Définition de LAID, AIDE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lè, lè-d' ; le d se lie dans les cas rares où cet adjectif précède son substantif : un lè-t animal ;

DÉFINITIONS

1
Qui déplaît à la vue, pour quelque défectuosité dans la forme ou la couleur, en parlant du corps et de ses parties. Un visage laid. Elle a les mains laides, la gorge laide. Elle est laide à faire peur. Il est laid comme une chenille.
M. Arnauld [le célèbre Arnauld] est un petit homme noir et laid, né à Paris, fils d'un savant avocat qui a autrefois plaidé vigoureusement contre les jésuites
On ne saurait dire si Ésope eut sujet de remercier la nature, ou bien de se plaindre d'elle ; car, en le douant d'un très bel esprit, elle le fit naître difforme et laid de visage
de Jean de LA FONTAINE dans Vie d'Ésope.
Mlle d'Arpajon est fiancée aujourd'hui à Versailles avec M. le comte de Rouci ; on veut qu'il ait dit à Mlle d'Arpajon : Mademoiselle, encore que vous soyez laide, je ne laisserai pas de vous bien aimer
Guilleragues disait hier que Pellisson abusait de la permission qu'ont les hommes d'être laids
Ne trouvez-vous pas qu'elle ressemble à Javotte (c'était une fille qui la servait, et qui en effet me ressemblait, mais en laid) ?
Et si c'était un monstre ? - Oh ! tais-toi ; tu m'excèdes ; Les personnes d'esprit sont-elles jamais laides ?
J'ai souvent remarqué que, dans les villages où la pauvreté est moins grande que dans les autres villages voisins, les hommes y sont aussi mieux faits et les visages moins laids
Quoiqu'il [Cratès] fût laid de visage et bossu, il inspira la passion la plus violente à Hipparchia, soeur du philosophe Métrocle
Sémantique : Familièrement. Un laid magot, homme extrêmement laid ; une laide guenon, femme extrêmement laide.
Il se dit aussi des animaux. Un chien fort laid.
2
En général, désagréable à voir. Cette maison est laide. Le temps est bien laid aujourd'hui.
Ils me firent laide grimace
Un magister, s'empressant d'étouffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un coup dans l'oeil se fit apostropher, Dont il tomba faisant laide grimace
de J. B. ROUSSEAU dans Épigr. I, 25
3
Déshonnête, contraire à la bienséance, au devoir. Ce que vous dites là est bien laid. Il est bien laid à vous d'avoir manqué à votre promesse.
4
Nature : nm et f Celui qui est laid, celle qui est laide.
Fi ! le laid ! Mlle de Noailles, sans exception, la plus aimable laide du monde
Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
5
Nature : S. m. Ce qui est laid, par opposition au beau. Des artistes ont préconisé le laid.
Ce qu'il y a de laid en quelque chose.
Je vous ai dit le beau de l'aventure, mais voici le laid. Mais le premier [le début du plaidoyer], monsieur, c'est le beau. - C'est le laid

HISTORIQUE

1
XIe s.
La premiere [eschele, escadron] est des Canelius les laiz
dans Ch. de Rol. CCXXXV
2
XIIe s.
Signor, dit l'apostoles, moult est cist hontes [du masculin] lais
dans Sax. X
Il nous orent jugié à mort laide et vilaine
dans ib. XX
Prendre mari est chose à remenant ; N'est pas marchés qu'on laist quant [on] se repent ; Tenir l'esteut [il faut le tenir], soit lait ou avenant
dans Romanc. p. 73
Membrer [souvenir] vous doit que laide cruauté Fait qui ocist son lige home demaine
dans Couci, XI
Signor, seje vous di le voir [vrai], D'un affaire tous certains sui ; Ferés m'en vous lait [du mal] ne anui ?
dans Le lai d'Ignaurès
3
XIIIe s.
[Elle] Mout faisoit laide chere [figure] et mout ert [était] emplorée
dans Berte, XVI
Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere
dans ib. X
Si nous semble que des ores en avant nous averiesmes nul lait [honte] dou rendre le castiel
dans Chr. de Rains, 139
Quant aucuns est tenus en prison par lais dis ou por ce qu'il ne veut respondre en cort
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 25
Lede estoit et sale et foulée Cele ymage, et megre et chetive, Et aussi vert cum une cive
dans la Rose, V. 196
... il ne fu onques nulz lais amans Ne laide amie ; ensi en est li dis [le dit]
dans Poésies franç. Vatic. f° 169, dans LACURNE
4
XVIe s.
Disant qu'il trouvoit cela laid et mal seant à une personne d'honneur, que de tenser ses serviteurs, et quereller avec eulx pour son ventre
de Jacques AMYOT dans Caton, 44
Quant à sa personne, il n'estoit pas laid de son visage
de Jacques AMYOT dans Philop. 3
La couleur en est belle, ressemblant au velours orangé ; mais tant plus laide en est la senteur, puante, et qui pis est mal saine
de Olivier DE SERRES dans 572
Le cas sera tenu et reputé pour laid et vilain
dans Nouv. coust. gén. t. II, p. 13

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. laid, laig, lait, lag, lai ; ital. laido ; du germanique ; anglo-sax. ladh, odieux ; anc. haut allem. leid, désagréable ; suéd. led. Laid a donc signifié haïssable, avant de signifier vilain. Le latin laedere, à cause du sens, ne peut entrer en ligne de compte ; laesus n'aurait pu donner les sens que laid a dans l'historique, et que l'étymologie germanique justifie très bien.