Définition de INDIGNE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : in-di-gn'

DÉFINITIONS

1
Qui n'est pas digne de...., en parlant des personnes.
On mande des merveilles d'Allemagne ... ces Allemands se laissent noyer par un petit ruisseau.... on croit que M. de Luxembourg les battra.... ce n'est pas notre faute s'ils se rendent indignes d'être nos ennemis
Indigne de vous plaire et de vous approcher
Mais s'il a pu me croire indigne de sa foi, C'est lui qui pour jamais est indigne de moi
Richard, enfermé dans la tour, remit au duc de Lancastre les marques de la royauté, avec un écrit signé de sa main, par lequel il se reconnaissait indigne de régner ; il l'était en effet puisqu'il s'abaissait à le dire
Joyeuse, né d'un sang chez les Français insigne, D'une faveur si haute était le moins indigne
Indigne de, suivi d'un nom de personne, signifie qu'on n'est pas digne d'appartenir à cette personne.
Mais enfin ce Rodrigue est indigne de vous
Soyons indigne soeur d'un si généreux frère
2
À quoi on ne peut accorder de...., en parlant des choses. Une faute indigne de pardon.
3
Sémantique : Terme de jurisprudence. Qui est déchu d'une succession pour avoir manqué à quelque devoir essentiel envers le défunt, de son vivant ou après sa mort. Déclaré indigne de succéder.
Nature : Substantivement. Les enfants de l'indigne.
4
Qui n'est pas séant, convenable, en parlant des choses.
Toute autre place qu'un trône eût été indigne d'elle
Comme un voleur, direz-vous ; indigne comparaison ! n'importe, qu'elle soit indigne de lui [Jésus-Christ], pourvu qu'elle nous sauve
Les éclaircissements sont indignes de moi
5
Nature : Absolument. Qui n'est pas digne, c'est-à-dire qui mérite mépris ou haine, en parlant des personnes.
Qui ! la peur a glacé mes indignes soldats !
Quoi ! le ciel a permis Que ce vertueux père eût cet indigne fils
Il se dit des choses dans le même sens.
Cette voie est basse, indigne et étrangère
Rebuté de tant d'indignes traitements
Ai-je mérité seul son indigne pitié ?
Ah ! dissipez ces indignes alarmes
Vous avez vu cent fois nos soldats en courroux Porter en murmurant leurs aigles devant vous, Honteux de rabaisser par cet indigne usage Les héros dont encore elles portent l'image
De quoi nous a servi cette indigne contrainte ?
J'espérais que, fuyant un indigne repos, Je prendrais quelque place entre tant de héros
de Jean RACINE dans ib.
J'ai fait l'indigne aveu d'un amour qui l'outrage
Ils firent d'Amalec un indigne carnage
Ô crainte, a dit mon père, indigne, injurieuse !
Dans le temps même qu'on examinait cette affaire, on apprit la manière indigne dont Charès avait été reçu par les alliés
Bayle examine ensuite si l'idolâtrie est plus dangereuse que l'athéisme ; si c'est un crime plus grand de ne point croire à la divinité que d'avoir d'elle des opinions indignes
Communion indigne, communion qui n'est pas faite avec les dispositions requises.
6
Indigne est quelquefois une épithète que l'on se donne par humilité. Signé : Un tel, prêtre indigne. J'osai, moi indigne, retoucher son ouvrage.
Arrêtons ici, chrétiens, et vous, Seigneur, imposez silence à cet indigne ministre [Bossuet lui-même] qui ne fait qu'affaiblir votre parole ; parlez dans le coeur, prédicateur invisible....
7
Indigne, en bonne part, signifiant qui ne mérite pas un reproche, un mauvais sort, etc.
....Un cavalier indigne des liens Où l'a mis aujourd'hui la trahison des siens
Sa perte est de ses faits un indigne salaire
Ménécée, en un mot, digne frère d'Hémon, Et trop indigne aussi d'être fils de Créon
Indigne également de vivre et de mourir, On l'abandonne aux mains qui daignent le nourrir
Si vous daigniez, seigneur, rappeler la mémoire Des vertus d'Octavie indignes de ce prix
Il est indigne qu'on lui fasse des reproches
dans Dict. de l'Acad. de 1762
8
Nature : nm et f Un indigne, une indigne, une personne vile et sans mérites.
D'où il s'ensuit qu'ils [le corps et le sang de Jésus-Christ] y sont [dans le pain et le vin] non-seulement pour les dignes, mais encore pour les indignes
Ce n'est pas que Jésus-Christ ne nous donne la propre substance de sa chair indépendamment de notre foi ; car il la donne, selon Calvin, même aux indignes ; mais c'est qu'il ne sert de rien de recevoir sa chair, si on ne la reçoit avec son esprit
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. IX, § 55
Un bienfait qui tombe sur un indigne
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Ah ! l'indigne ! ah ! l'ingrat !
de GOLDONI dans Bourru bienfaisant, II, 13

REMARQUE

1
Indigne se prend proprement en mauvaise part : on est indigne du bien et non pas du mal ; on dit : il est indigne de vos bontés, et non il est indigne de punition ; cependant les exemples rapportés au n° 7 montrent que la signification en bonne part n'est pas étrangère à indigne, et qu'en quelques cas bien choisis on peut en user.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Indigne et barbare cruauté [la mort de Marie Stuart]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 66
Les ames bastardes et vulgaires sont indignes de la philosophie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 150
Je responds des songes et bestises indignes d'un enfant
de Michel de MONTAIGNE dans III, 277
Une accusation indigne de response
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 203

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. indignus, de in.... 1, et dignus, digne.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
INDIGNE. - HIST. Ajoutez :
2
XIIe s.
Ceste meisme parole ke nos est endigne
dans li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 141

Synonymes de INDIGNE

Termes proches de INDIGNE