Définition de HÉROS

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : hé-rô ; l's se lie : un hé-rô-z illustre

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme d'antiquité. Nom donné dans Homère aux hommes d'un courage et d'un mérite supérieur, favoris particuliers des dieux, et dans Hésiode à ceux qu'on disait fils d'un dieu et d'une mortelle ou d'une déesse et d'un mortel.
Ce héros [Achille] si terrible au reste des humains.... Elle l'a vu pleurer et changer de visage
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 1
Le peuple lui décerna [à Gélon] les honneurs qu'on rendait alors aux demi-dieux, appelés autrement les héros
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 455, dans POUGENS
L'histoire nous dit que les premiers héros n'ont été que des destructeurs de bêtes
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Anim. dom.
2
Sémantique : Fig. Ceux qui se distinguent par une valeur extraordinaire ou des succès éclatants à la guerre.
C'est un sujet de consolation pour notre pauvre humanité, de voir qu'il y a eu de l'homme dans les héros
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 6e disc.
Un héros arrêté n'a que deux bras à lui
de Pierre CORNEILLE dans Suréna, IV, 1
La tendresse n'est point la vertu des héros
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 3
Loin de nous les héros sans humanité ! ils pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font tous les objets extraordinaires ; mais ils n'auront pas les coeurs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Ce qui fait le héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu'au comble, valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le coeur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité de génie, voilà pour l'esprit...
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Il nous a dit qu'un héros était un voleur qui fait à la tête d'une armée ce qu'un voleur fait tout seul
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à l'abbé Gobelin, 9 février 1675
Ce héros [Mithridate] dans mes bras est tombé tout sanglant
de Jean RACINE dans Mithr. V, 4
Il semble que le héros est d'un seul métier, qui est celui de la guerre, et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l'épée, ou du cabinet, ou de la cour
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
On traite de héros un homme qui fait la conquête, c'est-à-dire qui subjugue injustement les pays d'un État voisin
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XXII, p. 286
Il y a une infinité de gens de guerre qui sont des héros dans l'action, et hors de là ne font guère de réflexions sur leur métier
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Ressons.
Il est assez ordinaire à ces héros qui brillent dans les combats et dans les actions guerrières, de paraître très faibles et très médiocres dans d'autres temps, et par rapport à d'autres objets
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. II, p. 297, dans POUGENS
Montrez-nous, héros magnanimes, Votre vertu dans tout son jour ; Voyons comment vos coeurs sublimes Du sort soutiendront le retour
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Ode à la Fortune.
Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans ib.
Charles XII, qui fut un héros, n'eut pas la prudence qui en eût fait un grand homme
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fragm. sur l'hist. art. 28
On appelait ces assassins des héros ; leur brigandage était de la gloire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Princ. de Babyl.
Un roi soldat est appelé un héros.... un monarque législateur, fondateur et guerrier est le véritable grand homme ; et le grand homme est au-dessus du héros ; je crois donc que vous serez content quand je ferai cette distinction
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Schouvalof, 17 juill. 1758
Et qu'est-ce qu'un héros ? - Mon enfant, c'est le brave
de Jean-François DUCIS dans Oscar, IV, 1
Les voilà ces héros si longtemps invincibles [les soldats de Waterloo] ! Ils menacent encor les vainqueurs étonnés ; Glacés par le trépas, que leurs yeux sont terribles ! Que de hauts faits écrits sur leurs fronts sillonnés !
de Casimir DELAVIGNE dans Messéniennes, Waterloo.
Il [Ney] donna trois heures au ralliement ; et, sans se laisser agiter par l'impatience et le péril de l'attente, on le vit s'envelopper de son manteau, et, ces trois heures si dangereuses, les passer à dormir profondément sur le bord du fleuve ; tant il avait le tempérament des grands hommes, une âme forte dans un corps robuste, et cette santé vigoureuse sans laquelle il n'y a guère de héros !
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. X, 8
[Le duc de Bordeaux] Sourd aux leçons efféminées Dont le siècle aime à les nourrir [les princes], Il saura que les destinées Font roi pour régner ou mourir ; Que des vieux héros de sa race Le premier titre fut l'audace, Et le premier trône un pavois
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. I, 15
Nature : Adjectivement.
Guise avec plus d'éclat [que Mayenne] éblouissait les yeux, Fut plus grand, plus héros, mais non plus dangereux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. III
3
