Définition de NÉCESSAIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : né-sè-sê-r'

DÉFINITIONS

1
Qui doit être pour que quelque chose soit ou se fasse. La respiration est nécessaire à la vie.
Voir naître en nous l'un pour l'autre cette inclination si nécessaire à composer une union parfaite
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Mal. im. II, 7
Les refus que l'intérêt de l'État rendait nécessaires
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Monseigneur [le frère de Louis XIV]..., en exposant au milieu des plus grands hasards de la guerre une vie aussi précieuse et aussi nécessaire que la vôtre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Vous me direz peut-être que, sous le nom de pain quotidien, vous lui demandez [à Dieu] les biens temporels qu'il a voulu être nécessaires pour soutenir cette vie mortelle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Nécessités de la vie
Votre présence, Abner, est ici nécessaire
de Jean RACINE dans Athal. II, 4
Les guerres doivent être justes ; ce n'est pas assez, il faut qu'elles soient nécessaires pour le bien public
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVII
Le superflu, chose très nécessaire, A réuni l'un et l'autre hémisphère
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans le Mondain.
Sémantique : Terme de botanique. Polygamie nécessaire, se dit, dans le système de Linné, des synanthérées dont les calathides offrent des fleurs mâles au disque et des fleurs femelles à la circonférence, ce qui rend la polygamie nécessaire pour la conservation de l'espèce.
Cela n'est pas nécessaire au salut, se dit ironiquement d'une chose qui n'a guère d'importance.
C'est un mal nécessaire, se dit de certaines choses qui ont de grands inconvénients, mais qui sont ou indispensables ou inévitables.
J'ai cru sa mort pour vous un malheur nécessaire
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 2
Les maux nécessaires que la guerre traîne après soi
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Il est nécessaire, avec de et l'infinitif, ou que et le subjonctif, signifie il faut.
Tant qu'il n'était point nécessaire de parler, la sage princesse gardait le silence
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Il est nécessaire de donner tout ensemble à un Dauphin les vertus d'un roi et celles d'un particulier
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Il n'est pas nécessaire de passer deux fois la ligne pour voir observer religieusement des lois et des coutumes déraisonnables
de Nicolas MALEBRANCHE dans Rech. vér. II, III, 2
Il est nécessaire, vu la prodigieuse distance des étoiles fixes, que, depuis Saturne jusqu'aux extrémités de notre tourbillon, il y ait un grand espace vide et sans planètes
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Mondes, 5e soir.
Il est nécessaire de, avec un substantif, il est besoin de (tournure usitée dans le XVIIe siècle et même le XVIIIe, et qui vieillit).
Pour joindre cette matière et cette substance immatérielle, il est nécessaire d'un lien
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. Arist. et Descartes.
Il n'était point nécessaire de préambule
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. 1732, édit. MUSSET-PATHAY.
Bientôt et sans qu'il fût nécessaire d'une longue observation
de Philippe de SÉGUR dans Mém. t. II, p. 227 (édit. in-8° en 3 vol.).
2
Il se dit aussi des personnes.
Mille affaires où vous et M. de Grignan êtes nécessaires
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 déc. 1673
Un ministre [Mazarin] persécuté, et devenu nécessaire non-seulement par l'importance de ses services, mais encore par ses malheurs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Tout ce qui suit ordinairement la faveur et la reconnaissance d'un roi juste et puissant, lorsqu'elles tombent sur un sujet capable, fidèle et nécessaire
de Esprit FLÉCHIER dans Mme d'Aiguillon.
Leur frugalité [des Phéniciens], leur habileté, leur industrie, leurs périls, leurs fatigues les rendaient nécessaires à toutes les nations du monde
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXI, 6
Richelieu, malade à Tarascon, avait perdu toute sa faveur, et ne conservait que l'avantage d'être nécessaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 176
Se rendre nécessaire, se dit de celui qui se rend si utile qu'on ne peut guère s'en passer.
Des hommes qui ont l'art de se rendre nécessaires
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XII
On dit dans le même sens : Cette personne m'est devenue nécessaire, m'est nécessaire.
Prince, plus que jamais vous m'êtes nécessaire
de Jean RACINE dans Bérén. III, 1
Faire le nécessaire, faire l'empressé, se mêler de tout.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S'introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 9
....Au diantre tout valet.... Qui fatigue son maître et ne fait que déplaire, à force de vouloir trancher du nécessaire !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans les Fâch. I, 1
Un nécessaire s'est dit pour un homme qui fait le nécessaire.
Le nécessaire : Messieurs, commencez donc
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Impromptu, sc. 6
3
Dans le langage de la philosophie, il se dit de ce dont la négation est impossible, de ce qui ne peut pas ne pas être, par opposition à ce qui est contingent.
Je sens que je peux n'avoir pas été.... donc je ne suis pas un être nécessaire
de Blaise PASCAL dans Pens. I, 11, éd. HAVET.
L'être nécessaire, Dieu.
Lois nécessaires, lois sans lesquelles l'univers ne saurait subsister.
Causes nécessaires, agents nécessaires, les causes, les agents qui, n'agissant pas librement, produisent infailliblement leur effet.
Effet nécessaire, effet qui suit infailliblement la cause destinée à le produire.
Vérité nécessaire, vérité qui ne peut pas ne pas être.
Les lois de l'équilibre et du mouvement, telles que l'observation les fait connaître, sont de vérité nécessaire
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Traité de dynam. Oeuvres, t. IV, p. 230, dans POUGENS.
4
Sémantique : Par extension de la signification précédente, il se dit de ce qui est considéré comme logiquement, naturellement lié à. Tirer une conséquence nécessaire. C'est la suite nécessaire de ce principe.
Le temps.... cette vapeur légère et volage, qui ne se forme qu'en se dissipant, et qui entraîne perpétuellement mon être avec elle d'une manière si étrange et si nécessaire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Yolande de Monterby.
Philippe le Bon, nouveau duc de Bourgogne, successeur de son père [Jean assassiné à Montereau], devint un ennemi nécessaire du Dauphin par devoir et par politique
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 79
5
S. m. sans pluriel. Ce qui est indispensable.
Ce nécessaire qu'il faut préférer au vraisemblable [dans une pièce de théâtre], ou, pour parler plus juste, qu'il faut ajouter au vraisemblable dans la liaison des actions et leur dépendance l'une de l'autre
de Pierre CORNEILLE dans 2e disc. tragéd.
La conférence n'alla pas au delà, pour mieux en conserver le secret dans le pur nécessaire au succès
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 268, 125
Faire le nécessaire, s'acquitter de ce qu'il y a de plus important, quand on ne peut pas faire le tout.
Sémantique : En termes de l'Écriture, l'affaire du salut est l'unique nécessaire.
C'est là [dans la virginité] qu'on ne vaque qu'à l'unique nécessaire, c'est là que l'on n'a d'époux que Jésus tout seul
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermon pour une profession, Virginité 3
6
Tout ce qui est essentiel pour les besoins de la vie. Le strict nécessaire.
Il n'est pas bon d'être trop libre ; il n'est pas bon d'avoir tout le nécessaire
de Blaise PASCAL dans Pens. XXV, 72, éd. HAVET.
Il prendra pour payer sur son nécessaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 606
Nous serions tous assez riches, si nous ne voulions que le nécessaire
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de Caylus, t. VI, p. 107, dans POUGENS
Si je compare.... les grands avec le peuple, ce dernier me paraît content du nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
Les besoins du clerc sont-ils les mêmes que ceux du pontife ? la règle du nécessaire ne souffre-t-elle pas autant de différences, qu'il y a de rangs dans l'Église et de conditions dans l'État ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Us. des revenus ecclés.
La veuve de Henri le Grand, la mère d'un roi de France, la belle-mère de trois souverains, manqua quelquefois du nécessaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 176
J'entends par le nécessaire la dépense qu'on est obligé de faire pour vivre comme l'on a toujours vécu
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Homme, Arithm. morale.
Les sujets ne sont assurés du nécessaire que lorsque les princes s'interdisent le superflu
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. V, p. 52
Comment fixer les limites du nécessaire ?
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. V, 33
Réduit au plus étroit nécessaire
de MORELLET dans Mém. t. I, p. 250, dans POUGENS
7
Le nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas exister.
La métaphysique définit le nécessaire ce qui est et qui ne peut pas ne point être ; ce qu'elle rend en d'autres termes quand elle dit que le nécessaire est ce dont le contraire implique contradiction ou est impossible en soi
de Charles BONNET dans Paling. XVII, 2
8
S. m. avec un pluriel. Sorte de cassette ou d'étui qui renferme tout ce qui est indispensable à la toilette et que l'on porte en voyage avec soi. Des nécessaires de voyage.
Les objets contenus dans cet étui.
Petit coffret qui renferme les objets nécessaires pour travailler à l'aiguille. Des nécessaires en acajou.
Assortiment de tout ce qui convient pour faire, servir et prendre du café, du thé et du chocolat.
9
Nécessaire s'est dit, dans le langage des précieuses, au sens de serviteur.
Marotte : Voilà un laquais qui demande si vous êtes au logis, et dit que son maître vous veut venir voir. - Madelon : Apprenez, sotte, à vous énoncer moins vulgairement ; dites : Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d'être visibles
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 7

