Définition de MÉPRIS
Prononciation : mé-prî ; l's se lie : un mé-pri-z insultant
DÉFINITIONS
1
Prix inférieur à la valeur réelle.C'est le cours du marché des affaires humaines, Qu'encore qu'un chacun vaille ici-bas son prix, Le plus cher toutefois est souvent à mépris
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XI
Vieilli en ce sens.
2
Sémantique : Fig. Sentiment par lequel on ne tient pas en prix, absence d'estime, de considération pour une personne ou une chose.Quelque raison qu'on ait, on est dans le mépris, Lorsque l'on abandonne un parti qu'on a pris
Je vois par raison et par expérience que rien n'est plus propre [que les arguments tirés de l'ordre de la nature en faveur de la religion] à leur [aux incrédules] en faire naître le mépris
Quelle erreur à une chrétienne, et encore à une chrétienne pénitente, d'orner ce qui n'est digne que de son mépris !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Qui vit jamais paraître en cette princesse le moindre sentiment d'orgueil ou le moindre air de mépris ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Vous vous taisez, madame, et ce cruel mépris N'a pas du moindre trouble agité vos esprits
de Jean RACINE dans Androm. IV, 2
L'horreur et le mépris que cette offre m'inspire
de Jean RACINE dans Bajaz. V, 4
Le mépris est un sentiment froid qui ne pousse à aucun procédé violent
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. I, 67
.... Ce loyal mépris Que tout mauvais auteur inspire aux bons esprits
de Nicolas GILBERT dans Mon apologie.
Ce mépris froid et tranquille que doit inspirer la folie unie à la perversité
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. III, p. 174, dans POUGENS
Il [Napoléon] haussa les épaules [en apprenant que Moscou était déserte], et, avec cet air de mépris dont il accablait tout ce qui contrariait son désir, il s'écria : ah ! les Russes ne savent pas encore l'effet que produira sur eux la prise de leur capitale
Mon inconnu soupira ; un sourire de regret et de mépris vint effleurer ses lèvres
de SCRIBE dans le Prix de la vie, dans les Hist. et prov.
Être à mépris, inspirer un sentiment de mépris.
Et toi, pour te montrer que tu m'es à mépris....
Mettre à mépris, avoir à mépris, dédaigner.
Mais l'Éternel mettra leur audace à mépris, Et d'un si vain complot ils n'auront que la honte De l'avoir entrepris
de RACAN dans 2e psaume.
De l'aller voir Amour n'eut à mépris
de Jean de LA FONTAINE dans Cuvier.
Faire mépris, traiter avec mépris.
Elle craint toutefois L'ordinaire mépris que Rome fait des rois
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 3
Je n'ignore non plus que votre âme plus saine.... Rejette les conseils, en dédaigne le prix, Et fait de ces grandeurs un généreux mépris
de Pierre CORNEILLE dans Théod. II, 4
Vous pouvez aisément connaître le mépris qu'ils [les chrétiens] font des richesses
Tomber dans le mépris, tomber dans un état où on est méprisé.
Et fille qui vieillit tombe dans le mépris
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. II, 2
Joas tombé dans le mépris
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 6
De mépris, avec mépris.
Le trône, qu'à vos yeux j'ai traité de mépris
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, IV, 4
Et traitant de mépris les sens et la matière
Le mépris de soi-même, le sentiment qui fait qu'on n'a pas d'estime pour soi-même.
Ce sont deux sortes d'amours.... l'un est l'amour de soi-même poussé jusqu'au mépris de Dieu.... l'autre c'est l'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi-même
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Ce n'est pas la mort que je crains, mais la honte d'en être digne, et le mépris de moi-même
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 24
3
L'objet même du mépris.Que ta religion, que fonda l'imposture, Soit l'éternel mépris de la race future
4
Le sentiment par lequel on s'élève au-dessus des attachements ordinaires du coeur humain. Le mépris de la mort, des richesses.Ce mépris du malheur, si grand s'il avait coûté plus d'efforts, si héroïque s'il ne venait pas de la même source qui rend incapable des affections profondes
5
Nature : Au plur. Il se dit de paroles ou actes de mépris.J'ai souffert sous leur joug cent mépris différents
On dit des injures, des mépris, des rudesses, des cruautés, des querelles, des plaintes, des rages
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 oct. 1679
Je reconnais toujours vos injustes mépris
de Jean RACINE dans Mithr. III, 5
Pouvez-vous d'un superbe oublier les mépris ?
de Jean RACINE dans Phèd. III, 1
6
Au mépris de, loc. prépos. Sans avoir égard à.Au mépris de ta foi, tu veux détruire un homme Qui veut mourir pour elle [Carthage], ou triompher de Rome
de Jean de MAIRET dans Mort d'Asdrub. IV, 4
Au mépris du bon sens, le burlesque effronté Trompa les yeux d'abord....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Il [Henri III] éprouva à ses dépens ce que c'est que commander sans pouvoir ; Guise, au mépris de ses ordres, vint à Paris
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ess. guerr. civ. France.
En mépris de, loc. prépos. Par un sentiment de mépris pour. En mépris du devoir.
PROVERBES
1
La familiarité engendre le mépris.2
Il n'y a point de dette sitôt payée que le mépris.HISTORIQUE
1
XVIe s.Les Atheniens en conceurent une grande confiance d'eulx mesmes, et un grand mespris de leurs ennemis
de Jacques AMYOT dans Lysand. 17
Au mespris de leur chef
de Michel de MONTAIGNE dans I, 4
Le mespris de la mort
de Michel de MONTAIGNE dans I, 70
Le mespris de la vie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 83
Avoir une chose à mespris
de Michel de MONTAIGNE dans III, 75
ÉTYMOLOGIE
1
Substantif abstrait formé de mépriser (voy. ce mot). Mépris ne se trouve pas dans l'ancienne langue. Provenç. menespretz ; catal. menyspreu ; espagn. menosprecio ; portug. menospreço. Mesprisement a été dit quelquefois dans le XVIe siècle : Povreté, ignominie, mesprisement, affliction CALV. Instit. 127.Synonymes de MÉPRIS
- ARROGANCE
- DÉCONSIDÉRATION
- DÉDAIN
- EFFRONTERIE
- FIERTE
- GROSSIÈRETÉ
- IMPERTINENCE
- INDIFFÉRENCE
- INJURE
- INSOLENCE
- INSTITUT
- INSULTE
- MÉCONNAISSANCE
- MÉSESTIME
- MORGUE
- OFFENSE
- ORGUEIL
- SUFFISANCE
- SUPÉRIORITÉ