Définition de PRONONCER
Prononciation : pro-non-sé. Le c prend une cédille devant a et o prononçant, prononçons
DÉFINITIONS
1
Déclarer avec autorité, en vertu de son autorité (ce qui est le sens latin).Achab crut éluder la rigueur de cette juste sentence [mort violente], en faisant une querelle particulière à Élie, qui avait eu ordre de la lui prononcer
Pourquoi chercher des preuves d'une vérité que le Saint-Esprit a prononcée par une sentence manifeste ? Dieu même menace les peuples qui altèrent sa religion...
Et ne me pique point du scrupule insensé De bénir mon trépas quand ils [les sultans] l'ont prononcé
de Jean RACINE dans Baj. I, 1
Le public, qui sait si bien faire entendre son jugement sans le prononcer en forme, ne souscrivit pas à celui des commissaires impériaux
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Marsigli.
Frédéric gouvernait l'Église aussi despotiquement que l'État ; c'était lui qui prononçait les divorces, quand un mari et une femme voulaient se marier ailleurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comment. hist.
Prononcez votre arrêt et ne redoutez rien
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olymp. V, 6
Sémantique : Fig. Le destin, le sort a prononcé l'arrêt.
Sémantique : Particulièrement. Déclarer, en parlant de celui qui préside une juridiction, une assemblée, ce qui a été décidé à la pluralité des voix.
Nature : Absolument. Ce président prononce bien, il fait entendre avec ordre et netteté les différents chefs d'un jugement.
Le greffier a prononcé au criminel son arrêt, sa sentence, il lui a lu le jugement rendu contre lui.
Sémantique : Fig. Prononcer sa propre condamnation, prononcer sa sentence, se condamner par ses propres aveux, par ses propres paroles.
Je veux encore vous faire prononcer cet arrêt à vous-mêmes contre vous-mêmes
de Blaise PASCAL dans Prov. XVI
2
Réciter, débiter.Vous donc qu'elle assistait avec tant de joie.... quel admirable panégyrique prononceriez-vous par vos gémissements à la gloire de cette princesse, s'il m'était permis de vous introduire dans cette auguste assemblée !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Quel supplice que celui d'entendre déclamer pompeusement un froid discours, ou prononcer de médiocres vers avec toute l'emphase d'un mauvais poëte !
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
La cour a chargé ce prélat éloquent de faire l'éloge funèbre d'une princesse, et il doit le prononcer dans deux jours
de Alain René LESAGE dans Diable boit. ch. 16
Là [près de mon tombeau] quelquefois encore daignez vous rassembler ; Là prononcez l'adieu
de Marie-Joseph CHÉNIER dans la Promen.
Nature : Absolument. Prononcer lentement, distinctement.
Sémantique : Fig.
Déjà même je crois entendre la réponse Qu'en secret contre moi votre haine prononce
de Jean RACINE dans Andr. II, 2
3
Articuler les lettres, les syllabes, les mots, en exprimer les sons.Vous ne leur prononcez mon nom qu'avec horreur
de Jean RACINE dans Athal. II, 7
Il passait des heures entières sans prononcer aucune parole
Il y a des peuples qui ne sauraient prononcer certaines lettres ; les Chinois ne connaissent ni le b, ni le d, ni l'r
de DUMARS. dans Oeuv. t. IV, p. 378
La rivière que nous appelons Veronise [en Russie], nom très doux à prononcer, est appelée dans les mémoires Woronestch ; et dans les observations on me dit que vous prononcez Voronège
Ces moeurs sont vos devoirs... Sachez que le premier est... de n'oser jamais Me prononcer le nom d'un rival que je hais
Nature : Absolument.
