Définition de N??CROSE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-pson

DÉFINITIONS

1
Au sens actif, action de soupçonner. Un coeur exempt de soupçon.
Le soupçon, ce monstre sans pitié, Loge bientôt la haine où logeait l'amitié
Ne m'assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d'un soupçon outrageux
Ce n'est pas d'aujourd'hui, Nicole, que j'ai conçu des soupçons de mon mari
Quelle cause fit arrêter les princes [Condé et Conti] ? si ce fut ou des soupçons, ou des vérités, ou de vaines terreurs, qui le pourra dire à la postérité ?
Il n'est rien où d'abord son soupçon attaché Ne présume du crime et ne trouve un péché
Le soupçon d'un crime est, chez le vulgaire, la première explication qui se présente pour suppléer à l'ignorance des causes naturelles
Les soupçons, dans le monde, valent des certitudes
Le comte : Mais ce médecin peut prendre un soupçon. - Figaro : Il faut marcher si vite que le soupçon n'ait pas le temps de naître
De mon amour peignez, s'il est possible, L'ardeur, l'ivresse, et même les soupçons
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Bonne vieille.
Sans risque ni soupçon, sans risque ni soupçon de fraude.
Mais un [avis] qui tous les ans, à si peu qu'on le monte, En peut donner au roi quatre cents [millions] de bon compte, Avec facilité, sans risque ni soupçon
2
Au sens passif, état d'une personne soupçonnée. Une conduite exempte de soupçon.
De nos faux monnoyeurs l'insupportable audace Pullule en cet État d'une telle façon, Qu'on ne reçoit plus rien qui soit hors de soupçon
Il n'y a pas le moindre soupçon d'erreur dans ceux que vous en avez accusés
Le courage du chevalier de Lorraine est hors de tout soupçon
Je parle à des âmes pures et sincères qui ont horreur du soupçon même de la vanité et du mensonge
Ceux qui ont écrit leurs propres actions sont tombés ordinairement dans le soupçon ou de les avoir relevées par orgueil, ou d'en avoir diminué la gloire par modestie
de Esprit FLÉCHIER dans Vie de Commendon, préf.
Les jésuites restent sous le soupçon d'avoir dirigé sa main [de Ravaillac]
3
Simple conjecture, simple opinion. Ce n'est pas une certitude, c'est un soupçon.
Pour moi je n'en ai qu'un léger soupçon
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 86
Mme la duchesse de Berri est en soupçon de grossesse
Il y a des soupçons sur une grossesse [de la reine d'Espagne]
de Mme DE VILL. dans Lett. 27 déc. 1679
Moi : J'ai peur que vous ne deveniez jamais riche. - Lui : Moi, j'en ai le soupçon
4
Apparence légère. Il y a quelque soupçon de petite vérole dans ce canton.
Cela ne vous offense point ; il ne tombe entre lui [votre père] et vous aucun soupçon de ressemblance
De ce pouvoir prétendu du peuple et de cette souveraineté qu'on veut lui attribuer naturellement, il n'y en a aucun acte ni aucun vestige, et pas même le moindre soupçon dans toute l'histoire sainte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert. 43
Certaines vues d'honneur qui lui faisaient craindre [à M. de Montausier] jusqu'aux moindres soupçons de changement et d'inconstance.... étaient autant d'engagements qui le liaient à sa communion
J'ai eu, il y a quelque temps, un petit soupçon d'apoplexie
Un malade ou un médecin du bel air se sera avisé de dire qu'il a eu un soupçon de fièvre, pour signifier qu'il a eu une légère atteinte ; voilà bientôt toute la nation qui a des soupçons de haine, d'amour, de ridicule
5
Sémantique : Familièrement. Quantité si minime qu'on se demande si elle existe. Donnez-moi un soupçon de cette liqueur.
Un excès d'aigreur ou d'amertume, dans les liqueurs, nous les rend odieuses ; une pointe, ou ce qu'on appelle un soupçon de l'une ou de l'autre, pique, éveille et flatte le goût
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuvr. t. XVIII, p. 223
Rien que de l'eau chaude avec un soupçon de thé et un nuage de lait
de Alfred DE MUSSET dans Un caprice, 6

SYNONYME

1
SOUPÇON, SUSPICION. Soupçon est le terme vulgaire ; suspicion est un terme de palais. Le soupçon roule sur toutes sortes d'objets ; la suspicion tombe proprement sur les délits. Le soupçon fait qu'on est soupçonné ; la suspicion suppose qu'on est suspect.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Et cil qui plus les ament, sont plus en sopeçon
dans Sax. XXII
2
XIIIe s.
Et dist ces paroles pour çou [ce] que il savoit bien que li rois l'avoit en souspechon, por mauvaises paroles
dans Chron. de Rains, 147
.... Dont j'ai mauvese soupeçon
dans la Rose, 3548
Il se met en souspechon qu'il ne demande fausseté
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 31
3
XVe s.
Vous estes tous temps mal pensant, Et plain de faulse soupeçon
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 43
4
XVIe s.
Les senateurs entroient en soupeçon les uns des autres
de Jacques AMYOT dans Numa, 4
Ce mystere [de gens armés qui arrivaient les uns après les autres dans la maison de Montaigne] commenceoit à taster ma souspeçon
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 227
Tel en qui il ne pouvoit cheoir souspeçon aulcune de foiblesse
de Michel de MONTAIGNE dans I, 94

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. sospeisso ; it. sospezione ; du lat suspicionem, qui vient de suspicere, regarder, considérer, et de là soupçonner, de susum, en haut, et spicere, voir (voy. SPECTACLE) : soupeçon ou soupçon est la forme française ; il était correctement féminin ; suspicion a été refait sur le latin.

Synonymes de SOUPÇON

Termes proches de SOUPÇON

Phonétiquement proche de SOUPÇON