Définition de ING?NIEUR

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : mè-r' ; Chiflet, Gramm. p. 190, au XVIIe siècle, dit qu'on prononce mére

DÉFINITIONS

1
Femme qui a mis un enfant au monde.
Que ne peut point un fils sur le coeur d'une mère !
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. IV, 4
Comme un enfant que sa mère arrache d'entre les bras des voleurs, doit aimer, dans la peine qu'il souffre, la violence amoureuse et légitime de celle qui procure sa liberté
de Blaise PASCAL dans Pens. XXIV, 61 ter.
Vous avez perdu ces heureux moments où vous jouissiez des tendresses d'une mère qui n'eut jamais d'égale ; mais il vous reste ce qu'il y a de plus précieux, l'espérance de la rejoindre dans le séjour de l'éternité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Nous vîmes alors [en une maladie dangereuse du Dauphin] dans cette princesse, au milieu des alarmes d'une mère, la foi d'une chrétienne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Elle pouvait dire avec le prophète : mon père et ma mère m'ont abandonnée ; mais le Seigneur m'a reçue en sa protection
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Femme et mère très chérie et très honorée, elle a réconcilié avec la France le roi son mari et le roi son fils
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Ô mère, ô femme, ô reine admirable !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Il demeura sous la conduite d'une mère que les pauvres avaient toujours regardée comme la leur
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
Souvenez-vous de ces années stériles où, selon le langage du prophète, le ciel fut d'airain et la terre de feu : les mères mouraient sans secours sous les yeux de leurs enfants, les enfants entre les bras de leurs mères, faute de pain
de Esprit FLÉCHIER dans Aiguillon.
Des droits de ses enfants une mère jalouse Pardonne rarement aux fils d'une autre épouse
de Jean RACINE dans Phèd. 11, 5
Mais enfin j'étais mère et pleine de faiblesse
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oedipe, IV, 1
C'est une mère ravie à ses enfants dispersés, Qui leur tend de l'autre vie Ces bras qui les ont bercés
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. II, 1
Ô l'amour d'une mère, amour que nul n'oublie ! Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie, Table toujours servie au paternel foyer ! Chacun en a sa part, et tous l'ont tout entier !
de Victor HUGO dans Feuilles d'automne, I
Fils de bonne mère, voy. FILS, n° 1.
Sémantique : Fig. Cette femme est la mère des pauvres, elle fait de grandes charités, elle donne des soins aux pauvres.
[Sa mort] moment fatal pour tant de pauvres dont elle était la mère et la protectrice
de Esprit FLÉCHIER dans Aiguillon.
2
Il se dit des femelles des animaux. Une chienne mère de trois petits.
3
Mère de famille, femme mariée qui a des enfants.
La véritable mère de famille, loin d'être une femme du monde, n'est guère moins recluse dans sa maison que la religieuse dans son cloître
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. V
Y a-t-il au monde un spectacle aussi touchant, aussi respectable, que celui d'une mère de famille entourée de ses enfants, réglant les travaux de ses domestiques, procurant à son mari une vie heureuse, et gouvernant sagement la maison ?
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à d'Alemb.
4
La mère de Dieu, Marie, la sainte Vierge.
Mère de Dieu, nom d'un ordre de chevalerie, institué en 1233, et confirmé en 1262, par Urbain VI, sous la règle de Saint-Dominique, pour soutenir les intérêts des veuves et des orphelins ; la marque était une croix pattée de rouge, avec deux étoiles en chef, de même couleur, sur une soutane blanche.
5
Notre première mère, ève, la femme d'Adam.
6
Dans le paganisme, la mère des dieux, Cybèle.
7
Mère nourrice, la femme qui donne à teter à un enfant au lieu de la véritable mère.
Demi-mère, nom qui a été donné quelquefois aux nourrices.
8
Grand'mère, mère-grand, voy. mère">GRAND'MÈRE.
Sémantique : Fig. Contes de ma mère l'oie, contes dont on amuse les enfants.
Et ne m'émeus non plus, quand leur discours fourvoie, Que d'un conte d'Urgande et de ma mère l'oie
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Faire des contes de ma mère l'oie, dire des choses où il n'y a nulle apparence de raison et de vérité.
9
Belle-mère, voy. BELLE-MÈRE.
10
Mal de mère, affection de matrice, et, particulièrement, l'hystérie.
Mlle de Clisson a de grands maux de mère
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 91
11
Sémantique : Fig. Notre mère commune, la terre.
La terre notre mère, la terre qui nous nourrit.
Vous rougirez de la charrue, vous renierez la terre votre mère, et l'abandonnerez
de Paul Louis COURIER dans Simple discours.
Mère se dit des contrées considérées comme origine.
Albe est ton origine ; arrête et considère Que tu portes le fer dans le sein de ta mère
