Définition de IVRE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : i-vr'

DÉFINITIONS

1
Qui a l'esprit troublé par le vin ou une liqueur alcoolique. Il est ivre, il chancelle.
Toute la Bretagne était ivre ce jour-là
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 77
Il [Chapelle] jura que, pendant un mois entier, il ne se coucherait jamais sans être ivre, et sans avoir fait une chanson contre elle [Ninon de l'Enclos]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. sur Mlle de l'Enclos
L'exemple d'un grand prince impose et se fait suivre ; Quand Auguste buvait, la Pologne était ivre
dans Vers de Frédéric II
Ivre mort, tellement ivre qu'on semble mort.
Aussi voyons-nous d'abord Ixion faisant un somme Près de Tantale ivre mort
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Enfers.
Sémantique : Populairement. Ivre comme une soupe, très ivre ; locution qui vient de ce que la soupe, qui est proprement une tranche de pain, s'imbibe, s'enivre du bouillon.
Tantale est ivre comme une soupe
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Héros de romans.
Sémantique : Fig. Ivre de sang, ivre de carnage, qui s'est plu à répandre le sang, à commettre beaucoup de meurtres.
Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches, Ivres de notre sang, ferment les seules bouches....
de Jean RACINE dans Esth. I, 4
Toujours ivre de sang et toujours altéré
de Louis RACINE dans Rel. I
2
Sémantique : Fig. Qui a l'esprit troublé par une passion.
En cela toute contraire au pauvre M. Fouquet, qui était ivre de sa faveur, et qui a soutenu héroïquement sa disgrâce
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 348
Dès que cette reine, ivre d'un fol orgueil, De la porte du temple aura passé le seuil
de Jean RACINE dans Athal. V, 3
Ce peuple ivre de joie, et volant après lui, Le nomme son héros, sa gloire, son appui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. V, 4
Cassandre, ivre d'amour, de douleur et de rage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olymp. IV, 1
Saint-Simon, ivre jusqu'à la manie de son titre de duc et pair, prétendait que l'assemblée des princes du sang, des pairs, des ducs héréditaires et des officiers de la couronne, représenterait parfaitement les parlements de la première, de la seconde et du commencement de la troisième race
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Règne de Louis XIV, Oeuv. t. V, p. 64, dans POUGENS
On était ivre du désir d'applaudir, et l'on a applaudi jusqu'à satiété
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Collection, t. I, p. 171
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur
de Alfred DE MUSSET dans Poés. nouv. la Nuit de mai

SYNONYME

1
IVRE, SOÛL. Ivre indique que l'esprit est troublé par les vapeurs de vin ; soûl, que l'on a bu jusqu'à satiété. L'homme ivre n'est pas toujours soûl ; l'homme soûl n'est pas toujours ivre ; remarquez aussi que, quand soûl est complétement synonyme d'ivre, il est du bas langage. De même au figuré : un homme est ivre de gloire, quand la gloire agit sur son esprit comme les fumées du vin ; il en est soûl, quand il a de la gloire au point d'en être rassasié, fatigué, désenchanté.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
De fol et d'ivre se doit l'en bien garder
dans Bat. d'Aleschans, V. 4076
Turbé sunt e moüd [troublés et émus] sunt si cume ivre, e tute la sapience d'els devorede est
dans Liber psalm. p. 165
2
XIIIe s.
Quant il veulent mener l'olifant [l'éléphant] en bataille, si leur donnent de leur vin assez à boire, si que il sont demi yvre ; et ce font il que, quant il a beu, si devient plus fier et en vaut mieux en la bataille
de MARC POL dans p. 687
3
XIVe s.
Icellui Guillot, qui estoit tout yvres
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans ebriare.
Icelle Ysabel a esté tousjours yvresse une fois ou deux chascun jour
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans ib.
4
XVIe s.
Ivre comme une souppe
de Clément MAROT dans III, 68

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, ébriat ; provenç. ibre ivre ; espagn. et portug. ebrio ; ital. ebbro, ebro ; du lat. ebrius, qui vient, d'après les étymologistes latins, de e, hors, et bria, sorte de mesure : mot à mot qui est hors de la mesure. Mais ce qui rend cette étymologie peu sûre, c'est que bria est un mot probablement étranger et récent, et peut-être douteux, car on lit aussi ebria et hebria au lieu de bria. Le Berry dit ébriat, qui paraît représenter le latin ebriacus ( avec un a long).

Synonymes de IVRE