Définition de IL, AU SINGULIER, ILS, AU PLURIEL

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : il, au pluriel et au singulier ; dans plusieurs provinces, le pluriel se prononce î ; au pluriel l's

DÉFINITIONS

1
Pronom masculin qui désigne la troisième personne. Votre père va venir, il est prêt. J'ai lu cet ouvrage, il est bien écrit. Ces gens-là sont pressés, ils courent.
Il se met ordinairement avant le verbe, dans les phrases affirmatives, sans qu'il y ait rien entre deux, si ce n'est des particules et des pronoms. Il lui parle. Il ne veut pas.
Il se met après le verbe dans les interrogations et dans certaines phrases exclamatives. Que fait-il ? Est-il insensé !
Avec le t euphonique : A-t-il ? parle-t-il ? va-t-il ?
Il se met également après le verbe dans certaines phrases affirmatives. Quoi ! dit-il, s'écria-t-il, répondit-il. Vous avez, paraît-il, réussi dans vos projets. Aussi est-il vrai. Toujours est-il certain que je l'avais dit.
Son coeur, pour se livrer, à peine devant moi S'est-il donné le temps d'en recevoir la loi
2
Quand une phrase interrogative contient le nom masculin qui est le sujet du verbe, on n'en met pas moins le pronom il après le verbe. Ce fruit est-il bon ? Votre père est-il venu ?
Dans certaines inversions dubitatives, le même pléonasme est obligatoire. Ce projet dût-il échouer, nous serons loués pour l'avoir conçu.
3
Dans certaines phrases le verbe est précédé du pronom il et suivi du sujet ; ces phrases sont surtout du style soutenu, et impliquent une certaine passion qui fait qu'on prononce le pronom avant le nom auquel il se rapporte. Il me fuit, l'ingrat. Seront-ils plus heureux ceux qui....
4
Il se met avec les verbes impersonnels, ou employés impersonnellement. Il faut que.... Ne faut-il pas que... ? Faudra-t-il donc que... ? Il doit s'y attacher de l'intérêt. Quel intérêt ne doit il pas s'y attacher ? Il fait beau temps. Il fut un temps où....
Il pleut à verse.
Il m'en doit bien souvenir, ma foi !
À déboucher la porte il irait trop du vôtre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Remerc. au roi.
Il est aujourd'hui le six de mars
Et ces fleurs qui là-bas entre elles se demandent S'il est fête au village...
Dans ces constructions, il ne laisse pas de gouverner le verbe au singulier, bien que ce verbe soit suivi d'un nom au pluriel (l'ancienne langue mettait le pluriel en ces circonstances : Il sont six heures). Il est six heures. Il est arrivé deux mille hommes. Il est survenu des circonstances fâcheuses.
Nous n'avons qu'un honneur, il est tant de maîtresses !
Je veux qu'on dise un jour aux siècles effrayés : Il fut des Juifs, il fut une insolente race
Il s'avance sur le théâtre d'autres hommes
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Un il de ce genre a été sous-entendu par la Fontaine : De tous côtés lui vient des donneurs de recette, Fabl. VIII, 3.
5
Il se rapportant au mot rien.
Ayant appris dès le collège qu'on ne saurait rien imaginer de si étrange et si peu croyable, qu'il n'ait été dit par quelqu'un des philosophes
Il se rapportant à ce que.
Si ce que je dis ne sert à vous éclairer, il servira au peuple
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
Ce qu'on appelle une oraison funèbre, n'est aujourd'hui bien reçu du plus grand nombre des auditeurs, qu'à mesure qu'il s'éloigne davantage du discours chrétien
de Jean de LA BRUYÈRE dans XV
Il y a une éloquence qui consiste à rendre aisément et convenablement ce que l'on pense, de quelque nature qu'il soit
de VAUVENARGUES. dans De l'éloge.
