Définition de GRÂCE

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : grâ-s'

DÉFINITIONS

1
Ce qui plaît dans les attitudes, les manières, les discours (c'est le sens premier et étymologique).
Certes, vous avez grâce à conter ces merveilles
de Pierre CORNEILLE dans Ment. I, 5
Et la grâce plus belle encor que la beauté
de Jean de LA FONTAINE dans Adonis.
Clitandre auprès de vous me fait son interprète, Et son coeur est épris des grâces d'Henriette
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans F. sav. II, 3
Sa grâce et sa vertu sont de douces amorces
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. III, 2
Considérez la princesse ; représentez-vous cet esprit qui, répandu par tout son extérieur, en rendait les grâces si vives
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Le matin elle fleurissait, avec quelles grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l'Écriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines devaient être pour cette princesse si précises et si littérales
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Faites-nous voir, si vous le pouvez, toutes les grâces de cette douce éloquence qui s'insinuait dans les coeurs par des tours si nouveaux et si naturels
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Tant de biens, tant de grâces qui accompagnaient la princesse palatine lui attiraient les regards de toute l'Europe
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Elle sut conserver avec une grâce, comme avec une jalousie particulière, ce qu'on appelle en Espagne les coutumes de qualité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce Qui me charme toujours et jamais ne me lasse
de Jean RACINE dans Esth. II, 7
Oui, vos moindres discours ont des grâces secrètes
de Jean RACINE dans ib. III, 4
Vous savez la grâce dont elle est à cheval
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
C'était même une de ses grâces que de ne point songer à en avoir
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 4e part.
Elle l'embellissait de toutes les grâces de son caractère, et ces grâces-là n'ont point d'âge
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 6e part.
La grâce en s'exprimant vaut mieux que ce qu'on dit
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Trois manières.
La grâce en peinture, en sculpture, consiste dans la mollesse des contours, dans une expression douce ; et la peinture a, par-dessus la sculpture, la grâce de l'union des parties, celle des figures qui s'animent l'une par l'autre et qui se prêtent des agréments par leurs attributs et leurs regards
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Grâce.
La voix d'un orateur qui manquera d'inflexion et de douceur sera sans grâce
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib.
Tant de prétentions, tant de petites grâces Que je mets, vu leur date, au nombre des grimaces
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Méchant, IV, 9
La grâce n'appartient guère qu'aux natures délicates
de Denis DIDEROT dans Pensées sur la peint. Oeuv. t. XV, p. 229, dans POUGENS.
L'enfant a de la grâce ; il la conserve dans l'âge adulte, elle s'affaiblit dans l'âge viril, elle se perd dans la vieillesse
de Denis DIDEROT dans ib.
Qui peut résister aux séductions de la grâce ? fût-elle même dédaigneuse, elle serait encore toute - puissante
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, VI, 1
Là sous la douleur qui le glace, Ton sourire perdit sa grâce
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 1
Familièrement et ironiquement. Faire ses grâces, se donner des grâces, vouloir prendre un air gracieux, des façons gracieuses.
Étaler ses grâces se dit à peu près dans le même sens.
Bonne grâce, grâce relevée de quelque chose de simple, de franc et de libre.
Si quelqu'une est difforme, elle aura bonne grâce
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VII
Pleine d'appas, jeune et de bonne grâce
de Jean de LA FONTAINE dans Or.
Pour sa personne, elle vous plairait sans beauté, parce qu'elle est d'une taille parfaite, et d'une bonne grâce à tout ce qu'elle fait
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 286
Nous ne sommes pas de votre opinion, Mme de Coligny et moi, sur la critique que vous faites de la maxime qui dit que la bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit ; nous croyons que M. de la Rochefoucauld veut dire que le corps sans la bonne grâce est aussi désagréable que l'esprit sans le bon sens ; et nous trouvons cela vrai ; nous croyons encore qu'il y a de la différence entre la bonne grâce et le bon air, que la bonne grâce est naturelle, et le bon air acquis ; que la bonne grâce est jolie, et le bon air beau ; que la bonne grâce attire l'amitié, et le bon air l'estime
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans Lett. à Corbinelli, 31 déc. 1678, t. v, p. 512, de SÉV. édit. RÉGNIER.
Certain air de dévotion, Lorsque l'on n'est plus jeune, a toujours bonne grâce
de DESHOULIÈRES dans t. II, p. 71
Bonne grâce, se dit aussi des choses.