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Quant vous trovés Deux choses qui sont convenables, Necessaires et profitables, Cele qui est plus necessaire Vaut miex...
dans la Rose, 5515
2
XIVe s.
Cinq necessaires [chaises percées] enveloppées de cuir et couvertes de drap par dessus
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans necessaria.
Il est aucunes choses qui sont necessaires, et sont en tout temps et partout en une maniere, et de celles choses sont les sciences très certaines
de Nicolas ORESME dans Eth. 111
3
XVe s.
... Necessaire a ou jardin [il y a un privé au jardin], Où l'on pourra chascun matin Aler une fois par licence
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 411
Quel merite devroit avoir [l'homme sans libre arbitre] ? Certes nul, qu'il ne pourroit faire Fors que bien et par necessaire ; Ainsi maulx ne seroit pugnis, Ne bien ne seroit remeris
dans ib. f° 473
4
XVIe s.
La mort est l'object necessaire de nostre visée
de Michel de MONTAIGNE dans I. 72
Les choses necessaires aux enterrements
de Michel de MONTAIGNE dans I, 104

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. necessare ; provenç. necessari ; espag. necesario ; ital. necessario ; du lat. necessarius (voy. NÉCESSITÉ).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
NÉCESSAIRE. - HIST. Ajoutez : XIIe s.
Et par signes lor demostrot, Que c'iert que plus devoient fere, Et qui plus lor iert necessaire
de Benoît de Sainte-Maure dans Roman de Troie, V. 14802

Synonymes de NÉCESSAIRE