Il se rapportant à tout ce que.... Tout ce qu'il fait doit se trouver à la place et dans l'ordre où la règle, c'est-à-dire la loi de Dieu, veut qu'il se trouve
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Profess. relig. Serm. 3
Il se rapportant à tout.
Une raison première et universelle, qui a tout conçu avant qu'il fût...
Il se rapportant à cela, ceci.
Tout cela ne convient qu'à nous. - Il ne convient pas à vous-même, Repartit le vieillard...
Ceci n'est pas humble ; mais il faut qu'il passe
6
Il pour cela.
Iris, je vous louerais ; il n'est que trop aisé
Il est trop véritable
C'est qu'il sent le bâton du côté que voilà
Le premier effet de l'amour est d'inspirer un grand respect ; l'on a de la vénération pour ce que l'on aime ; il est bien juste : on ne reconnaît rien au monde de grand comme cela
De vous dire que tout cela se passe sans larmes, il n'est pas possible
Cet emploi, qui tombe en désuétude, est conservé dans : il est vrai. Vous avez dû partir, il est vrai, mais....
7
Il surabondant.
Et qui, jeune, n'a pas grande dévotion, Il faut que pour le monde à le feindre il s'exerce
Qui se contraint au monde, il ne vit qu'en torture
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans ib. X
Un [cierge] d'eux voyant la terre en brique au feu durcie Vaincre l'effort des ans, il eut la même envie
La source de tout le mal est que tous ceux qui n'ont pas craint de tenter au siècle passé la réformation par le schisme, ne trouvant point de plus fort rempart contre leurs nouveautés que la sainte autorité de l'Église, ils ont été obligés de la renverser
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans R. d'Angl.
Ceux qui commençaient à le goûter, n'osant avaler le morceau qu'ils ont à la bouche, ils le jettent à terre
Un noble, s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Les Romains se destinant à la guerre et la regardant comme le seul art, ils mirent tout leur esprit et toutes leurs pensées à le perfectionner
Ce pléonasme était reçu des écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle ; aujourd'hui il l'est beaucoup moins. Toutefois ces exemples font voir dans quel cas un il surabondant peut être placé, non sans grâce ou sans clarté.
8
Ils se dit quelquefois d'une façon indéterminée pour indiquer les gens qu'on a dans l'esprit.
L'autorité, l'autorité, ils n'ont que ce mot
Voilà comme ils sont tous ; c'est ainsi qu'ils nous aiment ; s'ils étaient nos ennemis, que feraient-ils de plus ?
de Denis DIDEROT dans ib.
9
Ce qu'il y a, ce dont il s'agit.
Or sus, mon fils, savez-vous ce qu'il y a ? c'est qu'il faut songer, s'il vous plaît, à vous défaire de votre amour
10
Il n'est que de, la seule chose qui importe, qui soit utile, nécessaire.
Ma foi, il n'est que de jouer d'adresse en ce monde
11
Il n'est pas que vous n'ayez vu, certainement vous avez vu.
Mais peut-être il n'est pas que vous n'ayez bien vu Ce jeune astre d'amour, de tant d'attraits pourvu
12
Il suivi du relatif qui ou quiconque, signifiant celui qui ; tournure usitée au XVIIe siècle, qui est tombée en désuétude, mais qui pourrait être reprise.
Il passe pour tyran quiconque s'y fait maître
Pour la première fois il me dupe qui veut ; Mais, pour une seconde, il m'attrape qui peut
Chacun fait ici-bas la figure qu'il peut, Ma tante ; et bel esprit, il ne l'est pas qui veut
Il est bien heureux qui peut avoir dix mille écus chez soi
13
Sémantique : Terme de chasse. Il bat l'eau, terme pour avertir les chasseurs et les chiens lorsque la bête entre dans l'eau.
Il va là, chiens, terme pour parler aux chiens, lorsqu'ils chassent à la discrétion et à la prudence du piqueur.
Il perce, l'animal va en avant.