Oui, mais notre retour aurait-il bonne grâce ?
de Jean de MAIRET dans Soliman, I, 2
En un sens opposé, mauvaise grâce. Personne de mauvaise grâce.
Mauvaise grâce, se dit aussi des choses.
Que tout cet artifice est de mauvaise grâce !
de Pierre CORNEILLE dans Poly. v, 3
La menace impuissante est de mauvaise grâce
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. I, 4
Et ce qui leur sied bien, dans ces commencements, En nous, vieux mariés, aurait mauvaise grâce
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amph. I, 4
Que la plaisanterie est de mauvaise grâce !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 1
De bonne grâce, volontiers, sans répugnance, sans se faire prier.
Nous le recevrons lors de bien meilleure grâce
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. II, 3
Cédons de bonne grâce, et d'un esprit content Remettons à Dircé tout ce qu'elle prétend
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, I, 5
Il a voulu faire les choses de bonne grâce, et vous pouvez lui donner ma soeur
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mar. forcé, I, sc. dern.
La bonne grâce qui donne tant de prix aux petits services
de Jacques Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE dans Paul et Virg.
De mauvaise grâce, avec un air mal gracieux, à regret, comme par contrainte.
Il ne sait pas faire les choses de mauvaise grâce
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 578
Je n'ai pas assurément à me reprocher d'avoir mal répondu dans mon coeur à ses bontés, mais bien d'y avoir répondu quelquefois de mauvaise grâce, tandis qu'il mettait lui-même une grâce infinie dans la manière de me les marquer
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. x.
N'avoir pas bonne grâce, avoir mauvaise grâce de faire ou à faire telle ou telle chose, faire quelque chose qui est contre la raison ou contre la bienséance. Un fils n'a pas bonne grâce de plaider contre son père.
Vous avez mauvaise grâce de parler de la sorte
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Crisp. médec. III, 6
2
Agréments dans les choses, les animaux, La grâce et la légèreté du cerf.
Il [son habit de bergère] avait une telle grâce sur elle, que, si son ennemie l'eût vue avec cet habit, elle [Vénus] lui en aurait donné un de déesse en la place
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, t. II, p. 154
La qualité d'ambassadeur Peut-elle s'abaisser à des contes vulgaires ? Vous puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 4
Tout reçoit dans ses mains une nouvelle grâce
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Tu [la paix] pares nos jardins d'une grâce nouvelle, Tu rends le jour plus pur et la terre plus belle
de Jean RACINE dans Idylle sur la paix.
Les grâces dont la nature a orné la campagne
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. II
Sémantique : Par extension.
Quelque grâce qu'aient à ses yeux [de Jésus-Christ] les larmes d'un pénitent
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er sermon, Nativité de la Ste Vierge, 1
Qualité du style qui consiste surtout à exprimer ses pensées d'une manière élégante, sans aucune peine apparente ; c'est l'élégance unie à la facilité.
Les grâces de la diction, soit en éloquence, soit en poésie, dépendent du choix des mots, de l'harmonie des phrases, et encore plus de la délicatesse des idées et des descriptions riantes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. ph. Grâce.
L'abus des grâces est l'afféterie, comme l'abus du sublime est l'ampoulé ; toute perfection est près d'un défaut
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib.
Cette expression a de la grâce, elle donne du charme au passage où elle est placée.
3
Sémantique : Terme de mythologie, qui est la personnification du sens de gracieux. Nom donné aux trois déesses compagnes de Vénus (on met un grand G). Les trois Grâces, Aglaé, Thalie et Euphrosyne.
Dans les personnes, dans les ouvrages, grâce signifie non-seulement ce qui plaît, mais ce qui plaît avec attrait ; c'est pourquoi les anciens avaient imaginé que la beauté ne devait jamais paraître sans les Grâces
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Grâce.
Sémantique : Fig. Sacrifier aux Grâces, avoir une grande élégance dans ses manières, dans ses discours.
J'ai sacrifié aux Grâces [dit le hibou], Vénus a mis sur moi sa ceinture dès ma naissance
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XIX, p. 44
Sémantique : Fig. Les Grâces présidèrent à sa naissance, les Grâces ont pris soin de la former, se dit d'une femme, d'un enfant qui a beaucoup de grâces naturelles.
