Définition de ENVIEUX, EUSE
Prononciation : an-vi-eû, eû-z'
DÉFINITIONS
1
Qui éprouve de l'envie. Être envieux du bien d'autrui. Un esprit envieux.Envieux l'un de l'autre, ils mènent tout par brigue
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 1
On est jaloux de ce qu'on possède et envieux de ce que possèdent les autres
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Synon. Oeuv. t. III, p. 320, dans POUGENS
Vous prétendez être jaloux, et vous n'êtes qu'envieux ; cette méprise arrive souvent
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. le Bal d'enfants, I, 5
Nature : Substantivement. Les envieux n'ont jamais de repos.
Jamais un envieux ne pardonne au mérite
de Pierre CORNEILLE dans Suréna, v, 2
Nos envieuses se confirmaient dans leur mécontentement et leur dessein
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, I, p. 74
Les envieux mourront, mais non jamais l'envie
Et son trop de lumière, importunant les yeux, De ses propres amis lui fait des envieux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. VII
Moi-même dont la gloire ici moins répandue Des pâles envieux ne blesse pas la vue
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib.
2
Qui a le caractère de l'envie. Un regard envieux.Quelle faiblesse à moi d'en croire un furieux Qu'arme contre son frère un dessein envieux !
de Jean RACINE dans Mithr. III, 4
3
Désireux.Envieux d'arrêter le carnage et les flammes
de LEMERC. dans Charles VI, v, 3
4
Qui n'accorde pas, qui refuse.Un passant inconnu touché de cette enfance Dont un astre envieux condamnait la naissance
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, IV, 2
Quel démon envieux M'a refusé l'honneur de mourir à vos yeux ?
de Jean RACINE dans Brit. II, 6
Régnier a dit en ce sens envieux sur, ce qui n'est pas à imiter. Si le ciel n'eût été sur mon bien envieux, Élég. IV. C'est un archaïsme, comme on peut voir à l'historique.
HISTORIQUE
1
XIIe s.Celle envieuse gent
dans Couci, p. 121
S'envieux l'avoient juré, Ne me nuiroient-il neant
dans ib.
2
XIIIe s.Dame, amors ne se daigne prendre à ces faus cointes orguillex, Ces mesdisanz, ces enviex, Qui amors ne sevent avoir
dans Lai du conseil
Et sachiés que moult m'agréa, Quant Cortoisie m'en pria, Et me dist que je carolasse [dansasse], Car de caroler, se j'osasse, Estoie envieus et sorpris
dans la Rose, 803
3
XVe s.On dit en un commun proverbe, et voir est, que oncques envie ne mourut ; je le ramentois, pourtant que par nature Anglois sont trop envieux sur le bien d'autrui et ont toujours esté
de Jean FROISSART dans II, II, 206
Il n'est chose qui soit plus griefve à l'envieux mauvais que de veoir devant soy ou de ouir louer le bon et vertueux
dans Boucic. III, 13
4
XVIe s.Je ne suis pas sur vostre aise envieux
de Joachim DU BELLAY dans II, 27, recto.
Ses envieux
de Jacques AMYOT dans Thém. 45
L'envie ne mourra jamais, mais les envieux mourront
de ADRIEN DE MONTLUC dans Comédie des proverbes.
Icy tomba son corps [d'Icare] degarny de plumage, Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, envioux, enviouse ; provenç. enveios, envezos, envios ; catal. envejos ; espagn. envidioso ; portug. invejoso ; ital. invidioso ; du latin invidiosus, de invidia (voy. ENVIE). Dans les manuscrits de textes d'ancien français il n'est pas toujours facile de distinguer envieux qui s'écrit enuieus, d'ennuyeux qui s'écrit aussi enuieus, et qui signifie fâcheux, méchant.