Définition de GOÛTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : goû-té

DÉFINITIONS

1
Sentir par le sens du goût ce qui est savoureux. Il goûte ce qu'il mange.
Nature : Absolument. Il avale sans goûter.
Se dit aussi des choses dont on ne juge que par l'odorat. Goûtez ce tabac.
2
Vérifier la saveur d'une chose, en mettant dans la bouche une petite quantité de cette chose. Le cuisinier n'a pas goûté cette sauce.
3
Sémantique : Fig. Approuver, trouver bon et agréable.
J'écoute la raison, j'en goûte les avis
L'époux goûta quelque peu ces raisons
de Jean de LA FONTAINE dans Rémois.
L'âne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller, Se plaint en son patois....
Ils tâchaient de faire goûter leur gouvernement aux peuples
Sa doctrine ne pouvait être goûtée dans un lieu où l'on ne suit que les règles d'une politique mondaine
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Pass. de J. C. t. I, p. 178
Le chevalier de Folard espérait faire goûter à ce prince [Charles XII] les nouvelles idées qu'il avait sur la guerre
La comédie est belle et le charme est divin ; Pour moi, j'y goûte fort, car j'aime la nature, Ces héros villageois beaux esprits sous la bure
Le roi avait de la répugnance à se détacher de Calonne ; il goûtait son travail
M. Rifador ne paraît pas goûter extrêmement que votre famille vous donne une fête
Sémantique : Terme de manége. Goûter la bride, se dit du cheval qui s'accoutume aux effets du mors.
4
Faire cas de, avoir du goût pour, en parlant des personnes.
Je n'ai pas douté que ce prédicateur ne fût goûté
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 120
C'est un avantage rare à un savant d'être goûté par un prince, et, pour tout dire aussi, c'est un avantage rare à un prince de goûter un savant
Plus M. Fagon vit Mme de Maintenon de près, plus il admira sa vertu et goûta son esprit
de Mme DE CAYLUS dans Souven. p. 76, dans POUGENS
Louis XIV goûta le caractère de l'abbé Fleury
de MAIRAN dans Élog. du card. Fleury.
Votre frère entre nous goûte fort cette veuve
de BOISSY dans Deh. tromp. I, 1
Sémantique : Terme de dévotion. Goûter Dieu, servir Dieu avec amour.
Ils [les actes réduits en formule] ont leur utilité dans ceux qui commencent à goûter Dieu
5
Sentir avec plaisir, jouir de.
N'épargnez point mon sang, goûtez sans résistance La douceur de ma perte et de votre vengeance
Lieux que j'aimais toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ?
Ainsi est mort le P. Bourgoing ; et voilà qu'étant arrivé à la bienheureuse terre des vivants, il voit et il goûte en la source même combien le Seigneur est doux
Goûter innocemment le peu de biens que la nature nous donne
Par moi Jérusalem goûte un calme profond
.... Ces femmes hardies Qui, goûtant dans le crime une tranquille paix....
Je goûtais en tremblant ce funeste plaisir
de Jean RACINE dans ib. IV, 6
Il ne put goûter le fruit de sa victoire
Enfin ma gloire est pure, et je la puis goûter
J'ai goûté la vengeance de consoler le roi de Prusse, et cela me suffit
Je sais qu'il ne faut pas trop goûter la félicité en présence des malheureux
S'il est une petite ville au monde où l'on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c'est Chambéri
Il faut l'amour ou la religion pour goûter la nature
Sémantique : Par antiphrase.
Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume, Qu'il me fasse à longs traits goûter son amertume
Dieu lui fit goûter [à Moïse] les opprobres de Jésus-Christ ; il les goûta encore davantage dans sa fuite précipitée et dans son exil de quarante ans
6
Nature : V. n. Boire ou manger quelque peu d'une chose dont on n'a pas encore bu ou mangé. Quand voulez-vous goûter à notre vin ? Cette volaille est excellente ; goûtez-y.
Il se dit aussi des choses dont on ne juge que par l'odorat. J'ai goûté à votre tabac.
Sémantique : Fig. Essayer, tâter, faire l'épreuve de.
Tibère lui dit : Et toi, Galba, tu goûteras un jour de l'empire
de PERROT D'ABLANCOURT dans Tacite, Annales, VI, 11
Tout ce que peuvent faire ces misérables amoureux des grandeurs humaines, c'est de goûter tellement de la vie qu'ils ne songent point à la mort
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Gornay.
Vous aimez la joie, le repos, le plaisir ; croyez-moi, j'ai goûté de tous, il n'y a de joie, de repos, de plaisir qu'à servir Dieu
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Avis à la duch. de Bourg. Lett. t. III, p. 202, dans POUGENS.
Il n'eut pas plus tôt entendu les discours de ce philosophe, et goûté de cette philosophie qui mène à la vertu, qu'il sentit son âme enflammée d'amour pour elle
Dans le style biblique, goûter de la mort, mourir.
Élie et Énoch sont deux personnages bien importants dans l'antiquité ; ils sont tous deux les seuls qui n'aient point goûté de la mort, et qui aient été transportés hors du monde
7
Se goûter, Nature : v. réfl. Avoir du goût l'un pour l'autre.
Les hommes ne se goûtent qu'à peine les uns les autres, n'ont qu'une faible pente à s'approuver réciproquement
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Dès nos premières entrevues, nous voir, nous goûter, nous chérir, désirer de nous voir encore, en fut l'effet simultané
Se goûter soi-même, avoir du goût pour soi-même, se laisser aller à l'amour-propre.
Combien Calvin se goûtait-il lui-même quand il élève si haut sa frugalité, ses continuels travaux !
Être goûté. Le vin se goûte mieux quand on mange.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Peneans sui [je suis pénitent], n'est pas raisons Que gost [que je goûte] de vin ne de poisson
dans Grég. le Grand, p. 89
Hé Dex ! ce dist li rois, qui gostas à la cene....
dans Sax. XX
2
XIIIe s.
Que tout cil ki mort gousteront En la fin resçusiteront, Et si oront le jugement
de GUI DE CAMBRAI dans Barl. et Jos. p. 51
3
XVIe s.
[Ulysse] s'il eust gousté à la couppe circeïenne, De sa doulce terre ancienne Il n'eust regousté les plaisirs
On me faisoit gouster la science par une volonté non forcée et de mon propre desir
de Michel de MONTAIGNE dans I, 195
Temoings tant de nations qui n'ont encore gousté aulcun usage des vestements
de Michel de MONTAIGNE dans II, 162
Quand il eut demouré quelque temps auprès de luy, il commencea à cognoistre et gouster la bonté de son naturel
de Jacques AMYOT dans Lyc. 16
Un roy de Pont, pour gouster de ce brouet noir, achepta expressement un cuisinier lacedaemonien
de Jacques AMYOT dans ib. 21
Ilz ne s'estuvoient ny ne soignoient jamais, sinon à certains jours de l'année, que l'on leur faisoit un petit gouster de cette doulceur
de Jacques AMYOT dans ib. 34

ÉTYMOLOGIE

1
Norm. gouté, et aussi goutu, savoureux : voilà un fruit bien goûté ; provenç. et portug. gostar ; espagn. gustar ; ital. gustare ; du latin gustare (voy. GOÛT).

Synonymes de GOÛTER

Termes proches de GOÛTER

Phonétiquement proche de GOÛTER