Vous parlerai-je de ses pertes et de la mort de ses chers enfants ? ils lui ont tous déchiré le coeur ; représentons-nous ce jeune prince, que les Grâces semblaient avoir elles-mêmes formé de leurs mains ; pardonnez-moi cette expression ; il me semble que je vois encore tomber cette fleur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Marie-Thér.
On dit dans le même sens : Les récits de cet auteur semblent dictés par les Grâces ; Les Grâces accompagnent ses pas.
4
Sémantique : Terme de tapissier. Les bonnes grâces d'un lit, les étoffes qu'on attache vers le chevet et vers les pieds du lit, pour accompagner les grands rideaux ; il ne se dit plus qu'en parlant des lits à l'ancienne mode.
On appelle bonnes grâces les demi-rideaux d'un lit qui sont aux deux côtés du chevet
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Grâce.
5
Jeu des grâces, jeu analogue au jeu de volant, et qui se joue avec un petit cerceau et des bâtonnets, ainsi nommé parce que les bras s'y développent avec grâce.
6
Sémantique : Par extension du sens de gracieux, bienveillance qu'une personne accorde à une autre.
Je puis croire pourtant, Sans trop de vanité, que je suis en sa grâce
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. I, 3
Et remettez le fils en grâce avec le père
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 1
De plus coupables y entraient en grâce dès qu'ils le voulaient
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 5
Le duc de Bouillon, reçu en grâce à la cour, et raccommodé en apparence avec le cardinal, jura d'être fidèle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 76
Être en grâce auprès du prince, ou de quelque personne puissante, lui plaire, avoir sa bienveillance, sa faveur.
Sémantique : Fig. Être en grâce avec l'argent, avoir de l'argent.
Vous voilà donc en grâce avec l'argent comptant
de Jean-François REGNARD dans Joueur, III, 6
Sémantique : Fig. Rentrer en grâce, se plaire de nouveau à.
La médiocrité [fortune médiocre] revient, on lui fait place ; Avec elle ils rentrent en grâce
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 6
Revenir en grâce, plaire de nouveau.
Le café pourra revenir en grâce
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 478
Pour gagner les bonnes grâces du victorieux
de Pierre CORNEILLE dans Ex. de Pomp.
Pour acquérir les bonnes grâces de la Vierge Marie
de Blaise PASCAL dans Prov. IX
Les Ariens cachèrent leurs erreurs, et rentrèrent dans ses bonnes grâces [de Constantin] en dissimulant
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
Elle livra aux Romains une place de grande importance, où étaient les trésors de Mithridate, pour mettre son fils dans les bonnes grâces de Pompée
de Jean RACINE dans Mithr. Préf.
Bonnes grâces, en parlant d'une femme, amour, faveurs.
Le bruit commun était qu'il avait eu ses bonnes grâces, avant qu'elle fût mariée
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 8
Il [Alcibiade] sut si bien gagner les bonnes grâces de la femme du roi Agis, qu'il en eut un fils, qu'on appelait en public Léotychide, mais que sa mère en particulier, parmi ses femmes et ses amies, ne rougissait point d'appeler Alcibiade
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 645, dans POUGENS
Un musicien, David Rizzio, fut trop avant dans ses bonnes grâces [de Marie Stuart]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 169
7
Ce qui est accordé à quelqu'un comme lui étant agréable, utile, sans lui être dû strictement (c'est un sens détourné du sens de gracieux, agréable).
Je demande la mort pour grâce ou pour supplice
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 7
On lui dit qu'au Japon La fortune pour lors distribuait ses grâces
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 12
Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger par-devant notaire de me faire vivre encore trente années, si je puis lui obtenir une grâce de Votre Majesté [un canonicat pour son fils]
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. 3e placet.
Pour les grâces du roi, il faut toujours les espérer quand on les mérite toujours comme M. de Grignan
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 312
Donnez des grâces aux familles qui augmentent la culture
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XI
Sémantique : Fig.
Ainsi les coeurs sont saisis d'une joie soudaine par la grâce inespérée d'un beau jour d'hiver, qui, après un temps pluvieux, vient réjouir tout d'un coup la face du monde
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Marie-Thér.
Demander en grâce, demander comme une grâce, c'est-à-dire instamment.
Elle a demandé en grâce de venir dans le diocèse de Meaux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. quiét. 116
Faire la grâce de, formule de politesse.
