Définition de IDÉAL, ALE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : i-dé-al, a-l'

DÉFINITIONS

1
Qui n'a d'existence que dans l'idée, dans l'esprit. Des êtres idéaux.
Plus une philosophie est subtile et idéale, plus elle est vaine et inutile pour expliquer des choses qui ne demandent qu'un sens droit pour être connues
de Jean de LA BRUYÈRE dans XVI
Ne voyant rien d'existant qui fût digne de mon délire, je le nourris dans un monde idéal que mon imagination eut bientôt peuplé d'êtres selon mon coeur
L'hypothèse de Ptolémée cesse alors d'être purement idéale et propre uniquement à représenter à l'imagination les mouvements célestes
de LA PLACE dans Expos. I, 11
Le langage idéal de la musique
Chimérique. Richesses idéales.
2
Sémantique : Par extension, qui réunit toutes les perfections que l'esprit peut concevoir, indépendamment de la réalité.
Cet état idéal d'innocence, de haute tempérance, d'abstinence entière de la chair, de tranquillité parfaite, de paix profonde a-t-il jamais existé ?
Malheur à qui du fond de l'exil de la vie Entendit ces concerts d'un monde qu'il envie ! Du nectar idéal sitôt qu'elle a goûté, La nature répugne à la réalité
Là je m'enivrerais en la source où j'aspire ; Là je retrouverais et l'espoir et l'amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour
de Alphonse de LAMARTINE dans ib. I, 1
Ce qu'il sait, ce qu'il voit des choses de la vie, Tout le porte, l'entraîne à son but idéal
de Alfred DE MUSSET dans La coupe et les lèvres, IV, 1
3
Nature : S. m. Assemblage abstrait de perfections dont l'âme se forme l'idée, mais sans pouvoir y atteindre complétement.
Des traits qui portent l'empreinte des passions, mais ne retracent point l'idéal de la beauté
Il règne ici [dernière scène d'Alzire] un idéal de vérité au-dessus de tout idéal poétique
Le modèle intérieur du poëte, de l'artiste.
Le sujet de ce tableau n'est pas clair ; l'idéal n'en est pas assez caractéristique
Scène froide et mauvaise, où la misère de l'idéal n'est point rachetée par le faire
Il y a entre le mérite du faire et le mérite de l'idéal la différence de ce qui attache les yeux et de ce qui attache l'âme
de Denis DIDEROT dans ib. p. 421
Quel que soit le faire, point de vraie beauté sans l'idéal
de Denis DIDEROT dans ib. p. 421
Le beau, celui même qu'on appelle idéal, en sculpture, comme en peinture, doit être un résumé du beau réel de la nature
de FALCONET dans Réflex. sur la sculpture, t. III, p. 5
Nature : Au plur. Faut-il dire des idéals, comme on dit des chorals, ou des idéaux ? L'usage n'a pas prononcé. L'adjectif fait idéaux au pluriel. Le substantif peut le suivre ; cependant il semble que les idéals conserve mieux le sens du mot et a une forme moins lourde ; en traduisant la pièce de Schiller intitulée die Ideale, ne vaudrait-il pas mieux dire les Idéals que les Idéaux ?

SYNONYME

1
IDÉAL, CHIMÈRE, UTOPIE. Gardons-nous de confondre l'idéal et la chimère ; la chimère est une fantaisie, une imagination sans raison, une conception contre nature ; les anciens en donnaient bien l'idée quand ils formaient leurs chimères de parties qui ne peuvent aller ensemble, le corps d'une chèvre, la tête d'un lion et la queue d'un dragon ; l'idéal n'est point cela : il n'est rien de monstrueux ; c'est proprement une chose existante prise dans sa perfection ; sans doute cette perfection n'est pas actuellement réalisée, mais la réalité y tend, c'est sa destinée, sa règle, l'ordre le meilleur où elle puisse être, et où elle s'efforce de se placer, c'est, dans la vie privée, la sainteté, dans la vie publique, la justice et la fraternité la plus complète, c'est-à-dire la perfection ; et il est également sûr que l'homme y tend et qu'il n'y arrivera jamais.
On reconnaît ici quelle ligne délicate sépare l'idéal et l'utopie : il s'agit de décider à quel point de perfection il est permis d'atteindre, et de ne pas passer au delà ; or il n'est pas aisé de marquer ce point, car l'homme et la société ont causé et réservent encore plus d'une surprise à ceux qui prétendent les borner
de E. BERSOT dans J. Débats du 22 oct. 1864

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Leur forme idéale [des beaux pensers]
de Philippe DESPORTES dans Cléonice, XX

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. idealis, de idea, idée.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez : Sur la question, discutée au Dictionnaire, de savoir s'il faut dire, au pluriel, idéaux ou idéals, voici des exemples contradictoires.
On ne les aperçoit pas [le Christ et la Vierge] à la façon des personnages idéaux, reculés dans une antiquité lointaine, ou confinés dans un ciel supérieur : on les sent corporels
de H. TAINE dans Journ. des Débats, 18 nov. 1866
Cette tendance réaliste..., qui consiste à déshabiller familièrement les idéals les mieux gardés par le charme ou le respect
de AUBRYET dans Monit. univ. 30 sept. 1867, p. 1257, 4e col.
2
On voit à l'historique que Desportes a employé le mot idéal. Malherbe l'en blâme, comme d'un mot d'école (Lexique, éd. L. Lalanne). Ce blâme est malheureux ; car idéal est excellent et il a eu une grande fortune.

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