Tout homme qui se distingue par la force du caractère, la grandeur d'âme, une haute vertu.
C'est du fils d'un tyran que j'ai fait ce héros
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. IV, 5
Ouvrez les yeux, chrétiens, et regardez ce héros dont nous pouvons dire comme saint Paulin disait du grand Théodose, que nous voyons en Louis, non un roi, mais un serviteur de Jésus-Christ, et un prince qui s'élève au-dessus des hommes plus encore par sa foi que par sa couronne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
L'amour peut bien remuer le coeur des héros du monde [Louis XIV], il peut y soulever des tempêtes et y exciter des mouvements qui fassent trembler les politiques, et qui donnent des espérances aux insensés ; mais il y a des âmes d'un ordre supérieur à ses lois...
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
On peut être héros sans ravager la terre
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. I
La grâce a ses héros
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. car. Drapeaux.
Le juste a la réalité de toutes les grandes vertus dont le héros mondain n'a souvent que la réputation et l'image
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. St Louis.
Tu [Brutus] veux être un héros, va, tu n'es qu'un barbare
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans M. de Cés. II, 1
Le vulgaire est content s'il remplit son devoir ; Il faut plus au héros
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. V, 3
On l'emploie quelquefois en ce sens par plaisanterie. Il a pris médecine en héros.
4
Sémantique : Terme de littérature. Personnage principal d'un poëme, d'un roman, d'une pièce de théâtre. Achille est le héros de l'Iliade.
....Un écrivain qui s'aime Forme tous ses héros semblables à soi-même
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Le personnage qu'on loue dans une solennité.
La solennité des éloges veut presque être soutenue par le faste du héros qu'on loue ; et il semble que l'orateur n'a jamais plus besoin d'art que lorsqu'il n'a qu'à louer la vérité et la justice
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Villars.
Héros de roman, héros qui figurent dans les romans de Mlle Scudéry [la Clélie, le Cyrus] et dont Boileau s'est moqué.
Elle y perdait [dans la lecture de l'histoire] insensiblement le goût des romans et de leurs fades héros
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Tous ces héros sont-ils connus dans l'histoire ? - Non ; il y en a beaucoup de chimériques parmi eux. - Des héros chimériques ! et sont-ce des héros ? - Comment ! Si ce sont des héros ! ce sont eux qui ont toujours le haut bout dans les livres et qui battent infailliblement les autres
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Héros de romans
Sémantique : Par extension. Héros de roman, personnage à qui il est arrivé des aventures extraordinaires.
Le comte de Guiche est à la cour, tout seul de son air et de sa manière : un héros de roman, qui ne ressemble point au reste des hommes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 89
Le héros d'une aventure, celui à qui elle est arrivée.
5
Le héros d'une chose, celui qui y brille d'une manière excellente en bien ou en mal.
Des pécheurs qu'on regardait comme des héros dans l'impiété
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Évid.
Protecteur de mon sang, héros de l'amitié
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreste, V, 7
Nous avons vu périr successivement tous ceux qui ont eu part à ces expéditions [mesures d'un degré du méridien] ; M. le Monnier reste seul ; il a réuni sur sa personne tous les sentiments qu'un zèle si généreux et si noble nous avait inspirés pour ces héros de l'astronomie
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Maurepas.
Chacun de ces derniers jours avait eu ses hommes remarquables ; entre autres celui du 16, Eugène, celui du 17, Mortier ; mais dès lors tous proclamèrent Ney le héros de la retraite
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. X, 9
Le héros du jour, l'homme qui, en un certain moment, attire sur soi toute l'attention du public.
Le héros de la fête, celui pour qui elle se donne.
On dit qu'un autre que moi est le héros de la fête
de FAGAN dans Pupille, 23
Sémantique : Familièrement. C'est son héros, c'est l'objet de son admiration.
Aux encens qu'elle donne à son héros d'esprit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femmes sav. I, 3
Le chevalier était son héros
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
6
Papillon diurne.

REMARQUE

1
L'h est aspirée dans héros ; mais elle ne l'est dans aucun des dérivés.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Heros, telz sont comme Diex ou anges
de Nicolas ORESME dans Thèse de MEUNIER.
2
XVIe s.
Telle troupe d'heros, l'eslite de la Grece, Accompagnoient Jason d'un coeur plein d'allegresse
de Pierre de RONSARD dans 840

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. heros, le terme grec vient du mot signifiant héros, qui se rattache au sanscrit vira ( i avec un accent bref), héros, lat. vir ; le terme grec est du petit nombre des mots où l'esprit rude représente un v et non une s.

Synonymes de HÉROS

Termes proches de HÉROS

Phonétiquement proche de HÉROS