Définition de PRÊTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : prê-té

DÉFINITIONS

1
Fournir, mettre à la disposition (ce qui est le sens du latin praestare).
Bien loin de vous prêter l'appui dont vous parlez....
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. I, 2
Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 3
Un guerrier est invincible quand il combat avec foi, et quand il prête des mains pures au dieu des batailles qui le conduit
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Si les dieux m'ont prêté des ailes, Ce n'est pas pour fuir le danger
de QUIN. dans Persée, V, 4
Ô toi [nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. II
[ô Dieu] prête à mes discours un charme qui lui plaise [au roi]
de Jean RACINE dans Esth. I, 4
N'accorder que pour un moment.
Ô sort.... Reprenez la faveur que vous m'avez prêtée, Et rendez-moi la mort que vous m'avez ôtée
de Pierre CORNEILLE dans Poly. II, 1
Prêter secours, aide, faveur, etc. secourir, aider, favoriser quelqu'un en quelque chose.
Prêter un exemple à quelqu'un, lui donner un exemple qui l'autorise à faire quelque chose.
Vous voyez qu'à son rang elle me sacrifie, Madame, et vous voulez que je la justifie ! Qu'après tous les mépris qu'elle montre pour moi, Je lui prête un exemple à me voler sa foi ?
de Pierre CORNEILLE dans Pulch. III, 4
Prêter main-forte, appuyer par la force l'exécution des ordres de la justice.
En un autre sens, prêter main-forte, venir en aide.
La moitié de tes gens doit occuper la porte, L'autre moitié te suivre et te prêter main-forte
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 1
Prêter la main ou les mains à quelque chose, voy. MAIN, n° 5.
Prêter la main, les mains à quelqu'un, venir en aide à quelqu'un.
Cher Néarque, pour vaincre un si fort ennemi, Prête du haut du ciel la main à ton ami
de Pierre CORNEILLE dans Poly. IV, 1
À vous prêter les mains ma tendresse consent
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 3
Venez me revoir, lorsque vous serez déterminé à quelque chose, et soyez persuadé que vous me trouverez disposé à vous prêter la main
de Alain René LESAGE dans Estev. Gonz. 31
Trompé par une fausse expérience de Boyle, il [Newton] croit que l'humidité du globe se dessèche à la longue, et qu'il faudra que Dieu lui prête une main réformatrice
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Fin du monde.
Se prêter la main, se secourir mutuellement.
C'est ainsi que le despotisme et la superstition se prêtent la main
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Japonais).
Prêter l'épaule, venir en aide.
Il croit que ce climat [l'Égypte].... Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre, Et.... Pourra prêter l'épaule au monde chancelant
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
Prêter son bras, fournir le secours de ses armes, de sa vaillance.
Jamais il n'a prêté son bras à tes desseins
de Pierre CORNEILLE dans Médée, II, 2
S'il les pousse trop loin [ses projets], moi-même je l'en blâme ; Je lui prête mon bras sans engager mon âme
de Pierre CORNEILLE dans Sert. III, 2
Prêter l'oreille, écouter attentivement, en silence.
Seigneur, prêtez l'oreille à mes paroles ; entendez mes cris
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Psaumes, V, 2
Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l'oreille
de Jean RACINE dans Athal. III, 7
Prêtez-moi l'un et l'autre une oreille attentive
de Jean RACINE dans ib. II, 5
Pourquoi dit-on prêter l'oreille, et que prêter les yeux n'est pas français ? n'est-ce point qu'on peut s'empêcher à toute force d'entendre, en détournant ailleurs son attention, et qu'on ne peut s'empêcher de voir, quand on a les yeux ouverts ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. Rod. V, 3
Cachons-nous et prêtons l'oreille ; Car j'entends la porte s'ouvrir
de Louis-Benoît PICARD dans Visitand. I, 7
Prêter l'oreille, signifie aussi donner créance.
Nés et nourris dans la liberté, ils ne prêteront jamais l'oreille à aucune proposition qui tende à la servitude
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 201, dans POUGENS
Prêter l'oeil et l'oreille à, regarder et écouter.
