Définition de R?PUDIER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fa-mi-lié, liè-r' ; au XVIIe s. Chifflet, Gramm. p. 188, dit qu'on prononçait familier comme enfer,

DÉFINITIONS

1
Qui vit avec quelqu'un sans façon et comme en famille. C'est un de ses amis les plus familiers.
Ne regardez pas la femme d'un autre ; ne vous rendez point familier avec sa servante, et ne vous tenez point auprès de son lit
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Ecclésiast. XLI, 27
Le chevalier, familier avec tout le monde
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
2
Sémantique : Terme de mythologie romaine. Dieux familiers, dieux lares des maisons de chaque particulier.
Il se dit, dans un sens analogue, des petits génies, lutins, kobolds germaniques, qu'on croyait habiter la maison.
Esprit, démon, génie familier, être surnaturel que l'on disait être attaché à une personne pour l'inspirer, la diriger.
Non, je sais tout cela d'un esprit familier
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. IV, 6
Ô l'heureux temps que celui de ces fables, Des bons démons, des esprits familiers, Des farfadets aux mortels secourables !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ce qui plaît, etc.
Sémantique : Fig.
Ce sont [les hommes de talents éminents] les anges tutélaires des royaumes et les esprits familiers des rois
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 1er disc.
3
Qui se familiarise, qui se comporte avec familiarité.
Quelle autre a mieux pratiqué cet art obligeant qui fait qu'on se rabaisse sans se dégrader, et qui accorde si heureusement la liberté avec le respect ? douce, familière, agréable autant que ferme et vigoureuse....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Qui a trop de familiarité.
Voyez-vous ? il se rend familier
de Jean RACINE dans Plaid. I, 8
Cet homme me paraît familier
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Écoss. II, 5
Il est également importun, bavard et familier
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod. t. I, lett. 43, p. 372, dans POUGENS
Être familier comme les Épîtres de Cicéron, se dit d'une personne qui se rend trop familière, par allusion aux lettres écrites par Cicéron à ses amis et dites Épîtres familières.
4
Il se dit des choses qui ont un caractère de familiarité. Ils vivent dans un commerce très familier. Il a des manières un peu trop familières. Des gens d'un caractère libre et familier.
Le commerce plus familier qu'on a à la campagne me la fit mieux connaître, et toujours à son avantage
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Confess. Comte de ***, Oeuv. t. VIII, p. 142, dans POUGENS.
Malgré le ton familier du nouveau venu
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VI
La demande est un peu familière
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans M. de Crac, sc. 10
5
Animal familier, se dit des animaux qui ne s'effarouchent pas, qui viennent près de l'homme, qui ont de la tendance à s'apprivoiser.
Les bengalis sont des oiseaux familiers et destructeurs
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans dans le Dict. de BESCHERELLE.
Parmi les animaux, les uns paraissent être plus ou moins familiers, plus ou moins sauvages, plus ou moins doux, plus ou moins féroces
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib.
6
Qui est du parler de la conversation. Langage familier. Style familier.
Dans les discours familiers et dans les discours de science
de Blaise PASCAL dans Espr. géom. I
Ce n'est pas qu'il faille condamner des vers familiers dans ces pièces de poésie ; au contraire, ils y sont nécessaires comme les jointures dans le corps humain, ou plutôt comme des repos dans un voyage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Conseils à un journaliste.
Terme, mot familier, locution, expression familière, terme, mot, locution, expression qui ne peuvent entrer que dans le langage familier.
Être familier, avoir un ton familier.
Il était familier de l'inquisition ; milord Boldmind n'était familier que dans la conversation
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Liberté de penser.
7
Qui n'est pas assez respectueux en tant qu'expression. Le terme d'amitié est un terme trop familier avec des personnes placées bien au-dessus de nous.
8
Ordinaire, habituel. L'allégorie est très familière aux poëtes grecs.
