Définition de HUMER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : hu-mé

DÉFINITIONS

1
Avaler quelque chose de liquide en retirant son haleine. Humer un bouillon, un oeuf.
Disant ces mots, son gosier altéré Humait un vin qui, d'ambre coloré, Sentait encor la grappe parfumée Dont fut pour nous la liqueur exprimée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Défense du mondain.
Humer l'air, le vent, le faire pénétrer dans les poumons.
Par un doux zéphyr réjouie [l'huître], Humait l'air, respirait, était épanouie
Humer le brouillard, s'y exposer.
Humer l'odeur des mets, les flairer avec délices.
Aspirer par le nez. Humer une prise de tabac.
Sémantique : Fig.
L'air précieux n'a pas seulement infecté Paris ; il s'est aussi répandu dans les provinces, et nos donzelles ridicules en ont humé leur bonne part
L'âme est contente et hume tout l'encens [de la flatterie] en elle-même
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées chrét. 22
Voilà, voilà pourtant l'air fétide, empesté [l'immoralité de certaines pièces de théâtre], L'air malsain que Paris, comme une odeur divine, Vient humer chaque soir de toute sa poitrine !
2
Se humer, Nature : v. réfl. Être humé. Un oeuf frais se hume aisément.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ceus [les oeufs] retint Rossel à son oes [à son service, pour lui] Trestoz, que nul n'en i lessa, L'un après l'autre les huma
dans Ren. 23392
Il semble la langue li arde, Et moult piteusement esgarde Tybert qui le let hume et boit
dans ib. 2763
Tant ot mangié bon buef as aus [à l'ail] Et du cras humé qui fu chaus...
de RUTEBEUF dans 282
2
XIVe s.
S'on vous fiert en la teste, tantost l'arez copée ; Vous estes abilliez, pour bien humer porée
dans Baud. de Seb. VIII, 243
En la fin leur convient faire humer caudel [boire le bouillon, en passer par-là]
de RUTEBEUF dans VI, 493
3
XVe s.
B. D'honneur assez - M. Chascun en hume
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Baillevent et Malepaie.
4
XVIe s.
Nous les humons [les préjugés] avec le laict de nostre naissance
de Michel de MONTAIGNE dans I, 116
Leurs esclairs [des armes], rayons et treluisements nous esblouyssoient, et humoient la veue
de Vincent CARLOIX dans VI, 39
Les bouillons trop chaudement humés nuisent beaucoup aux dents
de Olivier DE SERRES dans 904
Qui ne peult manger, hume bouillie
de GENIN dans Récréat. t. II, p. 248

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, houmer ; picard heumer. Origine inconnue. Diez demande si ce n'est pas une onomatopée. En tout cas, le sens primitif dans l'historique est avaler, en retirant son haleine, des oeufs, du lait, du gras, de la porée. Il y a dans l'espagnol husmear, flairer ; mais ni le sens ni la forme (le verbe français n'ayant point d's) ne conviennent.

Synonymes de HUMER

Termes proches de HUMER