Définition de IMPORTUN, UNE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : in-por-tun, tu-n' ; quant à la liaison du masculin devant une voyelle, la prononciation varie : les

DÉFINITIONS

1
Qui est fâcheux d'une manière répétée, continue.
Ainsi certaines gens faisant les empressés S'introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 9
Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément Contempler la foule importune De ceux qui cherchent vainement Cette fille du sort [la fortune] de royaume en royaume
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VII, 12
Importun à tout autre, à soi-même incommode
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Britannicus le gêne, Albine ; et chaque jour Je sens que je deviens importune à mon tour
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
C'est le rôle d'un sot d'être importun
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
Il se croyait utile et n'était qu'importun
de DORAT dans Feinte par amour, I, 1
La faim qui flétrit l'âme autant que le visage, Par qui l'homme souvent importun, odieux, Est contraint de rougir et de baisser les yeux
de André CHÉNIER dans Idylles, le Mendiant.
Importun à soi-même, qui est pour soi-même une cause continuelle de fâcherie.
Captive, toujours triste, importune à moi-même
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
Nature : Substantivement.
....Qu'il [Dieu] nous garde, en ce bas monde ici, De faim, d'un importun, de froid et de souci
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Pour renvoyer chez vous les voeux qu'on vient m'offrir, Et n'avoir plus chez moi d'importuns à souffrir
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. I, 2
De combien d'importuns j'ai la tête étourdie !
de Jean de ROTROU dans St Genest. II, 3
C'est un vieux importun qui n'a pas l'esprit sain, Et pour qui j'ai toujours quelque défaite en main
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. III, 3
Fut-il jamais inaccessible, je ne dis pas à ses amis, je dis aux indiscrets et aux importuns ?
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
Vois-tu cet importun que tout le monde évite, Cet homme à toujours fuir, qui jamais ne vous quitte ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître IX
Ah ! que l'on porte ailleurs les honneurs qu'on envoie : Importune, peux-tu souhaiter qu'on me voie ?
de Jean RACINE dans Phèdre, III, 1
2
Il se dit aussi des choses.
Viendrait-il de nouveau d'une audace importune Pour la centième fois éprouver la fortune ?
de Jean de MAIRET dans Soliman, I, 3
ôtez-nous de ces biens l'affluence importune, Dirent-ils l'un et l'autre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 6
Par des voeux importuns nous fatiguons les dieux
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 5
Ne trouvez-vous pas qu'il y a bien longtemps que nous sommes séparées ? je suis frappée de cette douleur d'une manière tellement importune qu'elle me serait insupportable
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 fév. 1672
Ce sentiment importun des sens offensés, c'est ce qui s'appelle douleur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Connaiss. I, 2
Madame, je le sais, les soupçons importuns Sont d'un second hymen les fruits les plus communs
de Jean RACINE dans Phèdre, II, 5
Pardonnez à l'éclat d'une illustre fortune Ce reste de fierté qui craint d'être importune
de Jean RACINE dans Andr. III, 6
Laissons de leur amour la recherche importune
de Jean RACINE dans Bajaz. IV, 4
....Oubliez une gloire importune ; Ce triste abaissement convient à ma fortune
de Jean RACINE dans Iphig. III, 5
Cesse, cesse et m'épargne un importun discours
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 2
Sa présence [de Joas] à la fin pourrait être importune
de Jean RACINE dans Athal. II, 7
Ah ! chassons cette importune idée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, I, 5
Perdez-en pour jamais l'importune mémoire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sémir. I, 5
Tous nos petits rimeurs, las d'un joug importun, Ont détrôné le dieu qui régnait au Parnasse. - Détrôné ? dites-vous ? qu'ont-ils mis à la place Du blond Phébus ? Phébus le brun
de CLÉMENT dans Épigr. contre Lebrun.

SYNONYME

1
IMPORTUN, FÂCHEUX. La différence qu'il y a entre ces deux mots, c'est que celui qui fâche ou ce qui fâche peut n'être fâcheux qu'une fois, tandis que celui qui importune ou ce qui importune est fâcheux d'une manière répétée, continue. Un importun vous assiége ; un fâcheux vous cause un ennui. Un souvenir importun vous poursuit ; un souvenir fâcheux vous cause de la peine.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Il faut laisser le chalgrin importun à tout le moins à la table buvant
de BASSELIN dans XL.
2
XVIe s.
La fortune ayant esté si importune que de mettre en une maison triumphale un si piteux dueil
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 57
Il y en eut plusieurs à qui Titus sembla par trop importun et trop cruel, d'avoir ainsi fait mourir Hannibal
de Jacques AMYOT dans Flam. 42
Une ambition importune en tel aage
de Jacques AMYOT dans Marius, 2
Combien qu'il eust aussi bonne grace, et rencontrast aussi dextrement à se deffaire de tels importuns
de Jacques AMYOT dans Mauvaise honte, 9
J'ai vu des gens importuns de courtoisie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 52
La peur est encore plus importune et insupportable que la mort
de Michel de MONTAIGNE dans I, 64
Si quelqu'un donc par une legiereté intemperante ou temerité indiscrete, en temps ou lieu importun fait quelque chose dont les imbeciles et rudes soyent scandalisez....
de Jean CALVIN dans Inst. 665
Comment pourra-telle tenir contre un homme importun en demandes, obstiné en poursuites, inventif en moyens ?
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, XCII
Mais l'importun souci qui nous suit pas à pas Et par terre et par mer, nous ne le fuyons pas
de Joachim DU BELLAY dans V, 32, verso.
Poignante, aspre, importune et fiere souvenance, Veux-tu donc nuict et jour mon esprit tourmenter ?
de Philippe DESPORTES dans Cléonice, LXXVIII

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. importunus, de in négatif, et portus, port, qui n'a point de port, d'accès, qui est défavorable, et de là les significations dérivées.

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Phonétiquement proche de IMPORTUN, UNE