Définition de OSER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ô-zé

DÉFINITIONS

1
Tenter avec audace.
Osez ce qu'ont osé tant d'autres conquérants
Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j'ose, Croit-il que m'offenser ce soit si peu de chose ?
Il connaissait, dans le parti, de ces fiers courages dont l'esprit extrême ose tout
Pourquoi faut-il, ingrat.... Que vous n'osiez pour moi ce que j'osais pour vous ?
Dans ces moments d'étonnement qui suivent une action inopinée, il est facile de faire tout ce qu'on peut oser
On sait ce que je puis, on verra ce que j'ose
Rameau est d'autant plus digne d'estime, qu'il a osé tout ce qu'il a pu, et non tout ce qu'il aurait voulu oser
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lib. de la mus. Oeuv. t. III, p. 342, dans POUGENS
Nature : Absolument.
S'il [le peuple] eût puni Sylla, César eût moins osé
Peut-être avec le temps j'oserai davantage
Il faut oser en tout genre, mais la difficulté est d'oser avec sagesse, c'est concilier une contradiction
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Chazelles.
Il faut savoir oser ; la philosophie mérite bien qu'on ait du courage
Si j'écrivais un traité de politique, je traiterais à fond de l'art d'oser, non moins nécessaire pour faire réussir les entreprises civiles que les opérations militaires
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Fragments (dans les Mémoires publiés par M. Lucas Montigny, t. VII, p. 215).
Sémantique : Négativement et absolument. Je n'ose. On n'oserait.
Sémantique : Par forme de défi, de menace. Vous n'oseriez.
2
Avec un verbe à l'infinitif, avoir l'audace ou le courage de.
Vous l'osâtes bannir, vous n'osez l'éviter
Moi, que j'ose opprimer et noircir l'innocence !
de Jean RACINE dans ib. III, 3
Il est beau d'oser s'exposer à l'indignation du prince plutôt que de manquer à ses devoirs
de Jean-Baptiste MASSILLON dans dans GIRAULT-DUVIVIER
Qui suis-je pour oser murmurer de mon sort ?
de Louis RACINE dans la Grâce, IV
Tu sais trop bien.... que je n'ose pas oser
3
Se permettre de.
Si nous osions demander au grand prince qui lui rend les derniers devoirs, quelle mère il a perdue, il répondrait par ses sanglots
Si d'autres osaient le louer, il repoussait leurs louanges
La reine savait combien la médisance se donne d'empire quand elle a osé seulement paraître en présence des princes
Oses-tu donc parler sans l'ordre de ton roi ?
J'ose dire que M. Macquer et M. de Morveau sont les premiers de nos chimistes qui aient commencé à parler français
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. Introd. t. VI, p. 105
Si j'ose le dire, si j'ose m'exprimer ainsi, formule dont on se sert pour adoucir la force ou la hardiesse d'une expression, d'une idée.
Si j'ose expliquer ma pensée
Son antagoniste se trouve, si j'ose dire, enchaîné par un collier de perles, que Socrate lui a passé autour de l'entendement
de Jacques Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE dans Mort de Socrate.
4
Avec la négation, s'abstenir par circonspection.
Mille soupçons qui laissent entrevoir ce qu'on n'oserait dire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Médisance.
Il n'osait plus parler à la reine avec cette douce liberté qui avait eu tant de charmes pour tous deux

REMARQUE

1
Dans le sens absolu, ou quand oser est suivi d'un infinitif, on supprime souvent pas dans les constructions négatives : je n'ose ; je n'oserai vous le dire ; je n'osais le faire. Tircis, je n'ose Écouter ton chalumeau, Chanson génevoise citée par J. J. Rousseau dans ses Confessions, I.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Mon escient, [ils] nes [ne les] osent aproismer [approcher]
dans Ch. de Rol. CLII
2
XIIe s.
[Il n'est personne] Qui à Marsille oust [ose] porter mon mesage
dans Ronc. p. 13
Douce dame, je ne vous os rover [demander] Ce dont amors ne me rove pas taire
dans Couci, II
3
XIIIe s.
Biaus très dous fils, fait-elle, comment osas penser... ?
dans Berte, III
Tant vous donrai d'avoir com oserez penser
dans ib. CXII
Maint i perdent, bien dile l'os, Sens, tens, chastel, cors, ame et los
dans la Rose, 4648
Le cuer ot [Franchise] dous et debonnaire ; Ele n'osast dire ne faire à nuli riens qu'el ne deüst
dans ib. 1206
Doner autrui bien, ce est nostre debonairetez ; estre osez de mal faire, ce est nostre vertus
En oevre es autretant, comme en parole, osée
dans La fole et la sage, dans JUBINAL, t. II, p. 78
4
XVe s.
Henry de Percy, je ne cuidoie mie que vous fussiez si grand en Angleterre, que vous osissiez faire fermer les portes.... à l'encontre du duc de Lancastre
5
XVIe s.
Il feit faire defense à ceulx de la ville, que nul ne fust si ozé ne si hardy que d'approcher des murailles
de Jacques AMYOT dans Marcel. 15
Il n'osoit ny boire ny manger avec personne de la ville, ny ne s'osoit trouver ès compagnies pour deviser
de Jacques AMYOT dans Nicias, 8
tous ces petits succez eschaufferent le prince de Condé, et lui firent ozer le siege de Brouage

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, ouser ; provenç. ausar ; espagn. osar ; portug. ousar ; ital. ausare, osare ; du supin ausum, de audere (voy. AUDACE). Le participe latin ausus avait donné à l'ancienne langue l'adjectif os, ose, qui avait le sens de osé.

Synonymes de OSER

Phonétiquement proche de OSER