Définition de FA??ENCE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mu-ti-lé

DÉFINITIONS

1
Priver de quelque membre.
Après qu'il l'eut fait ainsi mutiler par tout le corps, il commanda qu'on l'approchât du feu, et qu'on le fît rôtir dans la poêle pendant qu'il respirait encore
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Machab. II, VII, 5
Je leur dis quelquefois que tout est le mieux du monde ; mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n'en croient rien, ni moi non plus
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. d'un bon bramine.
Il [l'homme] mutile son chien, son cheval, son esclave
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
Achille mutile son ennemi, et l'insulte après l'avoir abattu
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, II, II, 7
Sémantique : Par extension. Mutiler un arbre, en retrancher les branches nécessaires.
Mutilait sans pitié les tiges inégales Dont la tête orgueilleuse ombrageait leurs rivales
de Jacques DELILLE dans Conversat. ch. III
Sémantique : Fig.
Comme nous la touchons [la vérité inhérente en nous] de plus près [que la vérité en Dieu], et que nous pouvons, pour ainsi dire, mettre nos mains dessus, nous pouvons aussi pour notre malheur la mutiler et la corrompre, la falsifier et l'obscurcir
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Haine de la vérité, 2
2
Nature : Absolument. Châtrer.
Plautien, en mariant sa fille au fils aîné de l'empereur, fit mutiler cent Romains libres
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, IV, VI, 13
3
Sémantique : Par extension, détruire partiellement un ouvrage d'art. On a mutilé ce tableau à coups de couteau. Mutiler une statue.
Cessez de mutiler tous ces grands monuments
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. II, 5
4
Sémantique : Fig. Faire éprouver à une oeuvre littéraire des retranchements ou des déformations comparées à la mutilation des corps.
Je vous demanderai qu'il ne soit pas permis aux comédiens de mutiler mes pièces ; vous savez qu'il y a des gens qui croient en savoir beaucoup plus que moi et qui substituent leurs vers aux miens
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Richelieu, 22 juill. 1767
J'eus le désagrément dont M. de Malesherbes ne m'avait pas prévenu, de voir horriblement mutiler mon ouvrage, et empêcher le débit de la bonne édition, jusqu'à ce que la mauvaise fût écoulée
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confes. X
5
Se mutiler, Nature : v. réfl. Se couper quelque membre, et aussi se châtrer.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et ainsi fu lidit poure homme mahengnié et mutilez
dans Bibl. des chartes, 4e série, t. II, p. 58
Ung adveugle ou ung mutilé
dans le Songe du vergier, I, 182
Si est assailly ou tué ou mutilé de ses ennemis
dans ib.
2
XVe s.
Et en voit-on plusieurs mourir et mutiller, en faisant ledit ouvrage, tant pour la puanteur qui est esdites mines, comme pour les autres perils, qui sont d'aller sous la terre minant
dans Lett. patent. du 30 mai 1413
Et personnes de tous mestiers Sont tuit fraint par beauté de femmes, Et maint en ont esté infame, Mutilé, mors et affolez
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de mariage, p. 92
3
XVIe s.
Ilz deposerent qu'Alcibiades et autres siens familiers avoient ainsi tronçonné et mutilé quelques autres images
de Jacques AMYOT dans Alc. 33
Les mutilés [en tératologie] ce sont aveugles, borgnes, bossus, boiteux, ou ayans six doigts à la main ou aux pieds, ou moins de cinq, ou joints ensemble
de Ambroise PARÉ dans XIX, Préf.

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. mutilare, de mutilus ; grec, verbe signifiant couper, mutiler, qu'on rapporte au radical sanscrit mî, détruire, périr.

Synonymes de MUTILER

Termes proches de MUTILER