Définition de OBÉIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : o-bé-ir

DÉFINITIONS

1
Faire ce que veut un autre, faire ce qui est commandé.
Qui ne peut être aimé, se peut faire obéir
Comme Phorbas avait mal obéi....
Il est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes
Il serait bon qu'on obéît aux lois et coutumes, parce qu'elles sont lois.... qu'ainsi il faut seulement suivre les reçues : par ce moyen on ne les quitterait jamais
de Blaise PASCAL dans ib. VI, 40
Le prince obéit à la décision d'un sage religieux
Madame la Dauphine, éloignée de toute curiosité et présomption, ne savait que deux choses : obéir et croire
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir
Et, l'amour seul alors se faisant obéir, Vous m'aimeriez, madame, en me voulant haïr
La gloire d'obéir est tout ce qu'on nous laisse
de Jean RACINE dans ib. III, 2
Vous avez entendu ce que je vous demande, Madame : je le veux et je vous le commande, Obéissez
Quoique je les [les femmes d'un sérail] garde pour un autre, le plaisir de me faire obéir me donne une joie secrète
Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs, et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il n'obéit qu'aux lois ; et c'est par la force des lois qu'il n'obéit pas aux hommes
Eh ! quel bien, dites-moi, vaut le charme suprême D'obéir à son âme et de plaire à soi-même ?
2
Être sujet d'un prince.
Sans lui j'obéirais où je donne la loi
Écoutez la suite de la prophétie : je veux que ces peuples lui obéissent, et qu'ils obéissent encore à son fils, jusqu'à ce que le temps des uns et des autres vienne
Trézène m'obéit
Ainsi par le destin nos voeux sont traversés, J'obéissais alors, et vous obéissez
de ID. dans Brit. III, 8
Plus heureux d'obéir à une nation barbare qu'à un gouvernement corrompu
Pour qu'on vous obéisse, obéissez aux lois
3
Il se dit des animaux. Le chien obéit à son maître. Le chat n'obéit pas.
Ces superbes coursiers qu'on voyait autrefois Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix
Ce cheval obéit bien à l'éperon, à la main, aux aides, il se laisse gouverner, manier aisément.
4
Faire ce à quoi on est contraint par une certaine nécessité. Obéir à la force. Obéir à la nécessité. Il faut que les passions obéissent à la raison.
S'obéir à soi-même, suivre les conseils qu'on reçoit de sa propre raison.
La volonté commande, et elle-même qui commande ne s'obéit pas ; éternel obstacle à ses désirs propres, elle est toujours aux mains avec ses propres désirs
5
Sémantique : Fig. En parlant des choses inanimées, céder, plier. L'osier obéit. Ce bois obéit sans se rompre.
Tel qu'un ruisseau docile Obéit à la main qui détourne son cours
Cette pierre n'est point schisteuse ; elle obéit très bien au ciseau
de SAUSSURE dans Voy. Alpes, t. V, p. 154, dans POUGENS
Il se dit aussi des choses qui cèdent aux lois, aux forces naturelles. Les corps obéissent à la gravitation.
C'est ainsi qu'obéissant aux deux forces combinées, ce corps descendra comme il est monté, c'est-à-dire de diagonale en diagonale, jusqu'au point le plus bas
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Art de rais. III, 1
Ce levier obéissant à des contre-poids suspendus extérieurement au bras opposé
de GIRARD dans Instit. Mém. scienc. t. VII, p. 423
Sémantique : Terme de marine. Obéir à la barre, au gouvernail, céder à l'effort que fait le gouvernail pour changer la direction de la route.
6
Se dit, à plusieurs jeux de cartes, de l'action de celui qui fournit la couleur demandée.
7
Obéir est un verbe neutre dont, par exception, le participe passé se prend au sens passif.
À quoi la force doit-elle servir qu'à défendre la raison ? et pourquoi commandent les hommes si ce n'est pour faire que Dieu soit obéi ?
Il y a des hommes qui doivent être obéis par d'autres hommes et servis par d'autres hommes
de Louis BOURDALOUE dans Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 236
Il est dangereux de l'habituer [Louis XV enfant] à obéir aveuglément : car ou il serait gouverné, ou il voudrait être obéi de même
Quand vous commanderez, vous serez obéi
Lorsque vous aviez cette passion furieuse, votre volonté n'était plus obéie par vos sens
La nature a fait les enfants pour être aimés et secourus ; mais les a-t-elle faits pour être obéis et craints ?

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ço que reis volt [veut] est leis, ço dient li alquant ; As terriens seignurs sunt tuit obeisant
dans Th. le mart. 38
Clerc ne deivent, fait-il, à voz leiz obeir
dans ib. 27
2
XIIIe s.
Cil a le cuer et felon et salvage, Ki vers amours ne se veut obeir
dans Ms. de poés. franç. avant 1300, t. III, p. 1196, dans LACURNE
Et que en quelque lieu ou joustice que il se transporteront dedans la vicomté de Paris, oiberront aus mestres du mestier de Paris
dans Liv. des mét. 365
Il doivent obeir à le [la] requeste de lor sougès
de Philippe de BEAUMANOIR dans X, 1
3
XIVe s.
Lesquels [ligaments de la tête et du col] se ilz fussent fors, ilz n'obeisissent pas legierement à mouvement
de LANFRANC dans f° 28
Ce sang [épanché sur la dure-mère dans les plaies de tête] n'est pas englué en la substance de la mere si comme en appostumes ; pour quoy il obeit plus à l'expulsion de nature, et mieulx obeit à l'atraction de medecine
de LANFRANC dans f° 26
Il n'est nul si meschant mary qui ne veuille estre obei de sa femme
dans Ménagier, I, 6
Icellui Thibaut respondi que il obeissoit [s'engageait] à paier le dit Chiviere, s'il lui estoit en aucune chose tenuz
4
XVIe s.
Comme un feutre ou balle de laine, qui obeit doucement aux choses qui l'attouchent
de Ambroise PARÉ dans I, 10
Je suis fol, ma raison n'obeyt plus au frein
de Pierre de RONSARD dans 239

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. oboïtre ; provenç. obedir, obezir ; catal. obeir ; ital. ubbidire ; du lat. obedire ; l'orthographe archaïque en est oboedire, de ob, et audire, écouter ; oe se rattache à l'u de audire, comme dans moenia et munire, poena et punire.

Synonymes de OBÉIR

Termes proches de OBÉIR