Même notre grand roi, ce foudre de la guerre, Le front ceint de lauriers, daigne bien quelquefois Prêter l'oeil et l'oreille au théâtre françois
de Pierre CORNEILLE dans l'Illus. com. V, 5
Prêter silence, faire silence.
J'ai forcé ma colère à te prêter silence, Pour voir à quel excès irait ton insolence
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 2
Prêter attention, prêter son attention, écouter attentivement.
Asseyez-vous, monsieur, je vous conjure, et prêtez-moi votre attention
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mère coup. IV, 13
Prêter l'esprit à, accorder de l'attention.
Immobile à leurs coups, en lui-même il rappelle Ce qu'eut de beau sa vie et ce qu'on dira d'elle, Et tient la trahison que le roi leur prescrit, Trop au-dessous de lui pour y prêter l'esprit
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 2
Prêter serment, faire serment devant quelqu'un.
M. de Luxembourg prêta le serment de sa charge de capitaine des gardes du corps
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. I, p. 356
Tout vieux que je suis, je m'intéresse à ces belles Circassiennes qui ont prêté à Votre Majesté serment de fidélité, et qui prêteront sans doute le même serment à leurs amants
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Catherine, 2 sept. 1769
Sémantique : Terme de féodalité. Prêter foi et hommage, voy. PRESTATION.
Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu'un, parler pour lui, s'employer pour lui.
C'est moi qui prête ici ma voix au malheureux !
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Prêter une défense à quelqu'un, employer tels ou tels moyens pour sa défense.
L'histoire est trop connue pour retrancher le péril qu'il [le jeune Horace] court d'une mort infâme après l'avoir tuée [sa soeur] ; et la défense que lui prête son père pour obtenir sa grâce n'aurait plus de lieu s'il demeurait innocent
de Pierre CORNEILLE dans Hor. Examen.
Prêter son crédit, prêter ses amis à quelqu'un, lui rendre service par son crédit ou par l'intervention de ses amis.
2
Il se dit aussi des choses qui procurent, qui communiquent.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes
de Jean RACINE dans Phèdre, II, 5
La géographie ainsi considérée pourrait prêter des lumières à la physique, ou du moins donner des doutes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russ I, 1
Son trouble lui prêtait de nouveaux agréments
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Méch. IV, 1
J'ose prendre mes voeux pour de l'espoir ; l'ardeur de mes désirs prête à leur objet la possibilité qui lui manque
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 1
Pendant ce récit, le génie tenace de Napoléon fut moins frappé de ces avantages en eux-mêmes que de l'appui qu'ils prêtaient à l'illusion dont il venait de nous entretenir
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap V, 3
Prêter une preuve, servir de preuve.
Votre exemple lui prête une preuve assez claire, Que le trône est plus doux que le sein d'une mère
de Pierre CORNEILLE dans Oed. I, 5
Prêter un prétexte, servir de prétexte.
Il faut qu'il [l'hymen].... prête un doux prétexte à qui veut tout donner
de Pierre CORNEILLE dans Sur. II, 1
3
Particulièrement, donner une chose à condition qu'on la rendra.
Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête, Il faut que l'on en vienne aux coups
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 7
Donner est un mot pour qui il a tant d'aversion, qu'il ne dit jamais, je vous donne, mais, je vous prête le bonjour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. II, 5
À Rome, il fut permis au mari de prêter sa femme à un autre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXVI, 18
Il est des circonstances où, si vous prêtez votre argent, vous vous faites un ennemi secret ; refusez-le, vous avez un ennemi ouvert
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fragm. hist. 14
Côme de Médicis, le plus riche particulier de l'Europe, lui prêta [à Sforce] cinquante mille écus, avec lesquels il gagna les troupes milanaises
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. II, p. 301
Nature : Absolument, en parlant d'argent.
Cette honnête usurière, Qui nous prête, par heure, à vingt sous par écu
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, I, 6
Dans un gouvernement où personne n'a de fortune assurée, on prête plus à la personne qu'aux biens
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. V, 15
Il donnait avec bien plus de plaisir qu'il ne prêtait ; car souvent l'expérience lui avait fait connaître qu'il donnait ce qu'il croyait prêter, et qu'il s'en fallait bien qu'en trompant ainsi sa bienfaisance par une extension forcée, on lui en eût plus d'obligation
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Milord Maréchal.