C'est trop de grâce que vous me faites
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Pourc. I, 5
Je ne suis nullement surpris, monsieur, d'apprendre par la lettre que vous m'avez fait la grâce de m'écrire, que plusieurs personnes sont mal édifiées de vous voir communier presque tous les jours
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVII, p. 497
Il ne me reste plus qu'à vous remercier de vos observations ; s'il vous en vient quelques-unes, faites-moi la grâce de me les communiquer
de Denis DIDEROT dans Lett. sur les sourds-muets.
Grâce expectative, rescrit du pape qui ordonne au collateur de donner le premier bénéfice vacant de sa collation à une personne que ce rescrit désigne.
Chevaliers de grâce, ceux qui étaient dispensés de faire preuve de noblesse à la rigueur, dans les ordres de chevalerie.
Commanderies de grâce, celles dont le grand maître d'un ordre a la libre disposition, par opposition à commanderies de rigueur, celles que les chevaliers obtiennent à leur rang.
Dieu grâce, la grâce à Dieu, par la faveur du ciel.
C'est que la pauvreté comme moi les affole, Et que, la grâce à Dieu, Phébus et son troupeau, Nous n'eûmes sur le dos jamais un bon manteau
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. II
Ils sont, Dieu grâce, madame, en parfaite santé
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Comtesse, 17
Cela lui vient de la grâce de Dieu, cela lui vient de Dieu grâce, c'est une chose avantageuse qu'il obtient sans qu'il y ait contribué par ses soins ou ses efforts.
Il [Chevreuse] était presque sans ressource, lorsque le gouvernement de Guyenne lui tomba de Dieu grâce, sans qu'il y eût pensé
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 336, 155
Cette chose est venue de la grâce de Dieu, c'est-à-dire qu'on ne sait d'où elle est venue.
Par la grâce de Dieu, formule que les princes souverains ont coutume de mettre dans leurs titres.
Le roi reçut son hommage, et lui permit de se dire prince d'Orange par la grâce de Dieu, de battre monnaie, de donner rémission, hors pour le crime d'hérésie et de lèse-majesté
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Hist. de Louis XI, Oeuv. t. III, p. 65, dans POUGENS.
Dans le style badin.
Lise qui règne par la grâce Du dieu qui nous rend tous égaux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Polit.
De grâce, par grâce, par pure bonté.
On vous donne, de grâce, une heure à vous résoudre
de Pierre CORNEILLE dans Théod. III, 1
De grâce, achevez
de Pierre CORNEILLE dans Cid, I, 9
Profitons de l'instant que de grâce il nous donne
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. III
Mais, de grâce, est-ce à moi que ce discours s'adresse ?
de Jean RACINE dans Andr. II, 2
De sa grâce, par sa pure et simple volonté, de son chef.
Le pédant, de sa grâce, Accrut le mal en amenant Cette jeunesse mal instruite
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 5
Votre coeur magnifique Me promit de sa grâce une bague....
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Dép. amour. I, 2
Revel était frère de Broglie, que M. le duc fit, de sa grâce, en son temps maréchal de France
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 187, 248
8
Sémantique : Terme de théologie qui provient du sens précédent, la grâce étant une faveur. Secours intérieur accordé par le ciel pour l'exercice du bien et pour la sanctification.
