Définition de PRO??GUM??NE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : êr

DÉFINITIONS

1
Fluide invisible, transparent, sans odeur ni saveur, pesant, compressible, élastique, qui forme autour de la terre une couche nommée atmosphère, et qui est composé de 0,79 d'azote et de 0,21 d'oxygène. L'air était un des quatre éléments de l'ancienne physique. L'air n'est pas un élément, c'est un corps composé. Les nuages sont portés dans l'air. L'air est l'aliment de la respiration. Un air pur, un air vif, un air tempéré. Ces émanations ont infecté l'air. Un air lourd et épais.
Si l'air était plus épais, il n'aurait pas cette douceur qui fait une nourriture continuelle du dedans de l'homme
Ces gardes, cette cour, l'air qui nous environne, Tout dépend de Pyrrhus et surtout d'Hermione
Je sais trop que je dois au bien de votre empire Et le sang qui m'anime et l'air que je respire
Les habitants de l'air, les oiseaux.
2
Nature : Au pluriel, les airs, l'espace au-dessus de nos têtes. Le ballon s'enleva dans les airs.
Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit ?
Hélas ! ma prière inutile Se perdra-t-elle dans les airs ?
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, 5
Ses foudres impuissants se perdaient dans les airs
3
Dans un sons général, air signifie gaz. L'oxygène, l'azote et l'hydrogène sont des airs différents. L'ancienne chimie donnait le nom d'airs à tous les fluides aériformes qu'on appelle gaz aujourd'hui ; de là le nom d'air atmosphérique attribué souvent à l'air proprement dit. Dans l'ancienne chimie, l'air fixe est le gaz acide carbonique ; l'air inflammable est l'hydrogène.
4
Air libre, l'espace ouvert. On dit dans le même sens le plein air. Arbres de plein air, arbres en plein air.
Air confiné, désigne, par opposition à air libre, l'air des enceintes dans lesquelles séjournent des êtres vivants, et qui se trouve par conséquent plus ou moins vicié.
5
Sémantique : En termes de théologie, le prince de l'air, Satan ; les puissances de l'air, les démons.
6
Mettre, exposer à l'air, soumettre une chose à l'influence, à l'action de l'air.
7
Prendre l'air, respirer le frais, se promener.
Je marche et je prends l'air avec plaisir
Se faire porter dans son carrosse pour prendre l'air
Il faudrait prendre l'air quand il est bon
Prendre l'air à sa fenêtre
Sémantique : Fig. Prendre l'air, prendre la fuite.
Il n'est rien tel que de mettre son crime ou son innocence au grand air [s'enfuir quand on est accusé]
8
Fendre l'air, en parlant d'un oiseau, voler ; et fig. traverser l'espace avec rapidité. Les oiseaux fendent l'air. La flèche fend l'air et vient frapper le but.
L'exécution fut prompte : le jeune homme fendit les airs
9
Donner de l'air à une chambre, en ouvrir les fenêtres et en renouveler l'air.
Sémantique : Fig. Donner de l'air à un tableau, en détacher les différents plans, de sorte que l'air semble circuler entre eux.
10
Air natal, le pays où l'on est né.
C'est l'air natal qui séchera tes larmes
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Nostalg.
11
Vent. Il fait beaucoup d'air. Il ne fait pas un souffle d'air.
Courant d'air, air en mouvement qui pénètre par les ouvertures d'un appartement. La porte et la fenêtre ouvertes feront un courant d'air. Ne vous mettez pas dans le courant d'air ; vous en seriez incommodé.
Coup d'air, fluxion ou douleur qui survient à la face, au cou, aux mâchoires, et qui est souvent causée par l'impression d'un air froid.
12
Prendre l'air du feu, un air de feu, se chauffer un moment, en passant.
13
Cela est dans l'air, se dit de certaines conditions physiques ou morales qu'on croit provenir de la nature d'un pays, d'une société, etc.
14
Porter le mauvais air en quelque endroit, y porter la contagion ; prendre le mauvais air, gagner la contagion.
Sémantique : Fig. L'air du monde est contagieux, la fréquentation du monde n'est pas salutaire au moral.
L'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise
On suit le train du monde, on est de toutes ses compagnies, on en prend toutes les manières ; et est-il surprenant alors que dans un air si corrompu on s'empoisonne et qu'au milieu de tant de scandales on fasse des chutes grièves et mortelles ?
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 85
15
Sémantique : Fig. et familièrement. L'air du bureau, ce qui paraît en bien ou en mal des dispositions de ceux qui ont la décision d'une affaire.
16
Diverses locutions familières, proverbiales et figurées. Être libre comme l'air, n'avoir aucune sujétion.
Ne faire que battre l'air, se donner inutilement beaucoup de peine.
Vivre de l'air du temps, être dans la plus profonde misère, n'avoir rien pour subsister.
En l'air, Nature : loc. adv. Au milieu de l'air, dans les airs. Tirer en l'air, un coup en l'air, tirer sans viser de but ; et fig. Faire une démarche sans résultat.
Paroles, projets en l'air, paroles, projets sans fondement, sans réalité.
Ce ne sont pas là, mes pères, des contes en l'air comme les vôtres
Ils dépendent d'un discours en l'air, de mille occasions imprévues
de Blaise PASCAL dans Conv. I
Vous l'accusez seulement en l'air de quatre faussetés
de Blaise PASCAL dans Réfut. de la rép. à la 12e Lett.
Et si d'une offre en l'air votre âme encor frappée Veut bien s'embarrasser du rebut de Pompée....
Ces menaces en l'air vous donnent trop de peine
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 4
Un discours en l'air qu'il forge
Et d'une cause en l'air il le faut bien leurrer
Moïse ne parle point en l'air, il particularise et circonstancie toutes choses
Ce discours en leur bouche n'est qu'un discours en l'air
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 13
La sincérité ne permet pas de donner des paroles en l'air
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 52
Que de suppositions bâties en l'air !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. com.
Il ne s'agit pas d'un soupçon en l'air
Quoiqu'il ait trouvé plus aisé de parler en l'air du droit des peuples
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. 5
Ce n'est point un fait qu'on avance en l'air
Ce n'est pas ici une prédiction en l'air
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Communion.
Il est venu arrêter les pensées vagues de l'esprit humain et fixer ses raisonnements en l'air
Pour quelque Iris en l'air faire le langoureux
Il est qui fait la moue aux chimères en l'air
Parler ainsi, c'est parler en l'air, et vouloir être cru sur tout ce qu'on s'imagine
Ne vous amusez pas à vous inquiéter en l'air
Je vous dis cela extrêmement en l'air
Il me le dit en l'air
C'est une chose qu'on dit souvent en l'air
Il dit une parole en l'air à M. de Lavardin
Sur des soupçons en l'air je m'irais alarmer
Contes en l'air
Les personnages qu'il représente sont des personnages en l'air
À considérer cet ouvrage comme un système, j'en trouve le fondement bien incertain, bien en l'air
de Denis DIDEROT dans Lett. de Ramsay.
Je n'ai pas prétendu faire un système en l'air et qui n'eût aucun fondement
Il fut question de Mlle d'Armagnac et de Mlle de La Trémouille, mais fort en l'air
Être, mettre en l'air, en mouvement, dans l'agitation. Cette affaire mit toutes les têtes en l'air.
Puisque vous êtes en l'air
Je suis tellement en l'air que je m'en vais....
Enfin j'ai un pied en l'air [je suis prête à partir]
Il faudra n'être plus ici un pied en l'air, comme vous y êtes toujours
En parlant des choses, être en l'air, en désordre. Dans son cabinet tout est en l'air.
N'être pas solide. Toute sa fortune est en l'air.
En termes militaires, on dit qu'une troupe est en l'air, quand elle n'est pas appuyée sur son flanc par un obstacle quelconque. L'aile droite de l'armée était en l'air.
Sémantique : En termes de fauconnerie, prendre l'air se dit d'un oiseau qui s'élève fort haut. Nouer [nager] entre deux airs, manière de voler particulière aux oiseaux de proie.