On ne voit donc pas que prêter à intérêt c'est vendre ; qu'emprunter à intérêt, c'est acheter ; que l'argent qu'on prête est la marchandise qui se vend ; que l'argent qu'on doit rendre est le prix qui se paye
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Comm. gouv. I, 18
Prêter à la petite semaine, voy. PRÊT 2.
Sémantique : Fig.
Rome seule aujourd'hui peut résister à Rome, Il faut pour la braver qu'elle nous prête un homme
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 1
Rien de la part des sens ne le saurait toucher, Et loin de prêter l'âme à leurs vaines délices....
de Pierre CORNEILLE dans Imit. II, 9
Sémantique : Fig. Prêter sa main, être seulement l'exécuteur de la volonté d'un autre.
Il m'a prêté sa main, il a tué le comte
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 9
Guillaume, enfant de choeur, prêta sa main novice [pour un tirage au sort]
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. I
Sémantique : Fig. Prêter sa plume écrire pour quelqu'un.
Sémantique : Fig. Prêter son nom, laisser faire en son nom.
Et jusques à ce jour Atalide a prêté son nom à cet amour [de Roxane et de Bajazet]
de Jean RACINE dans Baj. I, 1
Prêter son nom, autoriser un autre à se servir de notre nom en quelque occasion.
4
Présenter, acception qui n'est usitée que dans deux locutions et qui est une combinaison du sens étymologique (praestare, fournir) et du sens particulier (prêter, ne présenter que momentanément).
Prêter le collet à quelqu'un, se présenter pour lutter ou combattre corps à corps avec lui.
Sémantique : Fig. et familièrement. Prêter le collet à quelqu'un, être prêt à lui résister, à disputer contre lui.
Recommençons notre commerce, je suis prêt à vous prêter le collet
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans Lett. t. IV, p. 90, dans POUGENS
Je vous prêterai le collet en tout genre d'érudition
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Am. méd. II, 4
Mon cousin est de mon sang, et cela lui suffit pour prêter le collet à tous les godelureaux de Paris
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Fausse Agnès, II 1
Prêter le flanc à l'ennemi, se poster ou marcher de manière que l'ennemi puisse attaquer en flanc.
Si les ennemis voulaient aller à Limbourg, ils seraient obligés de lui prêter le flanc, à moins qu'ils n'allassent faire un grand tour
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. II, p. 296
Sémantique : Fig. Prêter le flanc, donner prise sur soi.
Il avait su faire rire le public aux dépens de ses adversaires ; il leur prêta le flanc en travestissant maladroitement l'objet de leur culte
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Lamotte.
Sémantique : Terme de marine. Prêter le côté à un fort, à un bâtiment, se dit d'un vaisseau qui se prépare pour combattre.
Prêter le côté, est souvent synonyme de présenter le côté ou le travers.
Prêter le côté au vent, à la mer, être à la cape.
5
Sémantique : Fig. Attribuer, imputer. Prêter à quelqu'un des torts, un travers, des ridicules.
J'avais si peu songé au dessein qu'elle me prêtait, que....
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de St-Géran, 1er avril 1679
Dans ses égarements mon coeur opiniâtre Lui prête des raisons, l'excuse, l'idolâtre
de Jean RACINE dans Brit. III, 6
Je crois bien que l'historien a prêté ces discours à Pyrrhus et à Fabricius
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 388, dans POUGENS
En général, on leur a prêté [aux cailles] des vues, une sagacité, un discernement qui feraient presque douter que ceux qui leur ont fait honneur de ces qualités en aient fait beaucoup d'usage eux-mêmes
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. IV, p. 260
Ayez une aventure, on vous en prête cent
de DESMAHIS dans l'Impert. sc. 3
6
Sémantique : Fig. Elliptiquement, prêter à, en sous-entendant matière, sujet, occasion. Cette action prête à de fâcheuses interprétations. Prêter à la plaisanterie, à la critique, à la censure, au ridicule. Dans les lois générales, les exceptions prêtent toujours à l'arbitraire, Décret du 23 floréal an II, Rapport de Cambon, p 95.
