Définition de PÂMER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pâ-mé

DÉFINITIONS

1
Tomber en défaillance, en syncope.
Ils ne peuvent s'empêcher de pâmer ou de pleurer
de René DESCARTES dans Pass. 211
Sire, on pâme de joie ainsi que de tristesse
Sémantique : Par exagération. Pâmer de rire, rire à pâmer, rire excessivement.
Dans ses simplicités à tous coups je l'admire, Et parfois elle en dit dont je pâme de rire
C'était des postures à pâmer de rire
Mon fils a ri à pâmer de votre madame
Pâmer de joie, éprouver une joie infinie.
....Ici pâma de joie Des mortels le plus heureux
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir, pour exprimer l'action : elle a pâmé au sortir du bain ; avec l'auxiliaire être, pour marquer l'état : elle est pâmée depuis dix minutes.
2
Se pâmer, v. réfl.
même sens Le Gascon se pâme à ce bruit
de Jean de LA FONTAINE dans Gasc.
La dame, après s'être pâmée, alla se consoler avec un petit-maître du pays
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Micromégas, 3
M. d'Hamilton fait.... ôter le petit d'Elbeuf, qui s'était jeté sur ce corps [de Turenne], qui ne le voulait pas quitter, et qui se pâmait de crier
Sémantique : Par exagération.
On se sent à ces vers jusques au fond de l'âme Couler je ne sais quoi qui fait que l'on se pâme
C'est à ces morceaux extravagants que nos femmes se pâment d'admiration
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. sur la mus. franç.
Ces petits fleuristes qui se pâment à l'aspect d'une renoncule
Se pâmer de rire, rire à se pâmer, se pâmer de joie, même sens que pâmer, etc.
3
Se pâmer, perdre sa trempe ; se dit de l'effet produit sur l'acier lorsqu'il est chauffé ou forgé trop longtemps.

REMARQUE

1
Voltaire sur le vers du Cid cité ci-dessus prétend qu'on ne dit pas pâmer, mais se pâmer. Voltaire prenait ici son usage particulier pour l'usage général ; pâmer, au neutre, était parfaitement usité du temps de Corneille et l'est encore.

HISTORIQUE

1
XIe s.
À icest mot se pasme li marquis
dans Ch. de Rol. CXLIX
Cuide li reis que el se seit pasmée
dans ib. CCLXXI
2
XIIIe s.
Et il perdi moult de sanc, si commencea à pasmer
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CLXXVII
Et jut une grant pieche pasmés, que on n'i senti poux ne aleine
dans Chr. de Rains, p. 41
3
XVe s.
Encore entrerent ces gloutons [les paysans anglais révoltés] dans la chambre de la princesse.... dont elle fut si espouvantée qu'elle s'en pasma
4
XVIe s.
Un dauphin d'argent, pasmé
de Randle COTGRAVE dans
Je ne sens rien de ma plaie cuisante, Que le plaisir dont ton oeil m'a pasmé
de LOYS LE CARON dans Poésies, f° 66, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, paumer ; provenç. pasmar, palmar, espalmar, plasmar, esplamar ; anc. espagn. et portug. espasmar ; espagn. mod. pasmar ; ital. spasimare ; du lat. spasma (voy. SPASME). Les formes espasmar, spasimare, espasmir (voix espamie, dans J. MAROT, V, 333), et espaumir (il s'espaumit de sorte que nous eusmes fort à faire de le revigorer, PALSGRAVE, p. 417) ne laissent aucun doute ; le spasme s'est changé en un autre accident, dans les langues romanes.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se pâmer, se dit de la luzerne qu'on laisse quelque temps coupée sur le terrain.
Vous fauchez la luzerne et, après l'avoir laissée se pâmer pendant 24 heures, vous l'apportez dans la fosse, en ayant soin de la fouler
de E. GARNOT dans Avranchin, 15 oct. 1876

Synonymes de PÂMER

Termes proches de PÂMER

Phonétiquement proche de PÂMER