REMARQUE

1
Sémantique : En termes de marine, air de vent, chacune des trente-deux divisions du vent.
Je suivais le même air de vent pour toute règle
2
Airs au plur. se prend dans deux sens différents. Air s'emploie pour gaz ; en ce sens l'azote, l'hydrogène sont des airs différents l'un de l'autre. L'examen approfondi des propriétés nous apprend qu'il existe des airs d'espèces très diverses, c'est-à-dire plusieurs airs, BIOT., C'est là le pluriel comme on l'entend ordinairement. Quand au contraire on dit : s'élever dans les airs, entend-on parler de plusieurs airs, en tant qu'ils diffèrent les uns des autres ? Non assurément ; on veut seulement désigner la généralité de l'air ; ce pluriel n'a donc qu'un sens collectif et non pas le sens distributif qu'exige la définition ordinaire du nombre pluriel, JULLIEN.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Eles repairent à lor premiere matere et deviennent airs ansi come uns aniaus pert sa forme au fu et devient ors ou argens que il estoit ançois
dans Comput, f. 13
Et mout estoit li airs de froide atrempeüre
dans Berte, XLII
2
XIVe s.
Ele vit de l'aer non pas pur et sans mangier
3
XVe s.
Car estoit tané de tant avoir esté à Bruges sans changier air
de Georges CHASTELAIN dans Chr. des D. de Bourg. III, ch. 159
Et pour la puantise des bestes que on tuoit en l'ost, l'air en estoit ainsi qu'à demi corrompu.... et vint le roi loger, telle fois fut, à Male, pour esloigner ce mauvais air
4
XVIe s.
[Le vent] barbe et cheveux tous blancs me fait branler, Ne plus ne moins que feuilles d'arbre en l'air
de Clément MAROT dans I, 395
D'un toict de tortue qui eschappa des pattes d'un aigle en l'air
de Michel de MONTAIGNE dans I, 74
L'on ne leur demandoit qu'un titre en l'air, au lieu de quoy on leur offroit realement et de faict les choses dont ilz avoient plus grant besoin
de Jacques AMYOT dans Sertor. 35
Si tost que les deux compagnons ouirent parler de cette rumeur, ils prirent l'air sous couleur d'aler à la guerre, et depuis on a su leurs projets
Ou je suis fol, encores vaut-il mieux Aimer en l'air une chose incogneue Que n'aimer rien....
de Pierre de RONSARD dans 215

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. et Berry, ar ; provenç. aer, air, aire ; ital. aria, aere ; espagn. aire ; du latin aer, le même que le grec.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : Populairement. Se donner de l'air, prendre la fuite, pour échapper à des poursuites.
Il aurait mieux valu rester et prouver son innocence ; mais H.... et ses pareils aiment mieux se donner de l'air ; dans leur jargon, c'est une ordonnance de non-lieu
de Me LÉON DUVAL dans Gaz. des Trib. 15 mars 1873, p. 253, 1re col.
2
Ajoutez : XIIe s.
En près si tost come il enteise [la flèche], Flanbe li fers, l'ers et li venz
de BENOIT DE STE-MORE dans Roman de Troie, V. 12282

Synonymes de AIR

Phonétiquement proche de AIR