Définition de GU?TRER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ru-mi-né

DÉFINITIONS

1
Opérer la rumination. Les boeufs ruminent ce qu'ils ont mangé.
Sémantique : Fig.
Il y a compensation à tout : si mes plaisirs sont rares et courts, je les goûte aussi plus vivement, quand ils viennent, que s'ils m'étaient plus familiers ; je les rumine, pour ainsi dire, par de fréquents souvenirs
Nature : Absolument.
Vous mangerez de tous les animaux qui ont la corne divisée en deux et qui ruminent ; mais vous ne devez point manger de ceux qui ruminent et dont la corne n'est point fendue
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Deutéron. XIV, 6
Le pourceau aussi vous sera impur, parce qu'encore qu'il ait la corne fendue, il ne rumine point
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans ib. XIV, 8
2
Sémantique : Fig. et familièrement. Penser et repenser à une chose.
Le boeuf vint à pas lents ; Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants
Les manichéens.... inféraient qu'il y avait un principe commun de tout mal, un souverain mal, pour ainsi parler, un dieu méchant dont tout le plaisir est de nuire, ruminant toujours en soi-même quelque dessein tragique et funeste
ruminez en vos esprits ce petit mot d'Origène : ne croyez pas qu'il suffise de s'être renouvelé une fois, il faut renouveler la nouveauté même
Si vous êtes à Fontainebleau, mon cher ange, je vous prie de ruminer tout cela dans votre tête très sage, et de le confier à votre bon coeur
Neutralement.
Il avait dans la terre une somme enfouie, Son coeur avec, n'ayant d'autre déduit Que d'y ruminer jour et nuit
Et quoique là-dessus je rumine sans fin
Pensif et arrêté sur mon cheval, je ruminais sur un fait si singulier
Nature : Absolument.
Je crains quelque révolte en son âme agitée ; Le voilà qui rumine
Qu'as-tu à ruminer ?

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Quant il i a grant quantité de forage devant eux [les boeufs], il mangent lour saülée, et puis seient et ronngent
dans Bibl. des chartes, 4e série, t. II, p. 368
Cil moine, cil abbé croulant Doivent touz jours lez un piler Siaumes [psaumes] rungier et mormeler
de GAUTIER DE COINCY dans p. 365
2
XIVe s.
Sain [graisse] de bestes qui ne rungent pas si comme porc, ou sius [suif] de bestes qui rungent si comme buef
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 10
3
XVIe s.
Mesme pour le labour, les boeufs ne cessent de ruminer, remaschans à loisir ce qu'en peu de temps ils ont mangé
de Olivier DE SERRES dans 295
Je ruminerai ceste matiere à par moy, et prendray advis à mon oreiller
de PALSGR. dans p. 508
Les plus jeunes [rossignols] ruminent pensifs [en écoutant les autres], et prennent à imiter certains couplets de chanson
de Michel de MONTAIGNE dans II, 174
Il n'y a rien, selon moy, plus illustre en la vie de Socrates, que d'avoir eu trente jours entiers à ruminer le decret de sa mort
de Michel de MONTAIGNE dans II, 386

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, roumir ; Berry, rouinger, runger, roincer, roinger ; norm. runger ; Nancy, ringer ; Jura, roingi ; prov. romiar, rominar ; espagn. ruminar ; ital. ruminare ; du lat. ruminare ou rumigare, de rumen, gosier (voy. RUMEN).

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