Il [Dieu] est toujours tout juste et tout bon ; mais sa grâce Ne descend pas toujours avec même efficace ; Après certains moments que perdent nos longueurs, Elle quitte ces traits qui pénètrent nos coeurs
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 1
Nous appelons grâce actuelle une inspiration de Dieu par laquelle il nous fait connaître sa volonté et par laquelle il nous excite à la vouloir accomplir
de Blaise PASCAL dans Prov. IV
La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le coeur par la grâce
de Blaise PASCAL dans Pensées, art. XXIV, 3, édit. LAHURE, 1860
Je crois, comme vous, qu'il faut un peu de grâce et que la philosophie seule ne suffit pas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 96
On peut voir dans le même colloque l'état présent des controverses en Allemagne entre les luthériens et les calvinistes, et on voit que la doctrine constante des théologiens de la confession d'Augsbourg est que la grâce est universelle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. XIV, § 106
Le temps a été court, je l'avoue ; mais l'opération de la grâce a été forte ; mais la fidélité de l'âme a été parfaite.... la grâce, cette excellente ouvrière, se plaît quelquefois à renfermer en un jour la perfection d'une longue vie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Quoique, sans menacer et sans avertir, elle [la mort] se fasse sentir tout entière dès le premier coup, la grâce, plus active encore, l'a déjà mise [la princesse] en défense
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
L'opération de la grâce se reconnaît dans les fruits
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Quand on a connu Jésus-Christ et qu'on a eu part à ses grâces
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Il ne faut point manquer à de telles grâces, ni les recevoir avec mollesse : la prin cesse palatine change en un moment tout entière....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Ce nom nouveau du Sauveur est celui de l'Eucharistie, nom composé de biens et de grâces
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Il ne faut qu'une passion d'envie pour anéantir dans nous tous les effets de la grâce
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Passion de J. C. t. I, p. 260
Les grâces de Dieu ne sont pas seulement pour nous des dons de Dieu, ni des bienfaits de sa miséricorde, mais de grandes charges devant Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Dim. de la Sexag. Dominic. t. I, p. 417
Grâces délicates, parce qu'on les perd aisément, et que Dieu nous en prive quelquefois pour les plus légères infidélités
de Louis BOURDALOUE dans 9e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 155
La grâce qui est en nous n'est autre chose que la grâce de la pénitence, et par conséquent de l'humilité même
de Louis BOURDALOUE dans Purif. de la Vierge, Myst. t. II, p. 176
Pour ressusciter dans la gloire, il faut par une sainte persévérance mourir dans la grâce
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Rés. de J. C. t. I, p. 359
Ô grâce, ô rayon salutaire, Viens me mettre avec moi d'accord ; Et, domptant par un doux effort Cet homme qui t'est si contraire, Fais ton esclave volontaire De cet esclave de la mort
de Jean RACINE dans Cantique 3
Sémantique : Fig.
Je vous ai déjà dit qu'il me fallait du temps [pour faire une tragédie], de la santé et flatus divinus ; j'attends le moment de la grâce
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 3 mai 1756
Grâce suffisante, grâce donnée généralement à tous les hommes, soumise de telle sorte au libre arbitre qu'il la rend efficace ou inefficace à son choix, sans aucun nouveau secours de Dieu.
La grâce justifiante, celle qui rend juste intérieurement.
Il faut que cette plante divine [la dilection] ne soit pas seulement semée, mais qu'elle ait commencé de prendre racine dans l'âme avant qu'elle reçoive la grâce justifiante
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Vérit. convers. 3
On dit dans le même sens, grâce sanctifiante.
Quand je dis la grâce, j'entends celle que les théologiens appellent grâce sanctifiante et qui est en nous le plus précieux de tous les dons de Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Concept. de la Vierge, t. II, p. 4
Grâces naturelles, dons naturels que la Providence accorde aux gentils comme aux chrétiens, aux méchants comme aux bons.
Grâces surnaturelles, celles qui ont rapport au salut éternel.
L'ordre de la grâce, l'ensemble des secours de la grâce que Dieu donne aux hommes.
Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujettis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c'est la loi du pays que nous habitons ; et nous ne possédons aucun bien, même dans l'ordre de la grâce, que nous ne puissions perdre un moment après par la mutabilité naturelle de nos désirs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Être en état de grâce, n'avoir sur la conscience aucun péché mortel.
Grâce d'état.
C'est un état où Dieu, par une suite immanquable, donne à chacun des grâces de salut et de sanctification, et non-seulement des grâces communes, mais des grâces propres et particulières que nous appelons pour cela des grâces de l'état
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 76
Il donne la grâce de commander à celui qui doit commander, et la grâce d'obéir à celui qui doit obéir
de Louis BOURDALOUE dans 10e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 220
An de grâce, se dit des années de l'ère chrétienne. Calendrier pour l'an de grâce 1865. Hors de cette phrase, il ne se dit guère qu'en plaisantant.
9
Coup de grâce, dernier coup que l'exécuteur appliquait sur l'estomac du patient roué vif, et qui, hâtant sa fin, semblait une sorte de miséricorde.
Sémantique : Fig. Ce qui achève de ruiner, de perdre quelqu'un. Vous lui avez porté le coup de grâce.
Je fus hué : ce dernier coup de grâce M'allait sans vie étendre sur la place
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pauvre diable.
10
Ancien terme de commerce. Jours de grâce, délai de dix jours accordé à celui sur lequel une lettre de change était tirée.
