Définition de P?TISSOIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : poin ; le g ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : les poin-z armés de gante

DÉFINITIONS

1
Main fermée.
La pique dans le poing et l'estoc sur le flanc
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Il voit de toutes parts combler d'heur sa famille, La javelle à plein poing tomber sous la faucille
de RACAN dans Pastor.
Le cimeterre au poing ils ne m'écoutent pas
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
Et doit ledit Paul.... comparoir.... pour s'ouïr condamner à.... confesser, la hart au col, la torche au poing, que le passé seul est bon, que le présent ne vaut rien....
de Paul Louis COURIER dans Aux âmes dévotes.
Fermer le poing, fermer la main et la tenir serrée.
Pour me servir de la métaphore de Zénon, l'éloquence a la main ouverte, au lieu que, dans la plaidoirie, elle est souvent obligée d'avoir le poing fermé comme la dialectique
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. IX, p. 499
Avoir les poings sur les côtés, sur les hanches, se dit d'une femme dans l'attitude de la provocation, et disant ou prête à dire des injures.
Déjà ses poings sont sur ses hanches
de VADÉ dans Pipe cassée, I
La mère est en grande colère : elle a les deux poings sur les côtés
de Denis DIDEROT dans Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 177, dans POUGENS
Sémantique : Fig. et familièrement. J'ai la tête plus grosse que le poing, locution dont on se sert pour refuser de répondre.
Dorante : Vous me semblez toute mélancolique : qu'avez-vous, madame Jourdain ? - Madame Jourdain : J'ai la tête plus grosse que le poing, et si, elle n'est pas enflée
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. III, 5
Pas plus gros que le poing, se dit de choses petites dans leur espèce.
[Il faut, dans un portrait, faire aux femmes] surtout le visage pas plus gros que le poing, l'eussent-elles d'un pied de large
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sicil. sc. 11
Et un postillon.... un postillon qui n'est pas plus gros que le poing et qui va comme le vent
de Jean-François REGNARD dans Retour impr. sc. 6
Mener quelqu'un pieds et poings liés, après lui avoir lié les bras et les pieds.
Les Parthes déclarèrent que, si les Romains voulaient recevoir d'eux quelque composition favorable, il fallait avant toutes choses qu'ils leur livrassent entre les mains Crassus et Cassius pieds et poings liés
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. IX, p. 521, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
Il [Jurieu] m'accuse d'avoir livré la religion pieds et poings liés aux infidèles
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er avert. 3
Sémantique : Fig. Livrer quelqu'un pieds et poings liés, le remettre à la merci, à la disposition.
Killegrew, cédant à ses importunités, fut offrir son cousin pieds et poings liés à la victorieuse Warmestré
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 9
Mener une femme sur le poing, la mener par la main (locution vieillie).
On dîne, et, après dîner, me revoilà sur le poing de Monsieur de Marseille, à voir la citadelle et la vue
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans jeudi 1673
Mener sur le poing, se disait aussi d'un homme que l'on présentait dans les maisons.
On ajoute encore, et on assure même que le grand prôneur de la pièce, le grand protecteur de l'auteur, est M. l'abbé de Mably, qui mène M. Clément sur le poing de porte en porte, et qui le présente à toutes ses connaissances
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 6 mars 1772
Flambeau de poing, voy. FLAMBEAU.
2
Coup de poing, coup appliqué avec la main fermée.
Il y eut des coups de poing donnés, même du sang répandu
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. III, p. 114, dans POUGENS
Morbleu, veux-tu te battre à coups de poing ?
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Crispin méd. I, 6
Sors du tombeau, divin Pindare.... Cesse de vanter la mémoire Des héros dont le premier soin Fut de se battre à coups de poing Devant les juges de la gloire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Odes, 14
Non, chez nous point, Point de ces coups de poing Qui font tant d'honneur à l'Angleterre
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Boxeurs.
Faire le coup de poing, se battre à coups de poing.
Mme de Rohan, voyant qu'il s'agissait de faire tout de bon le coup de poing, fait la révérence à Mme la duchesse de Bourgogne
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 64, 65
Il ne vaut pas un coup de poing, se dit d'une personne débile et qu'un rien suffit à mettre à terre.
Ce petit duc de Foix ne vaut pas un coup de poing
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 55
Coup de poing, nom donné aux petits pistolets de poche.
Coup de poing, se dit aussi d'un gros anneau de fer ou d'acier où la main fermée s'engage, et qui sert d'arme défensive à la sortie d'un bal, d'un spectacle.
3
Oiseau de poing, celui qui revient sans leurre sur le poing du fauconnier. L'épervier et l'autour s'appellent oiseaux de poing, parce qu'ils ne se dressent pas au leurre.
Le trésorier de la cathédrale de Nevers a le droit d'assister au choeur, botté, éperonné, l'épée au côté, et l'oiseau sur le poing
de SAINT-FOIX dans Ess. Paris, Oeuv. t. v, p. 285, dans POUGENS
Le droit exclusif d'entrer dans une église avec un faucon sur le poing
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 197
Sémantique : Fig. Manger sur le poing, être très familier.
Jà tout apprivoisé, je mangeais sur le poing
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
4
Sémantique : Terme de manége. Le poing de la bride, le poignet de la main gauche du cavalier.
5
Toute la main jusqu'à l'endroit où elle se joint au bras.
Les philosophes qui ouvrent la main trop brusquement sont des fous ; on leur coupe le poing, et voilà tout ce qu'ils gagnent
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Pr. 9 mars 1770

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si ço avent [advient] que alquen [aucun] colpe le poin à altre u le pied....
dans Lois de Guill. 13
2
XIIe s.
Piez et poing au felon, lui faites bien lier
dans Ronc. p. 201
Que vus algiez [alliez] à curt el puing l'espée traite
dans Th. le mart. 36
Mult se sont entremis de lui la cruiz tolir ; Mais il ne la volt pas à nuls d'els tuz guerpir ; à douz puinz [avec les deux poings] tut adès la veïssez tenir
dans ib. 39
3
XIIIe s.
Qui tousjours me batoit et de poins et de piés
dans Berte, XLVII
Et fist à cescun des arbalestriers un poing copper, et à siergans à cescun un oel crever.
dans Chr. de Rains, 72
Et la mesenge a empoingnié Plain son poing de mouse et de foille
dans la Rose, 1771
Et selon l'ancien droit, qui mehaignoit [blessait] autrui, on li fesoit autel [semblable] mehaing comme il avoit fait à autrui, c'est à dire poing por poing....
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 18
4
XIVe s.
Adonc s'assit Bertran à sa devision [comme il voulut] ; Où qu'il voit à mengier, il y prend à plein poing ; En lui n'avoit maniere en plus qu'en un mouton
dans Guesclin. var. 86
5
XVe s.
Et si eust gresle au lendict et à Sainct Denys, merveilleuse et grosse, l'une comme ung homme ha le poing,... l'autre comme les deux poings
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1406
6
XVIe s.
Qu'avez-vous, monsieur ? - J'ai la teste plus gross que le poing
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, LXXXV
Vous joignez les mains quand vos amis ont le poing fermé
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 185
Les bourgeois, ne pouvans mettre à bas leur citadelle, se contenterent de la mettre dehors par le poing, c'est à dire de faire un grand retranchement en croissant, qui alloit baiser les deux courtines
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 163
De grand folie s'entrement Qui de son poing fait un maillet
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. p. 273

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, pogn ; provenç. punh, poing ; esp. puño ; port. punho ; ital. pugno ; du lat. pugnus.

Synonymes de POING

Termes proches de POING