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Patrie aux flancs féconds, sainte mère des hommes, Ce que furent jadis nos pères, nous le sommes !
de TH. GAUTIER dans Prologue d'ouverture, 1845
Sémantique : Fig.
Quand, par les rois chrétiens aux bourreaux turcs livrée, La Grèce, notre mère, agonise éventrée
de Victor HUGO dans Feuilles d'automne, XL.
12
Sémantique : Fig. La mère des fidèles, l'Église. Notre mère sainte Église.
L'Église ne fait que gémir.... mère affligée, elle a souvent à se plaindre de ses enfants qui l'oppriment ; on ne cesse d'entreprendre sur ses droits sacrés
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Que dirai-je des saintes prières des agonisants, où, dans les efforts que fait l'Église, on entend ses voeux les plus empressés et comme les derniers cris par où cette sainte mère achève de nous enfanter à la vie céleste ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Se dit des églises qui en ont fondé d'autres, ou qui ont établi des congrégations.
Il se dit aussi des religions qui en ont enfanté d'autres.
Les religions chrétienne et musulmane reconnaissent la juive pour leur mère ; et, par une contradiction singulière, elles ont à la fois pour cette mère du respect et de l'horreur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Juifs.
13
Sémantique : Fig. et familièrement. La mère une telle, se dit d'une femme du peuple un peu âgée.
Ce n'est pas votre faute, la mère
de ALEX. DUVAL dans Menuis. de Livonie, I, 12
Je les entends rire en buvant Chez la mère Simonne
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Mon Curé.
Confrérie de la mère folle, société bouffonne établie à Dijon en 1454.
Sémantique : Fig. Mère des compagnons, auberge où descendent les compagnons du tour de France, de chaque métier, en chaque ville.
14
Titre qu'on donne à la supérieure d'une maison religieuse. La mère abbesse. La mère prieure.
La mère supérieure m'a priée de ne pas faire courir cette petite histoire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 nov. 1664
Qualification qu'on donne à une religieuse professe. On demande au parloir la mère une telle.
Mère de l'Église, s'est dit d'une femme qui est un honneur pour l'Église, par analogie avec père de l'Église.
Pour madame de Miramion, cette mère de l'Église, ce sera une perte publique
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 mars 1696
15
Mère artificielle, abri préparé pour les jeunes poulets, dans les couveuses artificielles.
16
Sémantique : Fig. Cause, origine, lieu qui produit. L'ambition est la mère de beaucoup de désordres. La Grèce a été la mère des beaux-arts.
Quoi qu'en ait dit l'ignorance appuyée de la malignité, la philosophie fut dans tous les temps la mère de la religion pure et des lois sages
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Disc. de Belleguier.
17
Nom donné par les pépiniéristes aux sujets sur lesquels on doit greffer, ou dont on doit tirer des marcottes.
18
Moule qui n'est destiné qu'à donner de nouveaux modèles, sur lesquels on peut faire d'autres moules.
19
Mère ou matrice d'émeraude, plusieurs pierres vertes qui n'ont rien de commun avec l'émeraude.
20
Mères de girofle, nom donné aux fruits mûrs du giroflier, dits aussi anthofles.
21
Mère caille ou mère des cailles, le râle de genêt.
Mère des harengs, nom que les pêcheurs donnent à l'alose.
22
Mère des mines ou mine à maréchal, se dit, dans le Bourbonnais, d'une veine particulière de houille qui colle bien au feu.
23
Sémantique : Terme de chasse. Se dit de l'entrée de la tanière d'une bête fauve. La renardière n'a jamais qu'une mère.
24
Mère de vinaigre, membrane gélatineuse (mycoderma aceti) qui se forme à la surface des vases contenant du vinaigre et qui joue un rôle dans la fermentation acide.
On dit dans le même sens les mères.
Mères de vinaigre, tonneaux qui ont déjà servi à la fabrication du vinaigre.
25
Mère s'emploie quelquefois adjectivement.
La reine mère, la reine douairière.
La mère patrie, l'État, le pays qui a fondé une colonie et qui la gouverne.
Langue mère, voy. LANGUE, n° 5.
L'idée mère d'un ouvrage, l'idée dont il est le développement.
Une idée mère et neuve s'y développe avec grâce dans toute son étendue
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Rép. à Chatelux, Oeuv. t. X, p : 46
Mère branche, grosse branche d'où sortent plusieurs autres branches.
Mère perle, grosse coquille qui renferme quelquefois un grand nombre de perles.
Mère montagne, grande montagne qui en a de petites autour d'elle.
Toutes ces collines enfantées par l'Etna, qui a douze mille pieds de hauteur, ne paraissent être que de petites éminences faites pour accompagner la majesté de la mère montagne
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Add. théor. terr. Oeuv. t. XIII, p. 65
En chimie, eau mère, eau saline et épaisse, qui ne donne plus de cristaux.
26
Dure-mère, voy. DURE-MÈRE ; pie-mère, voy. PIE-MÈRE.