Cela est échu, mais j'ai encore les dix jours de grâce
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans les Agiot. II, 1
On disait dans le même sens : délai de grâce.
Dans le langage général, ce qui est accordé au delà du terme ordinaire. Des jours chauds au mois de décembre sont des jours de grâce. J'ai quatre-vingts ans, toutes les années que je vivrai seront des années de grâce.
11
Pardon, indulgence (le pardon étant une sorte de faveur).
Je voudrais comme vous faire grâce à son âge
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 1
Il ne faut point de grâce à qui se voit sans crime
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. v, 2
J'aurais peine, seigneur, à lui refuser grâce
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. I, 3
Reine, voyez pour qui vous me demandiez grâce
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 5
Et l'on donne grâce aisément à ce dont on n'est pas le maître [et nous pardonnons aisément des transports dont on n'est pas le maître]
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amph. II, 6
Elle a vu venir le coup sans demander grâce
de Esprit FLÉCHIER dans Mme de Montausier.
Dieu ne fait jamais grâce à qui ne l'aime point
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épit. XI
S'il venait à mes pieds me demander sa grâce
de Jean RACINE dans Andr. II, 1
Trouver grâce aux yeux, devant les yeux, être excusé, pardonné.
Crois qu'un bonze modeste, un dervis charitable Trouvent plutôt grâce à ses yeux [de Dieu] Qu'un janséniste impitoyable Ou qu'un pontife ambitieux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pour et contre.
Eh quoi ! devant vos yeux nos tyrans trouvent grâce !
de Casimir DELAVIGNE dans Vêpres sicil. sc. suppr.
Il signifie aussi, plaire, gagner la faveur ; ne se dit que d'une personne inférieure à l'égard d'une autre.
Esther lui plut et trouva grâce devant lui
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Esther, II, 9
Mme de T. a trouvé grâce devant Mme de Montespan
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 370
Devant ses yeux cruels une autre a trouvé grâce
de Jean RACINE dans Phèd. IV, 5
Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant vos yeux
de Jean RACINE dans Esth. II, 7
Faire une grâce, faire grâce à quelqu'un, lui accorder ce qu'il ne pourrait justement exiger. En vous accordant cela, on vous fait une grâce.
En ce mauvais monde où nous vivons, quand on nous fait justice, imaginons-nous qu'on nous fait grâce
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 6e disc.
Ironiquement et familièrement. Vous me faites là une belle grâce. Voilà vraiment une belle grâce.
Faire trop de grâce, se dit ironiquement de quelqu'un qui reçoit hautainement des avances, des compliments, qui se prête hautainement à telle ou telle chose.
Comme un homme qui fait trop de grâce de se laisser louer
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XI
Faire grâce de, ne pas exiger. Il lui a fait grâce d'une partie de sa dette.
On fait grâce d'une chose en s'emparant du reste ; les commis lui prirent tous ses effets, et lui firent grâce de son argent
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Grâce.
Sémantique : Fig. Faire grâce de, épargner quelque chose à quelqu'un. Il m'a lu tout son poëme, sans me faire grâce d'un hémistiche.
Le reste des idées de cet auteur [Bohemius] sont de la même force, et nous en ferons grâce au lecteur
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Théosophes).
Nature : Absolument. Grâce ! ne continuez pas. Grâce ! ce que vous me dites me peine.
Sémantique : Par ironie. Faites-moi grâce de vos observations, épargnez-les-moi.
Faire grâce, avec un nom de chose pour sujet, être une grâce, une faveur.
Mon refus lui fait grâce, et, malgré ses désirs, J'épargne à sa vertu d'éternels déplaisirs
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 2
Sémantique : Fig. Faire grâce à quelque chose, l'accepter.
Je suis comme vous, je fais grâce à l'esprit en faveur des sentiments
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. 5 août 1675
12
Particulièrement, remise de la peine que le prince fait à un condamné. Le souverain a le droit de grâce. Recours en grâce. Il a obtenu sa grâce. Signer une grâce.
J'ai eu ma grâce de cette affaire. - Oui, mais cette grâce n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et des amis
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Juan, I, 2
Le prince perdrait le plus bel attribut de sa souveraineté, qui est celui de faire grâce
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. VI, 5
Lettres de grâce, ou, simplement, grâce, lettres par lesquelles le souverain accorde la grâce d'un criminel.