Dans ce maudit foyer tout prête à l'équivoque
de Casimir DELAVIGNE dans les Comédiens, III, 2
Des grammairiens ont remarqué qu'il ne fallait pas dire prêter à rire, mais apprêter à rire. Ainsi ce vers serait fautif : Dès qu'un mari peu résigné Prêtait à rire au voisinage, BÉRANG., Contr. de mar. Cependant, si l'ellipse est telle qu'il a été dit, il est aussi loisible de dire prêter à rire, à plaisanter, que prêter au rire, à la plaisanterie.
7
Nature : V. n. En parlant des étoffes, du cuir, etc. s'étendre. Ce drap prête beaucoup.
Mes vers prêtent, ils s'allongent et se raccourcissent comme on veut
de LEGRAND dans la Nouveauté, sc. 14
Sémantique : Fig. C'est un sujet qui peut prêter, qui est susceptible de beaucoup de développements.
8
Nature : S. m. Un prêter, action de prêter. Ami au prêter, ennemi au rendre, c'est-à-dire on se fait souvent un ennemi de celui qu'on a obligé, quand on exige le remboursement de ce qu'on a prêté.
C'est un prêter à ne jamais rendre, se dit quand on prête à un insolvable ou à un ingrat.
9
Se prêter, Nature : v. réfl. Être prêté.
Bientôt se parjurer cessa d'être un parjure ; L'argent à tout denier se prêta sans usure
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. XI
10
Sémantique : Fig. Se prêter, se laisser aller momentanément à quelque chose.
Et quoi qu'étale ici le monde, Ce n'est qu'avec dédain que l'oeil s'y doit prêter
de Pierre CORNEILLE dans Imit. II, 1
Elle sut se prêter au monde avec toute la dignité que demandait sa grandeur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Le torrent n'entraîne que ceux qui veulent bien s'y prêter
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. Car. Drap.
Au théâtre, on se prête toujours aux sentiments naturels des personnages : on devient enthousiaste avec Polyeucte, inflexible avec Horace, tendre avec Chimène
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. Poly II, 6
Le roi [Louis XV], quoiqu'enfant, ne fut nullement étonné, fit un petit compliment, et se prêta de bonne grâce aux caresses du czar [Pierre Ier]
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. V, p. 293
Toutes les fois que l'illusion est agréable, on s'y prête avec complaisance ; et tout ce qui est possible, on le suppose vrai
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. VII, p. 48
Se prêter à soi-même, se laisser aller à ses propres penchants.
Pour ne jamais sortir de l'état où vous êtes, vous n'avez qu'à suivre vos penchants, vous prêter à vous-mêmes, vous laisser entraîner mollement au courant
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Fausse conf.
11
Consentir par complaisance. Se prêter à un accommodement.
Je me prêtai de bon coeur à tout, et je commençai par bien constater à ses propres yeux le plaisir que j'avais à lui complaire
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. III
Sémantique : Fig.
Je résolus d'abandonner un climat où la nature se prêtait à peine aux besoins de l'homme
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 1
User de complaisance.
De l'humeur dont il est, j'admire seulement Qu'il daigne se prêter à nous pour un moment
de Alexis PIRON dans Métrom. IV, 4
Les lois se sont prêtées à la faiblesse et aux passions, en ne réprimant que ce qui attaque ouvertement la société
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid.
moeurs, IV., Prêtons-nous sagement aux misères humaines
de BERNIS dans Ép. IV, Indép.
Il faut se prêter aux circonstances, il faut savoir endurer, patienter selon les temps.
Se prêter aux mains, laisser faire les mains auxquelles on est remis.
La situation des dames romaines était la même que celle de nos dames entourées de plusieurs femmes ; il fallait se prêter aux mains qui les servaient de la façon la plus simple et la plus commode pour les unes et pour les autres
dans Hist. des Vest. dans DESFONTAINES
Nature : Absolument. Il faut savoir se prêter, il faut savoir user de complaisance à propos.
