Définition de ENTRAILLES

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-trâ-ll', ll mouillées, et non antrâ-ye

DÉFINITIONS

1
Nom générique donné aux parties enfermées dans le tronc de l'homme et des animaux, et particulièrement dans le ventre.
Ils vidèrent les entrailles et embaumèrent le corps
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C X, 10
Il consulte les entrailles des victimes
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. IX
Ses entrailles commencèrent à sortir avec un ruisseau de sang : son teint se flétrit comme une fleur que la main d'une nymphe a cueillie dans les prés
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. XX
Cette science frivole qui consiste à connaître la volonté des dieux, ou par le vol des oiseaux, ou par leur chant, ou par l'inspection des entrailles d'une victime
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (Romains).
Ici des athlètes qui n'étaient pas encore entrés en lice, cherchaient dans les entrailles des victimes la destinée qui les attendait
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 38
Sentir crier ses entrailles, avoir faim.
Un auteur qui, pressé d'un besoin importun, Le soir entend crier ses entrailles à jeun, Goûte peu d'Hélicon les douces promenades
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Sémantique : Fig. Déchirer ses entrailles, en parlant d'un peuple, être en proie aux discordes civiles.
Assez de funestes batailles, Et de carnages inhumains Ont fait en nos propres entrailles Rougir nos déloyales mains
de François de MALHERBE dans III, 2
Qu'elle-même [Rome] sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 5
Rome par ses mains déchirait ses entrailles
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
Sémantique : Fig. Sentir ses entrailles se déchirer, éprouver une vive douleur.
C'est lui [Smindyride] qui, voyant un paysan soulever sa bêche avec effort, sentait ses entrailles se déchirer, et qui ne pouvait dormir si, parmi les feuilles de rose dont son lit était jonché, une seule venait à se plier par hasard
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 37
2
Sein de la mère. Le fruit de vos entrailles.
3
Il se dit des lieux les plus profonds de la terre. Les entrailles d'un volcan.
Il a fouillé les entrailles de la terre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Connaiss. VII
Sémantique : Fig. Ce qu'il y a de plus intime dans une composition littéraire. Cette distinction sort des entrailles mêmes du sujet.
4
Ce qui sort de nous, notre famille, nos enfants.
C'est un homme armé contre ses propres entrailles
de PATRU dans Plaid. VI, dans RICHELET
Madame, épargnez-les, épargnez vos entrailles
de Pierre CORNEILLE dans Médée, III, 4
5
L'intérieur, le fond de l'âme.
Ceux qui écrivent par humeur, que le coeur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures, et qui tirent, pour ainsi dire, de leurs entrailles tout ce qu'ils expriment sur le papier
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
6
Sensibilité, tendre affection.
Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnement pour nous empêcher d'avoir du plaisir
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, sc. 7
Il veut lui donner pour nous des entrailles de mère
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans II, Nativ. 2
Il ne pensa plus qu'à ce jeune prince [le dauphin, fils de Louis XIV].... de peur de l'amollir par la tendresse, il emprunta l'autorité du roi ; de peur de le rebuter par l'austérité des préceptes, il prit les entrailles du père
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Montausier.
Et vous qui lui devez [au malheureux] des entrailles de père
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
.... Je sens que, malgré ton offense, Mes entrailles pour toi se troublent par avance
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 3
Il fut surpris de trouver ses entrailles attendries
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
Nature : Absolument.
Je prédis à quiconque a des entrailles qu'il versera des larmes
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
La politique, qui a des yeux et point d'entrailles
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XIV, 26
Annibal, cruel, sans entrailles, fut en magnanimité fort inférieur à son rival
de François René CHATEAUBRIAND dans Itin. III, 134
Cet acteur a des entrailles, il joue avec chaleur et une grande vérité dans les situations pathétiques.
7
Sémantique : Terme de dévotion. Les entrailles de la miséricorde divine.
Dieu qui ferme pour toujours ses entrailles à la miséricorde
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. carême, Vices.
Que sont devenues les entrailles de vos miséricordes ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mélange.
Sémantique : Par extension.
Revêtez-vous envers vos frères d'entrailles de miséricorde
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Instr.
Un attachement inviolable pour le roi, des entrailles de miséricorde pour les malheureux, une immuable persévérance dans tous ses devoirs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Dans ces malheurs, les entrailles de la charité s'émurent
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXX, 11

SYNONYME

1
BOYAUX, ENTRAILLES. Ces deux mots signifient exactement la même chose ; mais entrailles est du style noble, et boyau du style le plus trivial, s'il n'est pas purement didactique. De plus, entrailles se prend très bien dans le sens figuré, et boyau ne s'y prend presque jamais qu'en ridicule : Ce logement n'est qu'un boyau.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Si le prist grant dolor en ses entrailles
dans Machab. II, 8
2
XIIIe s.
Il vesti maleïçon [malédiction] ansi come vestement, et entra ele es antrailles de lui
dans Psautier, f° 136
Par sa pel dure qui vorroit [voudrait], Ses entrailles veoir porroit
dans la Rose, 10204
Del sanc aus Sarrazins font corre grant ruisel, Tout li pré sont covert d'entraille et de boiel
dans Ch. d'Ant. II, 563

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. intralia ; espagn. entrañas ; du bas-lat. intrania, dans la loi salique ; du latin interanea. L'l a été substituée à l'n dans le français et dans le provençal, peut-être par influence de la finale aille qui est commune en français. Roquefort cite une forme française entreigne, qui était la vraie dérivation.

Synonymes de ENTRAILLES

Termes proches de ENTRAILLES