C'est un grand ressort des gouvernements modérés que les lettres de grâce ; ce pouvoir que le prince a de pardonner, exécuté avec sagesse, peut avoir d'admirables effets
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. VI, 16
Nature : Absolument. Grâce ! Demander grâce, crier grâce !
13
Remercîment, témoignage de reconnaissance (le remercîment étant quelque chose de gracieux).
Je rends grâces aux dieux de n'être pas Romain
de Pierre CORNEILLE dans Hor. II, 3
Mme de Lafayette vous rend mille grâces
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1
M. le cardinal vous rend grâces très humbles
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 111
Il rendit grâces aux dieux par d'innombrables sacrifices
de FÉN dans Tél. VIII
On dit aussi actions de grâces. Rendre des actions de grâces.
[Après la bataille de Rocroi] l'armée commença l'action de grâces ; toute la France suivit ; on y élevait jusqu'au ciel le coup d'essai du duc d'Enghien
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Sémantique : Fig. Rendre grâce à quelque chose, attribuer à quelque chose une action favorable.
Rendez grâce au seul noeud qui retient ma colère
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 6
Grâce à Dieu, grâce au ciel, par la faveur du ciel, heureusement, par bonheur. Il se porte mieux, grâce à Dieu.
On dit aussi grâces au ciel dans la poésie ou le style élevé.
Enfin, grâces aux dieux, j'ai moins d'un ennemi
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. v, 1
Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles !
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 3
Sémantique : Ironiquement.
Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance
de Jean RACINE dans Andr. v, 5
Grâce à vous, grâce à vos soins, formules polies de remercîment.
Grâce à, grâces à, quand il s'agit de choses, signifie : par elles, par leur action.
Comme le nombre d'oeufs, grâce à la renommée, De bouche en bouche allait toujours croissant
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 6
Grâce à vos opinions nous avons....
de Blaise PASCAL dans Prov. v.
Grâce aux préventions de son esprit jaloux, Nos plus grands ennemis ont combattu pour nous
de Jean RACINE dans Brit. v, 1
Sémantique : Ironiquement. Grâce à votre maladresse.
14
Nature : Au plur. Prière que l'on fait après le repas. Dire grâces. Les grâces dites.
Sémantique : Fig. et familièrement. Dire grâces avant le bénédicité, intervertir l'ordre des choses, et, par exemple, vivre maritalement avant d'avoir contracté le mariage.
On me reproche de dire grâces sans avoir dit bénédicité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Babyl. 11
Sémantique : Fig. Venir dire grâce ou des grâces, aller remercier son bienfaiteur. Beaucoup sollicitent ; peu, après qu'ils ont obtenu, viennent dire grâces.
15
Titre d'honneur des ducs d'Angleterre. Sa Grâce le duc de....
Grâce, en cet emploi, prend un G majuscule.
16
Grâce de saint Paul, nom donné, dans l'île de Malte, à une terre blanche qui passe pour un remède contre la morsure des vipères, ainsi dite de saint Paul qui y fut mordu par un serpent.

REMARQUE

1
1. On a disputé entre les grammairiens du XVIIe siècle si, à côté de grâces à Dieu, on pouvait dire aussi grâce à Dieu. Vaugelas condamnait le singulier, parce qu'en ce sens grâces vient de la prière dite grâces. Mais l'usage a prévalu de dire indifféremment le pluriel et le singulier.
2
2. On a aussi discuté la question de savoir si l'on pouvait dire indifféremment gagner les bonnes grâces et gagner la bonne grâce de quelqu'un. L'usage s'est prononcé pour le pluriel.
3
3. Le Dieu grâce, la grâce Dieu, sont des archaïsmes représentant Dei gratia, gratia Dei, et très corrects alors que la langue avait deux cas, Dieus, du lat. Deus, Dieu, du lat. Dei ou Deo.

SYNONYME

1
GRÂCE, FAVEUR. Êtymologiquement, grâce est ce qui est agréable, qui vient à gré ; faveur est ce qui favorise. De là naît la nuance quand ces deux mots se touchent ; grâce emporte toujours avec soi quelque chose de son sens étymologique.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Par la Deu grace qui en la crois fu mis
dans Ronc. p. 71
J'alasse à Dieu graces et merciz rendre De ce que....
dans Couci, XXIV
Quant est desordenez [il a perdu la prêtrise], s'il puet à Rome aler, S'il i puisse la grace l'apostolie [pape] encontrer, Qu'il lui duinse [donne] cungié sulement de chanter
dans Th. le mart. 30
2
XIIIe s.
