Définition de PISSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pi-sé

DÉFINITIONS

1
Uriner.
À faux titre insolents et sans fruit hasardeux, Pissant au benoistier [bénitier] afin qu'on parle d'eux
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. II
Passant par où quelqu'un des leurs a pissé, ils [les chiens] s'arrêtent tout court pour faire le même
de LA MOTHE LE VAYER dans Dial. d'Orat. Tubero, t. I, p. 287, dans POUGENS
Le père de l'évêque de Langres, mort en 1642, faisait souvent arrêter le carosse de Louis XIII ; il lui disait : Sire, vous ne voulez pas qu'on crève, faites donc arrêter, s'il vous plaît, et il descendait pour pisser
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 32, 119
Je me souviens d'avoir une fois pissé dans la marmite d'une de nos voisines
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. I
Puisses-tu pisser comme tu payes, goutte à goutte !
de GALIANI dans Correspond. t. I, p. 140, dans POUGENS
Elle confia à l'une que l'autre avait dit qu'elle n'était point jolie, à celle-ci que celle-là l'accusait d'avoir pissé au lit
de COMTE DE CAYLUS dans Jeannette, Oeuvr. t. IX, p. 438, dans POUGENS
On lui parle [à l'empereur Napoléon Ier] de moi à tout moment ; qu'est-ce que je veux ? être son ministre à Paris ? à en juger par ce qu'il a vu l'autre jour de moi, je n'y serais pas longtemps : je périrais à la peine avant la fin du mois ; il y a déjà tué Portalis, Crétet et jusqu'à Treilhard, qui pourtant avait la vie dure ; il ne pouvait plus pisser, ni les autres non plus
de BEUGNOT dans Mémoires, t. I, p. 393, ch. 12
Sémantique : Fig.
Il semble en leurs discours hautains et généreux Que le cheval volant [Pégase] n'ait pissé que pour eux
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Mener les poules pisser, voy. POULE.
Grossièrement. On dit qu'on pissera sur la fosse de quelqu'un, pour signifier qu'on lui survivra et qu'on fera quelque chose qu'il a empêché durant sa vie.
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
2
Nature : V. a. Pisser le sang, rendre le sang par les urines.
Grossièrement. Pisser des os, accoucher.
3
Sémantique : Terme de pêche. Pisser des harengs, voy. PISSE.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Li bues [le boeuf] de ses cornes le boute [le lion malade] ; Et sor li pissa li goupiz [le renard]
de MARIE dans Fable 15
2
XVe s.
Ils le guettoient de si près que à peine pouvoit il aller pisser
de Jean FROISSART dans I, I, 311
Et y eut pluseurs autres grandes parolles dites entre eulx ; entre lesquelles le suppliant envoya pisser icellui homme
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans pissare.
3
XVIe s.
Toutesfois à la verité on ne doit dire pisser le sang, quand il sort de la verge pur, mais se doit dire emission de sang
de Ambroise PARÉ dans XV, 52
Il y avoit aux carrefours à Rome des vaisseaux et demycuves pour y apprester à pisser aux passants
de Michel de MONTAIGNE dans I, 372
Les bonnes gens pour cela ne pisseront pas plus roide
de Randle COTGRAVE dans
Par tous les champs esquelz ils pissent [les moutons de Dindenault], le blé y prouvient comme si Dieu y eust pissé
de François RABELAIS dans IV, 7

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, pihi ; prov. pissar ; cat. pixar ; ital. picciare ; valaque, pisà ; allem. pissen ; suéd. pissa ; angl. to piss. On ne connaît pas l'origine de ce mot. Diez remarque qu'il n'est pas indigène sur le sol germanique ; il le croit d'origine romane, et il incline à penser qu'il provient d'une onomatopée ; ce qui est vraisemblable.

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