Définition de INSULTER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : in-sul-té

DÉFINITIONS

1
Attaquer par un coup de main, en parlant d'une place de guerre et de fortifications.
Les troupes du roi insultèrent en 1677 avec tant de courage et de bonheur la contrescarpe de Valenciennes, qu'elles emportèrent la ville même
de RICHELET dans
On insulta le chemin couvert du front de la basse ville, quoique cette entreprise parût prématurée et hasardée
D'abord il insulta la Jamaïque, où tout fut mis à feu et à sang
2
Attaquer quelqu'un de fait ou de parole d'une manière offensante.
J'appelle insulter la majesté de Jésus-Christ, demeurer en sa présence dans des postures immodestes
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Pass. de J. C. t. I, p. 184
Que tout, jusqu'à Pinchêne, et m'insulte et m'accable : Aujourd'hui, vieux lion, je suis doux et traitable
Quoi ! madame ! un barbare osera m'insulter !
Quelque rival indigne.... Insulte mon amour, outrage mon honneur
Connaissez qui je suis et qui vous insultez
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sophon. III, 3
3
Nature : V. n. Insulter en bravant avec affectation.
N'entrez point dans la ville de mon peuple quand il sera ruiné ; ne lui insultez point, comme les autres, dans son malheur
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Abdias, I, 13
M. de Grignan a raison de triompher, de vous insulter sur cette première campagne de son fils ; la pensée du contraire me fait suer
Il [l'incrédule] se met au rang des gens désabusés, il insulte en son coeur aux faibles esprits
Ce même Agamemnon à qui vous insultez
Elle regarda le ciel avec mépris et arrogance, comme pour insulter aux Dieux
Il fuit honteusement et se cache ; l'autre le poursuit et lui insulte
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Fable XV, les Deux lionceaux
Ses ministres [de l'Église] ne doivent pas lui insulter par une pompe déplacée et si éloignée de son esprit
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Us. des reven. ecclés.
Tout ce qui était encore sur l'amphithéâtre et dans le cirque le reçut avec des huées ; on l'entourait, on lui insultait en face
Insulter en prenant avantage de la faiblesse, de la misère, de la douleur, etc.
Ne voit-on pas qu'on se moque, lorsqu'on dit de pareilles choses, et qu'on insulte en soi-même à la crédulité d'un faible lecteur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er avert. § 44
Mon fils audacieux insulte à ma ruine
Voudrait-il insulter à la crainte publique ?
Moi qui, contre l'amour fièrement révolté, Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté
Nos superbes vainqueurs insultant à nos larmes
Le traître ! il insultait à ma confusion !
de Jean RACINE dans ib. III, 1
Tous les spectateurs insulteront à notre honte
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Jugem.
Les imitateurs des passions des grands insultent à leurs vices en les imitant
Le ministère anglais ne croyait pas avoir besoin de l'empereur pour les obtenir [certaines sécularisations] ; on insulta à ses offres en les rendant publiques
Ah ! que dites-vous ? pourquoi insulter à mes derniers moments ? répondit Rustan d'une voix languissante
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Blanc et noir.
4
Se révolter.
Insultant contre le premier qui s'opposait à son avis
Vieilli en ce sens.
5
S'insulter, Nature : v. réfl. S'adresser des insultes l'un à l'autre. Ils se sont insultés publiquement.

REMARQUE

1
" Ce mot est fort nouveau, mais excellent pour exprimer ce qu'il signifie.
M. Coeffeteau l'a vu naître un peu devant sa mort, et il me souvient qu'il le trouvait si fort à son gré, qu'il était tenté de s'en servir, mais il ne l'osa jamais faire, à cause de sa grande nouveauté

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et leur sembloit bien que il povoient insulter et reprocher aux Roumains
de Pierre BERCHEURE dans f° 44, recto.
2
XVIe s.
Mieux eust il fait soy contenir en sa maison, royallement la gouvernant ; que insulter en la mienne, hostillement la pillant
France, France fut là dedans à voix commune mise en cry, et les portes de la ville, malgré les Espaignols, ouvertes aux François, et à grand tumulte toute la commune insultée [révoltée] contreles Espaignols
de JEAN D'AUTON dans Annales de Louis XII, p. 56, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. insultare, de in, en, sur, et saltare, sauter (voy. SAUTER).

Synonymes de INSULTER

Termes proches de INSULTER