Et par la grace de Dieu si advint que li quens [comte] Thiebaus de Champaigne et de Brie prist la crois
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans II
Et avint qu'il fu esleus des barons d'Alemaigne à roi d'Alemaigne par la grasse del pape
dans Chr. de Rains, p. 114
Qui de fame vuet avoir grace
dans la Rose, 9749
Por ce voil [je veux] que tu la desprises [la fortune], Et que sa grace riens ne prises
dans ib. 6378
De nule riens qui touque [touche] à cas de justice temporel, le [la] justice laie n'est tenue à obeir au commandement de le [la] justice esperituel, selonc nostre coustume, se n'est par grace
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 11
Tout soit il ainsi que il n'ait pas en noz [nous] toutes les graces qui doivent estre en homme qui s'entremet de baillie....
de Philippe de BEAUMANOIR dans I, 1
Tandis que le roy oÿ ses graces
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 256
3
XIVe s.
Les autres qui mettent felicité es biens de l'ame, si sont et ont esté peu de hommes vertueux et glorieux et de grace renommée
de Nicolas ORESME dans Éth. XVIII
Car on doubtoit Bertran, sa grace et son renom, Que par trestout le monde couroit son grant renom
dans Guesclin. 16942
Jehan Fenin, qui estoit homs rioteux et felons et melleys [querelleur], ayans mauvaise grace en la dite ville et en tous les lieux où cogneuz estoit
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans gratia.
4
XVe s.
[Que je puisse] encheoir en leur grace [des lecteurs]
de Jean FROISSART dans Prol.
L'an de grace mil trois cent quarante un
de Jean FROISSART dans I, I, 157
Les seigneurs d'Angleterre lui dirent [au roi d'Angleterre], sauve sa grace, que....
de Jean FROISSART dans I, I, 193
Le duc de Lancastre n'estoit mie bien en la grace du commun peuple
de Jean FROISSART dans II, II, 4
Il y avoit un chevalier capitaine de Nordvich qui s'appeloit messire Robert Salle ; point gentilhomme n'estoit, mais il avoit la grace, le fait et renommée d'estre sage et vaillant homme aux armes
de Jean FROISSART dans ib. II, II, 114
Icelluy Gerardin dist par esbatement : Il nous faut faire les graces des Lombars ; les quelles graces il entendoit jouer aux dez
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans gratia.
Très haut, très puissant et très redouté seigneur, monseigneur le duc de Bourgogne, comme je Evrard de la Marche ay escrit par devers vostre grace, pour que icelle vostre grace....
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans ib.
Les graces que j'ay receues de luy [de Louis XI]
de Philippe de COMMINES dans Prol.
Suppliant au roy l'avoir tousjours en sa bonne grace
de Philippe de COMMINES dans I, 1
Tous les chrestiens furent sur les champs, tous estans en estat de grace, comme il appartenoit
dans J. de Saintré, ch. 60
5
XVIe s.
La civilité, comme la grace et la beauté, est conciliatrice des....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 52
On le desbandoit pour luy lire sa grace
de Michel de MONTAIGNE dans I, 91
La grace et bienseance des vestements despend de....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 119
J'y ferois pourtraire la joye et Flora et les Graces
de Michel de MONTAIGNE dans I, 184
Callisthenes perdit la bonne grace d'Alexandre pour....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 185
Avecques la grace de Dieu je l'ay passée doulce et aysée [ma vie]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 219
Une telle largesse faict vergongne à qui la receoit, et se receoit sans grace
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 9
Cela ayda jadis à mettre la poesie en la male grace des sages
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 341
Or sommes nous, la grace à Dieu, par beaucoup de perils et flots estrangers, rendus au port, à seureté
de Joachim DU BELLAY dans I, 40, recto.
Il ne demoura aux nopces que jusques aux graces quand l'on offre du vin aux dieux
de Jacques AMYOT dans Péric. 12
Il alloit gaignant la bonne grace des soudards par....
de Jacques AMYOT dans Fab. 13

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguign. graice ; provenç et espagn. gracia ; portug. graça ; ital. grazia ; du lat. gratia, de gratus, agréable (voy. GRÉ).

Synonymes de GRÂCE

Termes proches de GRÂCE