Définition de LIB?RALEMENT

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : li-r'

DÉFINITIONS

1
Connaître les lettres et savoir les assembler en mots. Cet enfant commence à lire des phrases. Une écriture malaisée à lire.
Suivant l'opinion commune, moins les yeux ont de la peine à lire un ouvrage, plus l'esprit a de liberté à en juger
Nature : Absolument. Cet enfant apprend à lire. Il ne sait ni lire ni écrire. Cet enfant lisait à quatre ans.
On donnera le livre à un homme qui ne sait pas lire, et on lui dira : lisez, et il répondra : je ne sais pas lire
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Isaïe, XIX, 12
Son visage était triste et beau ; à la lueur de mon flambeau, Dans mon livre ouvert il vint lire
de Alfred DE MUSSET dans Poés. nouv. Nuit de décembre.
Sémantique : Par exagération. Ne pas savoir lire, être fort ignorant.
Nous recevons aujourd'hui [à l'Académie française] l'évêque de Limoges qui ne sait pas lire, et Batteux qui ne sait pas écrire, mais en revanche nous avons un directeur qui sait lire et écrire, qui s'en pique du moins
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Volt. 9 avr. 1761
Lisez, se met dans les errata pour indiquer ce qu'il faut lire en place de ce qui est fautif.
Cet homme faisait imprimer un petit code de persécution, intitulé : l'Accord de la religion et de l'humanité ; c'est une faute de l'imprimeur ; lisez de l'inhumanité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et législ. De la tolérance, Post-scriptum.
Sémantique : Terme de typographie. Lire sur le plomb, lire, sur l'oeil d'un caractère, le contenu d'une page, ou seulement d'une ligne.
2
Prononcer à haute voix ce qui est écrit ou imprimé. Lire haut, tout haut.
Il m'a fallu lire ma pièce chez madame la marquise
Asseyez-vous donc, monsieur Lysidas ; nous lirons votre pièce après souper
Nature : Absolument. Il lit bien. Il lit mal. Il ne lit pas distinctement.
3
Prendre connaissance du contenu d'un écrit, d'un livre.
Elle [l'Église] voyait tout l'empire conjuré contre elle ; elle lisait à tous les poteaux et à toutes les places publiques les sentences épouvantables que l'on prononçait contre ses enfants
Il avait lu cent treize fois le Nouveau Testament de Jésus-Christ avec application et avec respect
Lisez, lisez l'arrêt détestable, cruel...
Sans cesse il faut armer contre leur souvenir Un inflexible vers que lira l'avenir
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Ép. à Volt.
Nature : Absolument. Lire avec application.
Dedans l'oisiveté jamais enseveli, Toujours confère, prie, écris, médite, li
Qu'on est heureux d'aimer à lire !
On songe plus à lire beaucoup qu'à lire utilement
On lit très peu ; et, parmi ceux qui veulent quelquefois s'instruire, la plupart lisent très mal
Lire que, trouver dans un écrit, dans un livre que...
Nous ne lisons point que ses parents [de Jésus] aient jamais eu de domestiques, semblables aux pauvres gens dont les enfants sont les serviteurs
Lire des doigts, parcourir rapidement un livre en le feuilletant.
Voici ce que M. Basnage le ministre m'a dit à Rotterdam en 1707, que M. Bayle lisait beaucoup des doigts, c'est-à-dire qu'il parcourait beaucoup plus qu'il ne lisait, et qu'il tombait toujours sur l'endroit essentiel et curieux du livre
de D'ARTIGNY dans Nouv. mém. t. I, p. 319
On dit dans le même sens : lire des yeux.
Sémantique : Fig. C'est un ouvrage qu'on ne peut lire, se dit d'un ouvrage ennuyeux, ou mal écrit, ou licencieux.
Sémantique : Familièrement. Ce livre, cet ouvrage se laisse lire, on le lit sans fatigue, sans ennui.
Elle [une histoire] se laisse lire en perfection
4
Lire la musique, connaître, en parcourant des yeux une musique notée, les sons que les notes figurent, et les modifications que ces sons doivent recevoir. Il lit facilement la musique. Il lit à livre ouvert.
Lire la musique, signifie aussi l'exécuter à livre ouvert. Lire beaucoup de musique, l'exécuter sans étude.
5
Expliquer. Un régent qui lit Virgile à ses écoliers.
Depuis qu'Albert le Grand et saint Thomas principalement se furent donné la peine d'expliquer autant qu'il leur fut possible tous les mystères de notre religion avec les termes de la philosophie péripatétique, nous voyons qu'elle s'est tellement établie partout, qu'on n'en lit plus d'autres par toutes les universités chrétiennes
de LAMOTHE LEVAYER dans Vertu des païens, II, Aristote.
On dit dans ce sens à un écolier : Quel auteur vous lit-on dans votre classe ?
6
Comprendre ce qui est écrit ou imprimé dans une langue étrangère. Il ne parle pas l'allemand, mais il le lit couramment.
7
Lire se dit quelquefois pour suivre une certaine leçon dans un texte qui en a plusieurs.
Philoponus, là où il déclare qu'il rapporte les propres termes de Phlégon, lit d'une seconde façon, Maxime d'une troisième, et Madela d'une quatrième, en sorte qu'il s'en faut de beaucoup qu'ils rapportent le passage de la même manière
8
Sémantique : Fig. Reconnaître, discerner quelque chose par une espèce de travail que l'on compare à la lecture.
Ces tristes vêtements où je lis mon malheur
Il lit au front de ceux qu'un vain luxe environne, Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne
de Jean de LA FONTAINE dans Phil. et Baucis.
Le pécheur s'éloigne de Dieu, et il n'y a page dans son Écriture en laquelle il ne lui reproche son éloignement ; mais, sans le lire dans l'Écriture, nous pouvons le lire dans nos consciences
Soit que je n'ose encor démentir le pouvoir De ces yeux où j'ai lu si longtemps mon devoir
Dans le secret des coeurs, Osmin, n'as tu rien lu ?
Je lis dans vos regards la douleur qui vous presse
Lire en un songe obscur les volontés des cieux
On lit dans ses regards sa fureur et sa rage
de Jean RACINE dans ib. III, 3
Ah ! dans ses yeux confus je lis ses perfidies
de Jean RACINE dans ib. 6
Il n'appartient qu'à elles [aux femmes] de faire lire dans un mot tout un sentiment
Je lis dans l'avenir un sort épouvantable
Lire sur.
On lit dessus leur front l'allégresse de l'âme
D'où vient ce noir chagrin qu'on lit sur son visage ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épigr. XXXIV
Il se déguise en vain, je lis sur son visage Des fiers Domitius l'humeur triste et sauvage
Sur ce visage austère, où régnait la tristesse, Henri lut aisément sa honte et sa faiblesse
Nature : Absolument.
Pensez-vous avoir lu jusqu'au fond de son âme ?
Elle a lu dans mon coeur, vous savez le surplus
de Pierre CORNEILLE dans ib. v, 3
Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ?
Vous lisez de trop loin dans les secrets des cieux
....Vous m'avez vue attachée à vous nuire ; Dans le fond de mon coeur vous ne pouviez pas lire
Il a lu dans le coeur de tous les hommes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Évid.
Berger, sur cet azur tranquille De lire on te croit le secret
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Étoiles qui filent.
9
Expliquer les motifs des dessins aux ouvriers qui doivent les exécuter dans une fabrique de tissus ouvrés ou imprimés.
10
Se lire, Nature : v. réfl. Être lu.
Il est certain que plusieurs des vers attribués à la sibylle dans l'exhortation qui se trouve parmi les oeuvres de saint Justin ne se lisent point dans notre recueil
Je n'entretiendrai pas Votre Majesté de toutes les sottises qui se font, et qui se disent, et qui se lisent ou ne se lisent pas, dans le séjour que j'habite
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Prusse, 9 oct. 1778
Nature : Impersonnellement.
Il se lit que..., on lit que.... Il ne se lit point que jamais un tableau tout entier ait été produit de cette sorte
Sémantique : Fig.
Sur mes yeux égarés ma tristesse se lit
Pour moi, j'aime les gens dont l'âme se peut lire

