Définition de PROSCRIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pro-skri-r'

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme d'histoire romaine. Condamner à mort sans forme judiciaire et en écrivant simplement le nom sur une affiche. Les triumvirs proscrivaient tous leurs ennemis.
Je n'ai pour ennemis que ceux du bien commun, Je leur fais bonne guerre, et n'en proscris pas un
Nature : Absolument.
C'est par d'autres exploits que vous briguez l'empire ; Il savait pardonner, et vous savez proscrire
2
Sémantique : Par extension, prendre des mesures violentes contre les personnes dans les temps de troubles civils.
George Keith avait quitté son pays dans sa jeunesse, et y fut proscrit pour s'être attaché à la maison Stuart
Le chancelier le Tellier, digne père de Louvois, signa l'édit de sang qui proscrivit trois millions de citoyens, et, prêt à descendre dans le tombeau, se fit l'application sacrilége du cantique de Siméon
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. V, p. 187
Nature : Absolument.
J'écrivis [sur un bulletin électoral] Bignon et un autre ; Bignon, vous le connaissez, je crois, celui qui ne veut pas qu'on proscrive
de Paul Louis COURIER dans 2e lett. particul.
3
En général, faire périr.
J'aimais vous l'avez su ; mais, pour venger mon père, J'ai bien voulu proscrire une tête si chère
Punissons l'assassin, proscrivons les complices
4
Éloigner, chasser.
Ces grands prêtres cherchent eux-mêmes de faux témoignages contre Jésus-Christ : eux qui devraient proscrire ces hommes infâmes qui font un trafic honteux de la vérité et de l'innocence des autres hommes
5
Sémantique : Fig. Rejeter, détruire.
Chaindasuinde et Recessuinde proscrivirent les lois romaines, et ne permirent pas même de les citer dans les tribunaux
Quoique ces rois des Visigoths eussent proscrit le droit romain, il subsista toujours dans les domaines qu'ils possédaient dans la Gaule méridionale
On s'est mis, depuis quelque temps, à proscrire le comique de la comédie ; c'est là le sceau de la décadence du génie
Les soupers sont proscrits, et vraiment c'est dommage
de Casimir DELAVIGNE dans Éc. des vieill. I, 1
Pour détrôner l'abus, proscrironsnous l'usage ?
de Casimir DELAVIGNE dans Épître à Lamartine.
Sémantique : Par extension.
Quand les dieux ont souffert que Sylla se soit impunément fait dictateur dans Rome, ils y ont proscrit la liberté pour jamais
D'abord par un arrêt sévère à jamais proscrivons l'ennui
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ma rép.
6
Se proscrire, Nature : v. réfl. S'infliger les uns aux autres la proscription. Dans la Révolution, les partis se sont successivement proscrits.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Quant li sainz veit venir les suens à lui fuitiz [fugitifs], E les enfanchunetz pendre as meres as piz [seins], E que lui et les suens aveit li reis proscriz...
dans Th. le mart. 65
2
XVIe s.
Ignatius pere et fils, proscripts par les triumvirs à Rome
de Michel de MONTAIGNE dans I, 256

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. proscribere, de pro, en public, et scribere, écrire ; la proscription se faisant par l'affiche d'une table où étaient les noms des proscrits.

Synonymes de PROSCRIRE

Termes proches de PROSCRIRE