Définition de NÉ, NÉE

DÉFINITIONS -

Prononciation : né, née

DÉFINITIONS

1
Qui est venu au monde. Les enfants nés en ce jour.
2
Bien né, né d'une famille honnête, honorable.
Né ce que..., qui est d'une certaine extraction.
Étant né ce qu'il est, souffrir un tel outrage !
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 3
Je ne puis jeter l'oeil sur ce que je suis née, Sans voir que de périls suivront cet hyménée
de Pierre CORNEILLE dans Tite et Bér. IV, 1
3
Né à, né pour, qui a des dispositions innées pour.
Tout de bon, il semble qu'elle ait eu celui [l'esprit] de tout le monde, à voir comme elle est née à toute chose
de Vincent VOITURE dans Lett. 30
Les esprits nés à la tyrannie
de François de MALHERBE dans II, 1
Sol génie né pour l'action
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Je suis née pour mourir des maux d'autrui
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de Caylus, 30 août 1716
Esprit né pour la cour, et maître en l'art de plaire, Guilleragues, qui sais et parler et te taire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. V
Peuple lâche en effet et né pour l'esclavage
de Jean RACINE dans Ath. III, 7
Néron, s'ils en sont crus, n'est point né pour l'empire
de Jean RACINE dans Brit. IV, 1
Les hommes, nés pour vivre ensemble, sont nés aussi pour se plaire
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. IV, 2
Tandis qu'elle [la ville de Lille] fut assiégée par le duc de Marlborough, on y joua la comédie tous les jours, et les comédiens y gagnaient cent mille francs ; avouez, sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. roi de Prusse, 16 nov. 1743
Il [Charles XII] croyait que tous ses sujets n'étaient nés que pour le suivre à la guerre, et il les avait accoutumés à le croire aussi
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 8
Sémantique : Fig.
Tu sais bien que mon style est né pour la satire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. VIII
4
Qui tient de sa naissance certaine qualité, dignité, fonction.
Vous êtes né ce que nous tâchons de devenir
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Liv. IV, lett. 31
Né ministre du Dieu qu'en ce temple on adore
de Jean RACINE dans Ath. III, 3
Nés juges de l'État, nés les vengeurs du crime, C'est souffrir trop longtemps la main qui nous opprime
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans M. de Cés. II, 4
Né dépourvu, dans la foule jeté
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans le Pauvre diable.
Il [Carle Vanloo] ne savait ni lire ni écrire ; il était né peintre, comme on naît apôtre
de Denis DIDEROT dans Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 40, dans POUGENS
Mais pour lui rien n'émeut son âme appesantie ; N'en soyez pas surpris, il est né fatigué
de Jacques DELILLE dans Convers. II
Né dans.... né sur.... se dit pour exprimer qu'on possède en naissant telle ou telle chose.
Un homme né dans les richesses
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Cette princesse, née sur le trône, avait l'esprit et le coeur plus haut que sa naissance
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
5
Bien né, mal né, qui a apporté en naissant de bonnes, de mauvaises dispositions...
Aux âmes bien nées La valeur n'attend pas le nombre des années
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 2
Ce prince est trop bien né pour vivre mon sujet
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 3
Cette digne vertu de l'âme la mieux née
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. V, 2
Qu'ils laissent ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables
de Blaise PASCAL dans Pens. IX, 1, éd. HAVET.
Jamais un homme n'a été mieux né [que le chevalier de Grignan], ni avec des sentiments plus droits et plus souhaitables
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 févr. 1672
À tous les coeurs bien nés que la patrie est chère !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. III, 1
Il choisit Azora, la plus sage et la mieux née de la ville
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zadig, 1
Sémantique : Fig.
Sans ce terrible nom mal né pour les oreilles
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. IV
6
Sémantique : Fig. Produit, en parlant des choses.
Née [la comédie] vers la cinquantième olympiade, dans les bourgs de l'Attique, assortie aux moeurs grossières des habitants de la campagne, elle n'osait approcher de la capitale
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 69
Né de, produit par, issu de.
Goûtez des jours sereins, nés du sein des orages