Ce sont des visites à recevoir et à rendre.... il faut cependant se prêter et paraître content
de Denis DIDEROT dans Lett. à Mlle Voland, 14 août 1759
12
S'accommoder.
La langue italienne se prête à toutes les nuances de la gaieté
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, IX, 1
Le vague de la musique se prête à tous les mouvements de l'âme
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans ib. IX, 2
Il est temps de montrer que, loin de rapetisser la pensée, le christianisme se prête merveilleusement aux élans de l'âme
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, I, I, 1

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Dex, ausi comme à ses hoirs, leur prestera ce que mestiers [besoin] leur sera en terre
dans Psautier, f° 45
Veuls tu bien savoir, enseigne ; car ainsi se preste doctrine ; se ele est espandue, croist, et se ele est teuue, descroit
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 367
De prester à usure mout bien nous guerirons [nous nous soutiendrons bien en prêtant]
dans Berte, LXXVII
Dont Dex me prest par son plaisir sens et force et discretion !
de H. DE VALENC. dans I
Cele amoit trop sa janglerie, Volentiers li prestoit l'oreille
dans la Rose, 14773
Cil qui preste sor gage
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 22
S'aucuns a poi d'ommes à fere jugement en se [sa] cort, il doit requerre au segneur de qui il tient, qu'il li prest de ses homes qui sunt si per
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXVII, 3
En coze prestée rendre n'a point de terme, s'il n'i fu mis au prester
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 20
2
XIVe s.
Prester aux poures quant ils en ont besoing, et leur pardonner la debt
dans Ménagier, I, 3
3
XVe s.
Seigneurs, prestez-moy un peu le parler. Adonc chascun fist silence
dans Perceforest, t. VI, f° 97
Il devoit prester au roy quatre places.... mais il ne la bailla pas [Spolete]
de Philippe de COMMINES dans VII, 12
4
XVIe s.
Prester beau jeu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 2
À la verité, si nature ne preste un peu, il est malaysé que l'art....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 77
Nature nous preste la main et....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 81
Prester à la lettre
de Michel de MONTAIGNE dans II, 181
Prester à un escript un sens qu'il n'a pas
de Michel de MONTAIGNE dans I, 131
Ils prestent à la matiere, l'allongent et l'amplifient
de Michel de MONTAIGNE dans I, 233
Des lames de fer qui, à l'endroit des joinctures, prestoient au mouvement
de Michel de MONTAIGNE dans II, 96
Ils se prestent et accommodent aux inclinations naturelles
de Michel de MONTAIGNE dans II, 234
Je cuideroye au bout de deux ans composer un corps, avec lequel j'oseroye bien prester le collet à un autre regiment tel qu'il fust
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 284
Il les contraignit de se rendre à luy, et oultre ce de luy prester serment de fidelité
de Jacques AMYOT dans Eum. 8
Et luy estant presté silence, il feit un serment....
de Jacques AMYOT dans Cicéron, 27
Tu [ô Seigneur] les avois prestez et non donnez au monde [ceux que Desportes pleure], Et as peu comme tiens à toy les retirer
de Philippe DESPORTES dans Oeuv. chrét. Plainte
Qui preste non r'a ; si r'a, non tost ; si tost, non tout ; si tout, non gré ; si gré, non tel
de Antoine LOYSEL dans n° 672
Du temps qu'on se cachoit pour prester argent
de Randle COTGRAVE dans
Au prester ange, au rendre diable
de ID. dans
Par prester ennemy est amy, et amy souvent ennemy
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 246

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, preûter ; wallon, prusté ; provenç. et espagn. prestar ; ital prestare ; du latin praes are, fournir, de prae, en avant, et stare, se tenir debout (verbe neutre, passé au sens actif).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se prêter.
Nature : Absolument. Ajoutez :
Un cardinal, avant d'être élu pape, se prête volontiers pour le devenir ; et il y a plusieurs exemples de ces sortes de marchés
de DE BERNIS dans à d'Aubeterre, 6 avr. 1769, dans CRÉTINEAU JOLY, Clément XIV et les Jésuites, p. 248

Synonymes de PRÊTER

Termes proches de PRÊTER

Phonétiquement proche de PRÊTER