Une chose assez singulière et qui peut-être ne se trouve que dans notre langue, c'est que nous avons deux manières de prononcer : l'une pour la conversation, l'autre pour la déclamation ; celle-ci donne la force et du poids aux paroles, et laisse à chaque syllabe l'étendue qu'elle peut comporter ; au lieu que celle-là, pour être coulante et légère, adoucit certaines diphthongues, et supprime des lettres finales
de D'OLIV. dans Rem. Racine, § X
La première règle, et la seule raisonnable, est d'écrire comme on prononce : les Italiens nous en donnent l'exemple, et nous devrions le suivre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 26 oct. 1770
4
Il se dit des articulations d'une langue. Il ne prononce pas bien l'anglais.la manière dont les Romains prononçaient le latin était, en plusieurs choses, très différente de celle dont nous le prononçons aujourd'hui
de Charles ROLLIN dans Traité des Ét. I, 3
5
Sémantique : Terme de peinture. Bien indiquer les parties d'une figure, par comparaison avec l'articulation de la voix. Prononcer un bras, les muscles.Le nu que la sculpture est plus jalouse encore de prononcer que la peinture
6
Nature : V. n. Déclarer ce qui a été décidé, jugé. L'Église a prononcé. Le ciel prononcera.Les empereurs qui avaient osé prononcer sur les questions de la foi
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
Du sénat la volonté suprême Est que sur votre fils vous prononciez vous-même
7
Dans le langage ordinaire. Déclarer son sentiment, décider.Que je hais ta vaine science et ta mauvaise subtilité, âme téméraire, qui prononces si hardiment : Ce péché que je commets sans crainte est véniel !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Hé bien donc, prononcez ; que voulez-vous qu'on fasse ?
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
Gardez-vous de réduire un peuple furieux, Seigneur, à prononcer entre vous et les dieux
de Jean RACINE dans Iphig. I, 3
Si... il prononce d'un mets qu'il est friand, le maître et les conviés, qui en mangeaient sans réflexion, le trouvent friand
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
Il reste à savoir s'il est permis d'amener une grande beauté par de grands défauts ; et c'est sur quoi je n'ose prononcer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. Rodog. III, 4
Leibnitz n'a pas hésité à prononcer que le globe terrestre devait sa forme à l'élément du feu
J'ai prononcé là-dessus autrefois un peu légèrement
C'est aux hommes de juger les femmes, et aux femmes de prononcer sur les hommes
de AL. DUVAL dans Jeun. de Richelieu, III, 8
8
Se prononcer, Nature : v. réfl. Être prononcé.La consonne d se prononce en donnant du bout de la langue au-dessus des dents d'en haut
9
Faire voir, manifester son intention, sa pensée.Je ne crois pas encor devoir me prononcer
de Casimir DELAVIGNE dans la Popularité, IV, 2
HISTORIQUE
1
XIIe s.Purnuncera ma langue le tuen parlement
dans Liber psalm. p. 197
Je espant en l'esguardement de lui la meie oreisun, e la meie tribulaciun devant lui medesme [lui-même] purnunz
dans ib. p. 220
2
XIIIe s.Il [un malade] avoit esté jusques à cele heure par un jour et demi que il n'avoit parlé ne n'avoit prononcié nule parole
dans Miracles St Loys, p. 174
Li baillis n'est pas tenus d'estre au jugement fere, ne au prononcier le jugement
de Philippe de BEAUMANOIR dans I, 13
3
XVe s.Sire, g'i vois [j'y vais] sans remanoir Vostre naissance anuncier : Auls pastoreaux vas prononcier, Comment estes nez de Marie
dans la Nativ. de N. S. J. C
4
XVIe s.D'autre costé, j'oy la bise arriver, Qui en soufflant me prononce l'hyver
de Clément MAROT dans I, 223
[Prendre pour modèle le langage] des plus savants en nostre langue, qui ont tout le temps de leur vie hanté es cours de France tant du roi que de son parlement à Paris, aussi sa chancellerie et chambre des comptes ; esquels lieux le langage s'escrit et se prononce en plus grande pureté qu'en tous autres
de ROB. dans EST. Préf. de la Gramm. fr.
ÉTYMOLOGIE
1
Prov. et espagn. pronunciar ; ital. pronunziare : du lat. pronunciare, de pro, et nunciare, annoncer (voy. NONCE).Synonymes de PRONONCER
- ÂNONNER
- ARTICULER
- CHANTER
- DÉBITER
- DÉCLAMER
- DÉCLARER
- ÉMETTRE
- ÉPELER
- EXPRIMER
- FORMULER
- LIRE
- PROFÉRER
- PSALMODIER
- RÉCITER