Vous savez qu'il y a des gens opiniâtres sur les petites choses et à qui le terme non est beaucoup plus familier dans de certaines occasions que le terme oui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Richelieu, 19 juill. 1773
9
Avec quoi l'on se familiarise.
Le premier qui vit un chameau S'enfuit à cet objet nouveau ; Le second approcha ; le troisième osa faire Un licou pour le dromadaire ; L'accoutumance ainsi nous rend tout familier
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 10
10
Il se dit de ce que l'on connaît pour l'avoir souvent vu, étudié, pratiqué Des notions familières à tout le monde.
Son visage m'est familier
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
Dans une chambre où il est familier [il a ses habitudes]
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Ceux qui parcourent ses ouvrages [de Bacon] le trouveront versé dans toute la littérature ancienne et moderne, et familier avec les auteurs grecs, latins, hébreux, italiens, français, allemands, arabes
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (scolastiques).
11
Nature : nm et f Familier, familière, celui, celle qui est dans la familiarité d'une personne éminente.
Il fit entrer ses familiers et ses médecins
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. III, 5
Au sabbat elle est la première, Et du bouc noir la familière
de Paul SCARRON dans Virg. VI
Madame de Maintenon se produisit fort peu au camp [de Compiègne], toujours dans son carrosse avec trois ou quatre familières
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 10, 13
Les familiers de la maison, ceux qui sont reçus habituellement et familièrement dans une maison.
12
Celui, celle qui affecte la familiarité avec les personnes d'un rang au-dessus du sien. Il fait le familier avec le ministre. Elle fait la familière avec la princesse.
Le [un grand] tirer par son habit, lui marcher sur les talons, faire le familier, prendre des libertés, marquent mieux un fat qu'un favori
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Les petits courtisans se relâchent sur ces devoirs, font les familiers, et vivent comme gens qui n'ont d'exemple à donner à personne
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
13
Officier de l'inquisition. Un familier du saint-office.
Les plus adroits s'empressèrent d'être les archers de l'inquisition, sous le nom de ses familiers, aimant mieux être satellites que suppliciés
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 140
14
Nature : S. m. Ce qui a le caractère du style familier.
Mais prenons garde à la bassesse Trop voisine du familier
de LAMOTTE dans Fabl. II, 12
On ne distinguait pas assez les bornes qui séparent le familier du simple : le simple est nécessaire, le familier ne peut être souffert
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. sur Hor.
Manières familières. Il a été d'un familier auquel je ne m'attendais guère.
15
Nature : S. f. Familière, espèce d'araignée.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Je Miles de Galathas chevaliers et familiaires dou très noble empereor de Constantinoble
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans Villeh. append. p. 25
Aucuns de ses familiés groussient de ce que il fesoit de si larges aumosnes
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 298
2
XIVe s.
Priver de ses pecunes son familier compaignon est plus dure chose et plus injuste
de Nicolas ORESME dans Eth. 245
Il ont fait edifier ung hostel ou maison à leurs depens pour mettre eulx et leurs biens, familiers et serviteurs à sauveté
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans familiarius.
3
XVIe s.
S'il n'est assez familier des livres pour y trouver tant de beaux discours qui y sont
de Michel de MONTAIGNE dans I, 174
Ils ont donné le prix à celle des vertus qui leur estoit plus familiere
de Michel de MONTAIGNE dans II, 67
Ces langues estoient familieres à mon pere
de Michel de MONTAIGNE dans II, 137
Je suis du camp d'amour pratique chevalier ; Pour avoir trop souffert, le mal m'est familier
de Pierre de RONSARD dans 230
Si la dure mere est devenue noire par remedes acres, soient appliqués remedes doux et familiers
de Ambroise PARÉ dans VIII, 18
Le fils familier [le fils de famille], greigneur de vingt ans, peut ester en jugement sans autorité ou licence de pere
dans Coust. génér. t. II, p. 440

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et espagn. familiar ; ital. famigliare ; du latin familiaris, de familia, famille.

Phonétiquement proche de FAMILIER, IÈRE