REMARQUE

1
Ce pronom se répète quand il y a deux propositions de suite où l'on passe de l'affirmation à la négation, et de la négation à l'affirmation : Je lis rapidement ce livre, il n'est pas malaisé à comprendre, et il est court.

HISTORIQUE

1
IXe s.
In o quid [pourvu que] il mi altresi fazet [il m'en fasse autant]
dans Serment
2
Xe s.
Si cum il semper solt haveir [il a coutume d'avoir]
dans Frag. de Val. p. 468
Si astreient [seraient] li Judei perdut, si cum il ore sunt
dans ib. p. 468
Poscite li que cest fructum que mostret nos habemus, que el nos conservet
dans ib. p. 469
3
XIe s.
Assez est mielz qu'il i perdent les chiefs [têtes]
dans Ch. de Rol. III
Ne vous ne il n'i porterez les piez
dans ib. XVIII
4
XIIe s.
Et s'il i va tels hom qui sagement leur die
dans Sax. X
S'en va Grandoine, il et si compeignon
dans Roncis. p. 71
Il n'i fist joie, ne chevelus ne chauz
dans ib. 149
Conviendra il qu'à la fin congié prenne
dans Couci, XXII
Et s'il ne fust de remanoir viltance
dans ib. XXIV
5
XIIIe s.
Bele Isabeaus, pucele bien aprise, Aima Gerart, et il lui, en tel guise Qu'onc de folour par lui ne fu requise
de AUD. LE BAST. dans Romancero, p. 5
Il semble à sa maniere qu'elle doive desver
dans Berte, XVII
Et li rois il meïsmes les prent à redresser
dans ib. CXXIX
Il atendirent jusqu'au quart jour et il revindrent au palais
Mès ge sai bien qu'il en sunt maintes Qui ne vuelent pas estre ençaintes
dans la Rose, 4567
6
XVe s.
Que voulez-vous ? il faut songer [prendre de la peine] Qui veut vivre, et soutenir peine
dans Pathel
Les Allemaignes, qui est chose si grande et si puissante qu'il est presque incroyable
de COM. dans IV, 1
Tous les seigneurs d'Allemaigne y [à la guerre] estoient à leurs despens, comme il est de coustume quant il touche le fait de l'empire
de COM. dans IV, 3
Vous savez qu'ilz sont six jours ouvriers en la sepmaine
dans Les évangiles des quenouilles, p. 10
7
XVIe s.
Or advint il qu'au sortir de son enfance...
de Jacques AMYOT dans Cimon, 2
Il se presenta sur l'eschaffault des joueurs devant le peuple un de ses serviteurs habillé en forme de Bacchus
de Jacques AMYOT dans Nicias, 5
Il semble que ce soient les habillemens qui eschauffent l'homme, et toutefois ce ne sont ils pas qui l'eschauffent ne qui luy donnent la chaleur
Ce sont ils qui cherchent d'esblouir les yeux des simples ignorans, et cependant descouvrent leur bestise
Iceux ne pouvant penser que ce fust il, disoyent que c'estoit son ange
de Jean CALVIN dans ib. 107
Cela est estimé pour niant, combien qu'il ne soit point de petit poids au jugement de Dieu
de Jean CALVIN dans ib. 290
Il se veoit en plusieurs lieux la forme de leurs licts
de Michel de MONTAIGNE dans I, 238
De vray il est parfois que j'ay grand'pitié de toy
On ne le croira pas du premier coup, toutes fois il est vray, ce sont tousjours quatre ou cinq qui maintiennent le tyran
Ha, ha ! il n'a pas paire de chausses qui veult

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, i devant une consonne, il devant une voyelle (i se dit pour il et ils) ; Berry, i, il, î, ils ; provenç. il, ils ; catal. ell ; espag. él ; ital. il ; du latin ille, celui-là. La forme archaïque de ille est ollus, qu'on a supposé être un diminutif d'un radical an ou on, rattaché au sanscrit ana, celui-là, qu'on retrouve dans anya, autre, et dans alius. On remarquera que, dans l'ancienne langue, il est toujours nominatif ; on y dit donc : tu et il, et non toi et lui. Le pluriel y est il sans s, comme le singulier ; le singulier vient de ille, le pluriel vient de illi. Au XIVe siècle on a dit il, ils, pour le féminin el, elles :
Les choses semblent estre involontaires quand ilz sont faites par violence ou quant il sont faittes par ignorance