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, I, 1
Un feu né d'un instant qu'un autre instant détruit
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. I, 2
7
Né se joint par un trait d'union à quelques adjectifs pour signifier que la qualité exprimée est de naissance. Aveugle-né.
Mort-né, mort-née, mort avant que de naître. Enfant mort-né. Une fille mort-née.
Fig. en parlant des ouvrages d'esprit, des lois, etc. qui n'ont aucun succès, aucune efficacité. Une tragédie mort-née.
Louis XIV fut poussé à remettre en vigueur l'édit mort-né de Henri IV [sur les bâtards]
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 263, 12
Nature : Au plur. Des mort-nés, suivant l'Académie. Laveaux veut qu'on écrive morts-nés, disant qu'il s'agit d'enfants nés morts ; mais, comme l'usage a prévalu de dire au féminin mort-née, il faut considérer ici mort comme un préfixe invariable
Nouveau-né, ée, qui est né depuis peu de temps, qui vient de naître (dans cette locution, nouveau est adverbe et invariable). Un enfant nouveau-né. Une fille nouveau-née.
Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m'advint
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Le tailleur et la fée.
Sémantique : Fig. En parlant des choses qui viennent de naître.
Philaminte : à notre impatience offrez votre épigramme. - Trissotin : Hélas ! c'est un enfant tout nouveau-né, madame
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. III, 1
Dès le temps nouveau-né, quand la Toute-Puissance D'un mot forma le ciel, l'air, la terre et les lots
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. XI
Où Cologne et Strasbourg, Notre-Dame et Saint-Pierre, S'agenouillant au loin dans leurs robes de pierre, Sur l'orgue universel des peuples prosternés Entonnaient l'hosanna des siècles nouveau-nés
de Alfred DE MUSSET dans Rolla.
Nature : S. m. Un nouveau-né.
Enfin l'ange de mort fond sur les nouveau-nés ; Tous dans la même nuit meurent exterminés
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, XI
Nature : Au plur. Des nouveau-nés. Des enfants nouveau-nés.
Premier-né (ici premier et adjectif et s'accorde ; mais dans l'usage il n'y a point de féminin, et l'on ne trouve ni ne dit une première-née), le premier enfant mâle. Les enfants premiers-nés.
Nature : S. m. Un premier-né. J'ai perdu mon premier-né.
Sur le milieu de la nuit, le Seigneur frappa tous les premiers-nés de l'Égypte
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Exode, XII, 29
Il se dit aussi, en parlant des animaux. Les premiers-nés des animaux étaient offerts à Dieu.
Sémantique : Fig.
Dans le royaume de Jésus-Christ la prééminence appartient aux pauvres, qui sont les premiers-nés de l'Église et ses véritables enfants
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Septuag. préambule.
Dernier-né, enfant mâle né le dernier de tous.
Dernier-né des enfants du triste Ochosias, Nourri, vous le savez, sous le nom de Joas
de Jean RACINE dans Ath. IV, 3
Nature : S. m. Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né.
Nature : Au plur. Derniers-nés.
8
Né se joint par un trait d'union à certains noms qu'il qualifie, pour exprimer que la qualification dont il s'agit est attachée comme par droit de naissance. Légat-né. Président-né.
Les princes du sang, magistrats-nés dans cette affaire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. X
Il [Romulus] fut reconnu en même temps pour le chef de la religion, le souverain magistrat de la ville, et le général-né de l'État
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. I, 18
Les rois sont les juges-nés de leurs peuples
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Pologne, VIII
Sémantique : Fig. Il se dit de tout ce que l'on compare à une condition de naissance.
Dès que l'impression fait éclore un poëte, Il est esclave-né de quiconque l'achète
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Les veuves et les orphelins étaient les clients-nés de l'évêque
de NAUDET dans Instit. Mém. inscr. et belles-lettres, t. VIII, p. 547
Il est l'ennemi-né de..., c'est-à-dire il a une tendance naturelle à combattre....
Il est le protecteur-né des sciences et des arts, signifie qu'en toute occasion il les protége, ou que, par sa position, il a le devoir de les protéger.
Le trait d'union ne se met pas quand né est séparé de son nom par quelque mot interposé.
L'archevêque de Paris et l'abbé de Cluny étaient conseillers d'honneur nés du parlement de Paris
dans Dict. de l'Acad.

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