REMARQUE

1
1. Il faut dire : lis-je ? et non lisé-je, qui est un grossier barbarisme.
2
2. À l'impératif Corneille a dit li, par un archaïsme reçu en poésie.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Veez en ci la chartre, comandez qu'on la lise
dans Sax. XXIII
Il prist un livre, si i lit sans faillance
dans Ronsciv. p. 165
Jamais par moi n'ert leüs vers ne lais
dans Couci, XXII
2
XIIIe s.
Bele Doette, as fenestres seant, Lit en un livre, mais au cuer [coeur] ne l'entent
dans Romanc. p. 46
Quant l'evangile fu liz, Blanchandin, ms. de St-Germain, f° 192, dans LACURNE. Cil sains preudom la lettre lut ; Li lires mult li abelut [plut]
de RUTEBEUF dans II, 155
La lettre fu liute
dans Chr. de Rains, 133
3
XIVe s.
Le sauf conduit a pris, si le fait recorder ; Car lire ne savoit, n'escripre, ne compter
dans Guesclin. 1610
Plus avoir ne pouvons de leur fait [des anciens] que le lire ; En lisant les veons ; nuls homs n'en puet [peut] plus dire ; Lires est noble chouse....
dans Girard de Ross. Prologue
4
XVe s.
Depuis on legy tous ses forfaits pour lesquels il recevoit mort
Jean Fernando.... apporta lettres au chanoine de Robertsart ; le chanoine les lisit
5
XVIe s.
Arreste-toi, lisant, Ci-dessous est gisant.... Ce renommé Langeay
de Clément MAROT dans III, 263
Si bien qu'il lisoit aux quatre langues [français, latin, grec, hébreu] à six ans
Lisant dans les yeux
de Michel de MONTAIGNE dans I, 4
Pour luy lire sa grace
de Michel de MONTAIGNE dans I, 91
Autant vaut celui qui chasse et rien ne prend, comme celuy qui lit et rien n'entend
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, lére, choisir ; provenç. legir, ligir ; catal. llegir ; espagn. leer ; portug. ler ; ital. leggere ; du lat. legere, proprement recueillir, puis lire ; le verbe grec se traduit par recueillir et dire. Le participe liz vient de lectus ; le participe leüs ou lu suppose un verbe leir, irrégulièrement formé.

Synonymes de LIRE

Phonétiquement proche de LIRE