Définition de FORGER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : for-jé. Le g prend un e devant a et o : je forgeais, nous forgeons

DÉFINITIONS

1
Travailler le fer, l'argent, etc. au feu et au marteau. Forger un fer de cheval, une épée, des cuillers d'argent.
Où Vulcain forge des foudres pour le père des dieux
Se forger, forger pour soi.
Chacun de ces peuples ensuite se forgea son Dieu
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Rois, IV, 17, 29
Nature : Absolument. Apprendre à forger.
Forger à froid, travailler un métal au marteau sans le faire chauffer, par opposition à forger à chaud, qui est la manière ordinaire de forger.
Forger le plomb, le frapper avec des masses.
Sémantique : Fig. Forger ses fers, se forger des fers, être cause de sa propre servitude.
[Le mondain] qui s'imagine être vraiment libre, parce qu'il est en effet trop libre à pécher, c'est-à-dire libre à se perdre, et qui ne s'aperçoit qu'il forge ses fers par l'usage de sa liberté prétendue
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans IV, Vêture, 1
Sémantique : Fig. Forger des vers, les faire péniblement et comme avec le marteau.
2
Sémantique : Fig. Faire, produire.
Chacun à son gré forgeant des potentats
Ah ! Scapin, si tu pouvais trouver quelque invention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis
Un dieu, sans doute, un dieu m'a forgé ces malheurs, Comme des instruments qui peuvent à ma vue Ouvrir du coeur humain les sombres profondeurs
de Nicolas GILBERT dans le Poëte malheureux.
Imaginer, inventer.
Et sur un incident fortuit et véritable En forger un exprès de nature semblable
Un inconnu peut bien nous forger une histoire
Ils dépeignent les académiciens comme des gens qui ne travaillent nuit et jour qu'à forger bizarrement des mots, ou bien à en supprimer d'autres plutôt par caprice que par raison
Votre feinte douceur forge un amusement Pour divertir l'effet de mon ressentiment
Je forgerai des systèmes, c'est-à-dire des erreurs, pour expliquer leur nature [des animaux]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Trait. métaph. chap. 7
Se forger, forger à soi-même, s'imaginer, se figurer.
De femmes et d'enfants dont la crédulité S'est forgée à plaisir une divinité [forgée se rapporte ici, par archaïsme, à divinité ; on mettrait aujourd'hui forgé]
Le loup déjà se forge une félicité....
Les images que l'imagination se forge au dedans
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 64
Se forger des chimères, s'imaginer des choses sans fondement.
Il n'y a point d'accident pour ou contre que l'on n'imagine, point de chimère agréable ou fâcheuse qu'on ne se forge
Se forger des monstres pour les combattre, se former des difficultés soit par crainte et faiblesse d'esprit, soit par vanité et pour avoir l'air d'en triompher.
3
Supposer un écrit, l'attribuer à un auteur qui ne l'a pas écrit.
Le faux Énoch, que cite saint Jude, est reconnu pour être forgé par un Juif
Il [ce peuple] se forgea une histoire....
4
Nature : V. n. Sémantique : Terme d'hippiatrique. Frapper, dans les allures du pas et du trot, les pieds de devant avec la pince des fers des pieds postérieurs. Forger en voûte, atteindre la rive interne du fer fixé sous le pied antérieur ; on entend alors un bruit marqué résultant de la percussion.
5
Se forger, Nature : v. réfl. Être forgé. Du fer qui se forge facilement.
Sémantique : Fig.
C'est là [dans les cours] que se forgent ces traits de feu, selon les termes de l'apôtre, dont l'ennemi se sert pour allumer les passions dans ces âmes vaines qui sont les idoles du monde et dont le monde est lui-même l'idole

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Dist li paiens : mauvesement vos va ; Qui fist t'espée, mauvese la forga
dans Bat. d'Aleschans, v. 1480
Tuens est li jurz, e tue est la nuiz ; tu forjas l'albe e le soleil
dans Liber psalm. p. 99
Car li fol conseil furent en Bretaigne forgié
dans Th. le mart. 165
Chascune des genz forjad et furmad sun Deu et sun ydle [idole]
dans Rois, p. 404
2
XIIIe s.
Voire, sire ! car vous la feistes forgier [faire cette femme exprès pour vous]
dans Berte, XXXVIII
....Diex qui de ses biens reput Le monde, quant il l'ot forgié
dans la Rose, 5263
[Venus] prise provée Es laz qu'il [Vulcain] ot d'airain forgiés
dans ib. 14049
Comme li martiaus est faiz por le fevre, quiore forge une espée, or un hiaume....
Pren ton tresor et ton avoir, Forge ton sens et ton savoir ; Là le tramet et là l'envoie ù [où] tu tous jors ieres [seras] en joie
de GUI DE CAMBRAI dans Barl. et Jos. p. 86
3
XIVe s.
Un anel d'or, à un saphir, lequel seint Dunstan forga de ses mayns
4
XVe s.
Taisez-vous ; on forge en France les florins de quoi vous serez payés
Et se trouva un cordelier forgé, qui de luy mesme prit debat audit frere Hieronime
de Philippe de COMMINES dans VIII, 19
Notre bonne mere avoit, le jour de devant, forgé [stylé] le medecin qui estoit tres bien averti de la reponse qu'il devoit faire
de LOUIS XI dans Nouv. X
Tout en forgeant devient on fevre
dans Perceforest, t. II, f° 71
5
XVIe s.
Elle se forge ainsin une prinse frivole
de Michel de MONTAIGNE dans I, 21
Forger un conte
de Michel de MONTAIGNE dans I, 205
J'aime mieulx forger mon ame que la meubler
de Michel de MONTAIGNE dans III, 276
Alcibiades se forgeoit desja en son entendement les conquestes de Libye et de Carthage
de Jacques AMYOT dans Alc. 30

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, fôrgî ; provenç. fargar ; espagn. et portug. forjar ; du latin fabricare, fabriquer (voy. FORGE).

Synonymes de FORGER

Termes proches de FORGER

Phonétiquement proche de FORGER