PROVERBES

1
Exemple : On ne la trouve plus, la mère en est morte, se dit d'une chose qui est devenue fort rare.
2
Exemple : Il veut apprendre à sa mère à faire des enfants, se dit quand quelqu'un se mêle d'enseigner à un autre une chose que cet autre sait mieux que lui.
3
Exemple : C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus, se dit quand on a été mal satisfait d'un lieu où l'on ne veut plus retourner, d'une affaire qu'on ne veut pas recommencer.

REMARQUE

1
1. Mme de Maintenon a dit : Après tous ces discours de mère, croyez que j'en ai toute la tendresse, Lett. à M. d'Aubigné, 26 sept. t. I, p. 147, dans POUGENS. à la rigueur, le pronom en ne peut pas représenter un substantif pris partitivement ; mais ici le sens est si clair, qu'il n'y a pas lieu de faire prévaloir la règle.
2
2. On dit : ses père et mère, dans le langage familier et dans le langage d'affaire, pour son père et sa mère.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ço dist li pedres [le père] : cher filz, cum t'ai perdu ! Respont la medre : lasse ! qu'est devenus !
dans St-Alexis, XXII
Celui qui la mere yglise requireit [requérait]
dans Lois de Guill. 1
[Ils] Ne reverront lur meres, ne lur femes
dans Ch. de Rol. CVII
2
XIIe s.
Mar douterez home de mere né
dans Roncisv. 36
[Notre terre] Que la mere Deu tient à son lige doaire
dans Sax. XXX
3
XIIIe s.
Et sa mere en commence de la joie à pleurer
dans Berte, III
Mere, ce dist Aliste, Diex oie vo priere
dans ib. XI
4
XVe s.
Et aussi sa dame de mere [au comte de Flandre]... le blasmoit trop fort
de Jean FROISSART dans II, II, 58
Sachez que l'en dist que amour de mere est plus grande que amour de nourrice
dans Perceforest, t. III, f° 130
5
XVIe s.
Là sera bastie la mere de la fontaine, pour recevoir l'eau venante de plusieurs costez, et de là la rendre dans les tuiaux
de Olivier DE SERRES dans 759
Ces pieces sont mises saler sur un grand saloir, appellé mere, composé de plusieurs aix joints ensemble, contenans trois ou quatre pas en quadrature, aiant des bords ès environs pour garder de verser la saumure ; aucuns font leur mere ou saloir d'une peau de beuf crue, un peu salée
de Olivier DE SERRES dans 839
Nostre mere nature
de Michel de MONTAIGNE dans I, 200
Chanson qu'on chantoit dix ans, comme je croy, avant, que ma mere grand fut mariée
de Henri ESTIENNE dans Apol. pour Hérod. p. 626, dans LACURNE
Mere piteuse fait sa fille roigneuse
de Randle COTGRAVE dans
La mere du timide ne sçait que c'est de pleurer
de Randle COTGRAVE dans
Bon temps et bonne vie pere et mere oublie
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 252
La povre dame de mere estoit en une tour du chasteau, qui tendrement ploroit ; car combien qu'elle fust joyeuse dont son fils estoit en voye de parvenir, amour de mere l'admonestoit de larmoyer
dans Chronique de Bayart, ch. 2

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. maire ; catal. mod. mare ; espagn. et ital. madre ; du lat. mater ; allem. Mutter ; angl. mother ; sanscrit, matri ( a long), de la racine mâ, dans le sens de construire, faire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Maison mère, maison principale de religieux ou religieuses.
2
Ajoutez :
3. On dit eau mère, branche mère, etc. Ces substantifs sont féminins ; peut-on user de mère avec un substantif masculin ? comme dans cet exemple-ci :
Le mot de bitume s'applique de préférence au principe mère des matières bitumineuses
de H. DE PARVILLE dans Journ. offic. 11 mars 1872, p. 1735, 3e col.
Je veux que le travail, cette mère féconde, Élève ses enfants pour un meilleur destin
de P. DUPONT dans Chanson

Synonymes de MÈRE

Phonétiquement proche de MÈRE