Définition de GAILLARD, ARDE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ga-llar, llar-d', ll mouillées, et non ga-yar

DÉFINITIONS

1
Qui a un caractère de vaillance et de hardiesse. Le coup est gaillard.
Et l'on m'a vu pousser dans le monde une affaire D'une assez vigoureuse et gaillarde manière
2
Plein d'allégresse et de vivacité.
Cette fille est jolie, elle a l'esprit gaillard
Nos gaillards pèlerins.... Au gué d'une rivière à la fin arrivèrent
Dit avec un ton de rieur Le gaillard savetier
de Jean de LA FONTAINE dans ib. II, 8
Las ! pour un trépassé vous êtes bien gaillard !
Tout cela me fit gaillarde
L'armée s'en retourna au camp aussi triste qu'elle en était partie gaillarde
Approchez son fauteuil, monsieur de la Vallée, et tenez-vous gaillard ; soupons : mettez-vous là, petite fille
Il se dit aussi des choses. Une humeur gaillarde. Une mine gaillarde.
On parle d'une comédie d'Esther qui sera représentée à Saint-Cyr, le carnaval ne prend pas le train d'être gaillard
3
Évaporé. Il est un peu gaillard.
Sens qui a vieilli.
4
Qui est légèrement pris de vin. Il sortit de ce repas un peu gaillard.
5
Il se dit des discours, des actes un peu libres.
Mme de Sévigné chante, elle danse, et a l'esprit fort vif et agréable ; elle est brusque et ne se peut tenir de dire ce qu'elle croit joli, quoique assez souvent ce soient des choses un peu gaillardes
Et vous la belle au dessein si gaillard
de Jean de LA FONTAINE dans Gag.
Bon voici de nouveau quelque conte gaillard, Et ce sera de quoi mettre sur mes tablettes
Quoique cette aventure fût assez gaillarde
Il faut que je vous rapporte un trait de cette bonne duchesse ; vous le trouverez un peu gaillard pour une dévote
Ce sont des poésies gaillardes qu'il a composées dans sa jeunesse
de Alain René LESAGE dans ib. ch. 10
Au lieu de fades épigrammes Qu'il aiguise un propos gaillard
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Désaugiers
6
Sain, dispos.
Que fait-il à présent ? est-il toujours gaillard ?
Que le moi que voici, chargé de lassitude, A trouvé l'autre moi frais, gaillard et dispos, Et n'ayant d'autre inquiétude Que de battre et casser les os
Le plaisir que vous aurez d'avoir une femme et un enfant gais et gaillards
Il reçoit deux coups dans son chapeau et revient gaillard
Alors, m'étant réveillé, je me levai frais et gaillard, et m'habillai à la hâte pour rejoindre ma soeur
Sémantique : Terme d'horticulture. Se dit d'un arbre, d'une plante qui se porte bien.
7
Vent gaillard, air gaillard, vent, air qui est un peu froid. Aujourd'hui le temps est gaillard.
8
Nature : S. m. Un gaillard, un homme vigoureux, dispos, décidé.
Voyez un peu le gaillard ; il n'y aurait qu'à le laisser faire, il ferait les plus belles choses du monde
Nous autres du barreau, nous sommes des gaillards
Comme vous prenez feu d'abord ! vous m'avez l'air d'un gaillard
de COLLÉ dans Part. de chasse, II, 11
Nature : Au féminin, une gaillarde se dit d'une femme peu scrupuleuse, trop libre.
C'est une gaillarde qui fait mille plaisanteries de cette nature pour égayer son veuvage
de Jean-François REGNARD dans Attendez-moi sous l'orme, 7

SYNONYME

1
PROPOS GAIS, PROPOS GAILLARDS. En ce sens restreint, les propos gais, les contes gais sont un peu libres ; les propos gaillards, les contes gaillards le sont davantage. Les premiers ont, dans leur licence, quelque chose qui excite la gaieté ; les seconds ont, dans leur licence, quelque chose de hardi qui semble braver l'honnêteté.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Cors [ils] ont gaillarz et fieres contenances
dans Ch. de Rol. CCXXIII
2
XIIe s.
Herupois sont prudhome, orgueilleus et gaillart
dans Sax. XI
3
XIIIe s.
En chapeaus par grant revel Est la queue Renard mise ; Chascun se porte gaillard De la queue de Renard, Queue de Renard. Icil portiers fu moult gaillars, Et si fu il moult bien musars [car il se laissa tromper]
dans Fl. et Bl. 1929
4
XIVe s.
Telles dames ont le corps tant gallart [si sain, si bien portant], que, se elles avoient en leur ventre deux ou trois enfans, moult bien les nourriroient
dans Pratique de Bernard de Gordon, VII, 26
5
XVe s.
....Et si y estoit.... la regente soeur au duc Phelipe, laquelle estoit pour le temps tenue pour la plus gaillarde de toutes autres dames
de FENIN dans 1424
Elle [l'eau] rend l'homme etique et pale et morfondu ; Mais toi [vin], tu rends gaillarde et saine la personne
de BASSELIN dans VIII
Une chose avoient-ils bonne, c'estoit une gaillarde compagnie pleine de jeunes gentilshommes
de Philippe de COMMINES dans VII, Prologue.
6
XVIe s.
Je voys tenter du guaillard pechié de luxure les nobles nonnains
Cette volupté [de la vertu], pour estre plus gaillarde, nerveuse, robuste, virile, n'en est que plus....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 69
Les soldats firent leurs salves belles et gaillardes en l'honneur des assistants
de Michel de MONTAIGNE dans I, 136
D'appeller les mains ennemies, c'est un conseil un peu gaillard [hardi]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 138
Quelques passages trop gaillards [libres]
Il leur dit : donnez devant au galop gaillard
On dit que gaillard et gaillardise viennent a gallica audacia, et que ceux sont appellez gaillards qui courageusement entreprennent quelque chose, tant aventureuse soit elle
de BOUCHET dans Serées, III, p. 498, dans LACURNE
Pour dire honnestement : il tient du fol, on dit : il a le cerveau gaillard, ou il a le cerveau un peu gaillard
Ouvrier gaillard cele son art.
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. gaillart, galhart, gallart ; catal. gallard ; esp. gallardo ; port. galhardo ; ital. gagliardo. On ne peut guère le tirer de gai, parce qu'il faudrait admettre l'interposition d'un suffixe ill : gai-ill-art. Diez ne voit aucune difficulté de forme à le rattacher à l'anglo-saxon gagol, geagle, pétulant, audacieux ; mais il incline davantage à y voir un radical celtique : kimry, gall, force ; anc. gaél. galach, courage.

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