Définition de ENTAMER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-ta-mé

DÉFINITIONS

1
Couper le premier morceau, commencer à prendre une partie d'une chose. Entamer un pain, une pièce de drap, un sac d'argent.
Le général ne se presse pas d'y aller, de peur d'entamer trop tôt nos magasins
Il n'entama point le fonds de son patrimoine qu'il conserva pour ses héritiers naturels
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mlle de la Fayette, p. 26, dans POUGENS
2
Sémantique : Par extension, couper en incisant. Entamer la peau. Le coup lui entama l'os.
C'est un coup de hache qui n'a fait qu'entamer l'armet
de D'ABLANCOURT dans Arrien, livre I, dans RICHELET
En parlant d'une gerçure. Il a des engelures qui lui entament les doigts.
Sémantique : Fig. Faire impression sur.
Alors que de sa voix Il entama les coeurs des rochers et des bois
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plainte.
De l'un [dard] il [l'Amour] entama Le soldat jusqu'au vif, l'autre effleura la dame
de Jean de LA FONTAINE dans Matr. d'Éph.
3
Porter atteinte à.
Entamer la réputation, le crédit de quelqu'un.... D'un trait envenimé Toujours l'honneur du sexe est par vous entamé
Il est proscrit, déclaré détestable, Abominable, atteint et convaincu D'avoir tenté d'entamer la vertu Des saintes soeurs....
4
Entamer quelqu'un, entreprendre sur ses droits, empiéter sur sa charge.
Entamer quelqu'un, avoir de l'avantage sur lui. Les députés de l'opposition ne se laissèrent pas entamer par le ministère.
Faire capituler quelqu'un avec son devoir. Il n'est pas facile de l'entamer.
Pénétrer les voeux, les sentiments secrets de quelqu'un. Il est impénétrable, on ne peut l'entamer.
Il [le maréchal ferrant qui avait eu des révélations] ne se laissait point entamer sur les audiences qu'il avait eues du roi
5
Sémantique : Terme de guerre. Entamer un carré, un corps de troupes, commencer à le rompre, à le faire fléchir ; détruire une partie de sa ligne de bataille.
6
Commencer. Entamer une discussion. Entamer un procès.
Il entame une autre dispute
Il l'attaqua de cette manière pour entamer le sujet
Le concile se garda d'entamer la question si l'empereur devait confirmer l'élection du pape
Le même poëte qui, pour célébrer l'éloge d'Apollon, avait mis son esprit dans une assiette tranquille, s'agite avec violence lorsqu'il entame l'éloge de Bacchus
Elle entama cette dangereuse explication en termes assez mesurés
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mlle de la Fayette, p. 292, dans POUGENS
Nature : Absolument.
Personne à la cour ne veut entamer, on s'offre d'appuyer
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
7
Sémantique : Terme de manége. Entamer le chemin, se mettre en marche.
Les chevaux entament le chemin, en galopant, par la jambe droite de devant, qui est plus avancée que la gauche
Nature : Absolument. Commencer une allure. Dans toutes les allures où les pieds se meuvent isolément, c'est toujours un pied de devant qui entame. Entamer du pied droit, du pied gauche, se dit pour désigner le pied que le cheval pose en avant quand il commence à galoper.
Entamer un cheval, lui donner les premières leçons.
8
S'entamer, Nature : v. réfl. Se faire une incision, une coupure.
Le vieillard.... De nouvelles fureurs se déchire et s'entame
de François de MALHERBE dans 1, 4
Être commencé.
C'est ainsi que tout s'entame et que rien ne s'achève, par un fol orgueil, dont l'influence fatale se répand sur toutes les branches de l'administration

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Jà par cop d'arme [le haume] ne sera entanpnez
dans Roncisv. p. 36
E ne suffrid pas que oisels entamassent les cor de jurs, ne les bestes de nuiz
dans Rois, p. 202
2
XIIIe s.
Li fromaches fu auques mox [un peu mou], Et Tiercelins i fiert grans cox [coups] De son bec, si que il l'entame
dans Ren. 7251
Mais se cil ribaut m'entamast L'espaule, ou ma teste eüst quasse....
dans la Rose, 14694
Et si m'en convient il à force Entamer ung poi de l'escorce
dans ib. 21982
Et ainsi pot estre li ples [procès] entamés entre les parties
de Philippe de BEAUMANOIR dans VII, 13
Ne porquant se la jornée est entamée ne tant ne quant, il doit paier toute le [la] jornée entiere
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXVIII, 4
Tant vous ama [Dieu], Dame des angles [anges] vous clama ; En vous s'enclost, ainz n'entama Vo dignité ; N'en perdites virginité
de RUTEBEUF dans II, 4
Si comme en la verriere Entre et reva arriere Li solaus que n'entame [sans entamer], Ainsinc fut vierge entiere, Quant Dieux, qui es cieux iere [était], Fist de toi mere et dame
de RUTEBEUF dans Théoph.
Se pitié vostre cuer n'entame, Bien m'ont trahi Li oeil dont je premiers vous vi, Salut d'amors
de JUBINAL dans t. II, p. 263
3
XIVe s.
Par la mort qui tout met à fin, Et qui nos cars [chairs] mort et endame
de J. DE CONDET dans p. 104
Contusions où le cuir n'est pas entamé par dehors
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 35
4
XVe s.
Ce traité fut entamé et mis avant
5
XVIe s.
De quelle prudence il [le chien] l'entomme [l'os], de quelle affection il le brise, et de quelle diligence il le sugce
La fouldre consumera les os sans entommer la chair qui les couvre
Pour enguarder les chastagnes de peder, l'on les entame
de François RABELAIS dans ib. II, 31
Il faust que la necessité vous prenne à la gorge pour l'entamer [votre trésor]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 316
Il ne vouloit pas que l'on parlast aucunement des meschans, se donnant bien garde d'en entamer jamais le propos
de Jacques AMYOT dans Caton, 52
Aucuns n'entament leurs vins que le jour du vendredi
de Olivier DE SERRES dans 243

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, entenmer, entamer, entomer ; wall. edamer ; nam. èdaumer ; rouchi, adamer ; provenç. entamenar ; piémont. antamnà ; du latin attaminare, mettre la main sur quelque chose, prendre. Diez, qui préfère cette étymologie au grec (comment en effet ce mot grec serait-il entré dans les langues romanes ? ), et au celtique tam, mordre, remarque que les langues romanes changent non rarement le préfixe d'un mot latin : ainsi dans con-vier, venant de in-vitare, cum, au lieu de in. Le celtique (bas-breton, tam ; écossais, teum, irl. teuman) conviendrait plus directement au sens ; mais les formes entamenar du provençal, entanpner du français, semblent indiquer le latin. On remarquera endamer de J. de Condet qui était du Hainaut, et les patois voisins du Hainaut qui ont aussi le d. Ce d ne peut guère s'expliquer que par une confusion avec dam, dommage.

Synonymes de ENTAMER

Termes proches de ENTAMER

Phonétiquement proche de ENTAMER