconnu.
Dans cette obscurité tout me devient suspect
De quoi sert une longue et subtile dispute Sur des obscurités où l'esprit est déçu ?
Messieurs, ces traits [écriture d'une lettre] pour vous n'ont point d'obscurité
Je regarde de toutes parts, et ne vois partout qu'obscurité ; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude
Sans l'Écriture, qui n'a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien, et ne voyons qu'obscurité et confusion dans la nature de Dieu et dans la propre nature
de Blaise PASCAL dans ib. XXII, 8
Ce sont les clartés qui méritent, quand elles sont divines, qu'on révère les obscurités
de Blaise PASCAL dans ib. XVI, 1
Il n'est pas juste de prendre ses obscurités [de Mahomet] pour des mystères, vu que ses clartés sont ridicules ; il n'en est pas de même de l'Écriture : je veux qu'il y ait des obscurités qui soient aussi bizarres que celles de Mahomet ; mais il y a des clartés admirables, et des prophéties manifestes accomplies
de Blaise PASCAL dans ib. XIX, 9
Il y a assez de clarté pour éclairer les élus, et assez d'obscurité pour les humilier ; il y a assez d'obscurité pour aveugler les réprouvés, et assez de clarté pour les condamner et pour les rendre inexcusables
de Blaise PASCAL dans ib. XX, 1
Je vous vois dans une pleine solitude.... je trouve qu'il est commode de connaître les lieux où sont les gens à qui l'on pense toujours : ne savoir où les prendre fait une obscurité qui blesse l'imagination
Le ministre [Mazarin], au milieu de tant de conseils que l'obscurité des affaires et l'incertitude des événements et les différents intérêts faisaient hasarder....
Des faits échappés laissent de l'obscurité dans l'histoire
La profonde obscurité du coeur de l'homme, qui ne sait jamais ce qu'il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu'il veut, et qui n'est pas moins caché ni moins trompeur à lui-même qu'aux autres
Quel soudain rayon perçait la nue, et faisait comme s'évanouir en ce moment, avec toutes les ignorances des sens, les ténèbres mêmes, si je l'ose dire, et les saintes obscurités de la foi ?
Elle passa tout d'un coup d'une profonde obscurité à une lumière manifeste ; les nuages de son esprit sont dissipés
Il accompagnait de toutes les lumières de la raison la respectable obscurité de la foi
Laisse, laisse à jamais dans son obscurité Ce secret malheureux qui pèse à ta bonté
Convenons plutôt que la conduite des hommes les plus sages et les plus vertueux présente quelquefois des obscurités impénétrables
L'obscurité des temps, l'obscurité de l'avenir, le peu de connaissance que l'on a du temps passé ou du temps à venir.
Ces rois antiques [d'Écosse], dont l'origine se cache si avant dans l'obscurité des premiers temps
Son illustre maison, dont l'origine s'est perdue dans les obscurités du temps, lui fournissait, depuis sept cents ans, de grands exemples
3
Sémantique : Fig. Défaut de lumières, de civilisation.
Tout a des révolutions réglées, et l'obscurité se terminera par un nouveau siècle de lumières
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Disc. prélim. encycl. Oeuv. t. I, p. 294, dans POUGENS.
4
Sémantique : Fig. Défaut de clarté dans les idées, dans les expressions.
Ô de ses derniers mots fatale obscurité
[Montaigne] montrant que l'exclusion de toutes lois diminuerait plutôt le nombre des différends que cette multitude de lois qui ne sert qu'à l'augmenter, parce que les difficultés croissent à mesure qu'on les pèse, que les obscurités se multiplient par le commentaire....
de Blaise PASCAL dans Entret. avec M. de Saci.
Ce qui cause ordinairement l'obscurité du discours, c'est de vouloir toujours s'expliquer avec brièveté : il vaut mieux pécher par trop d'étendue que par trop peu
Ô d'un oracle faux obscurité trompeuse
L'obscurité et la confusion des mots viennent de ce que nous leur donnons trop ou trop peu d'étendue, ou même de ce que nous nous en servons, sans leur avoir attaché d'idée
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. II, II, 2
Être dans l'obscurité, ne pas comprendre ; jeter dans l'obscurité, empêcher de comprendre.
Je dois demeurer dans l'obscurité
Ce terme me jeta dans l'obscurité
de Blaise PASCAL dans ib. I
Jeter de l'obscurité dans l'esprit, empêcher de comprendre.
Plus ils font d'efforts pour s'expliquer, plus ils jettent l'obscurité dans les esprits
5
Il se dit des personnes dont la conduite ne s'explique pas.
C'était un homme plein d'artifice et d'obscurité dans sa conduite
6
Privation de célébrité, d'éclat ; condition, sort obscur. Obscurité de la naissance, de la famille.
L'obscurité vaut mieux que tant de renommée
Je puis bien aimer l'obscurité totale ; mais, si Dieu m'engage dans un état à demi obscur, ce peu d'obscurité qui y est me déplaît ; et, parce que je n'y vois pas le mérite d'une entière obscurité, il ne me plaît pas
Jésus-Christ dans une obscurité (selon ce que le monde appelle obscurité) telle, que les historiens, n'écrivant que les importantes choses des États, l'ont à peine aperçu
de Blaise PASCAL dans ib. XVIII, 2
Il [Mardochée] me tira du sein de mon obscurité, Et, sur mes faibles mains fondant leur délivrance [des Juifs], Il me fit d'un empire accepter l'espérance
Peut-on le voir sans penser, comme moi, Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu son maître ?
Habdilla, tranquille sur le trône de Grenade, ne l'oublia pas ; mais Rasis préféra l'obscurité du séjour de Fez à celui de la cour d'Espagne
La ville tombe dès lors dans une obscurité que les troubles intérieurs et des invasions étrangères firent durer longtemps
7
Sémantique : Terme de jeux. Jouer à l'obscurité, se dit, à l'hombre, lorsque, ayant les deux as noirs, on ne réserve qu'eux, en écartant le reste.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Par les piliers s'en entrerent dedenz ; Il n'orent cierges ne chandeiles ardanz, L'uns avant l'autre ; l'oscurté i fu granz, la Prise d'Orenge, v. 1782. Nostre sires avalad les ciels et descendid, e desuz ses piez fud oscurted
dans Rois, p. 206
2
XVe s.
Les citoiens sont despourveus d'esperance et descoignoissans de seigneurie, par l'oscurté de ceste trouble nuée
de Alain CHARTIER dans l'Espérance ou consolation des trois vertus
Vous qui tournez lumiere en obscurté, Et qui voulez du jour faire la nuit
de Eustache DESCHAMPS dans Vie dissipée
3
XVIe s.
L'obscurité de la nuit
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 32
Ausquels toute obscurité de paroles eust esté comme cachette pour couvrir leurs erreurs
Je souhaite le jour pendant l'obscurité, Et souhaite la nuit quand le soleil se leve
de Philippe DESPORTES dans Diverses amours, XXI, Complainte

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. obscuritatem, de obscurus, obscur ; ital. oscurità. L'ancienne langue avait aussi oscuror (askeror, dans ST BERN. p. 526, avec le changement de o en a).

Synonymes de OBSCURITÉ

Termes proches de OBSCURITÉ