Définition de DONC

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : don ou donk, suivant les cas : on prononce don, sans lier le c, quand il est placé dans le milieu de

DÉFINITIONS

1
Sert à marquer la conclusion qu'on tire d'un raisonnement. Vous avez fait une faute, il faut donc la réparer. Il se plaint, on l'a donc maltraité.
Je pense, donc Dieu existe, car ce qui pense en moi je ne le dois point à moi-même
de Jean de LA BRUYÈRE dans XVI
2
Exprime, en général, qu'une chose est ou doit être la conséquence d'une autre.
Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête
de François de MALHERBE dans II, 12
Donc votre aîeul Pompée au ciel a résisté Quand il a combattu pour notre liberté
Donc jusqu'à l'oublier je pourrais me contraindre
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 3
3
Sert souvent de simple transition pour revenir au sujet après une digression.
4
Sert à marquer une sorte d'étonnement, la surprise que l'on éprouve d'une chose à laquelle on ne s'attendait point.
Ô sort, voilà donc de tes coups ? Et je n'ai donc vaincu que pour dépendre d'elle ?
Je suis donc un témoin de leur peu de puissance ?
de Jean RACINE dans ib. II, 2
Mais pourquoi donc ces pleurs, ces regrets, cette fuite ?
Qu'est-ce donc que l'amour ? a-t-il donc tant d'empire ?
5
Sert aussi à rendre plus pressante une demande, une injonction. Dites donc ce qu'il y a. Gare donc !
6
Sémantique : Ironiquement, allons donc ! marque d'incrédulité, de défi. Lui, oser prendre la parole en cette occasion ; allons donc !

REMARQUE

1
1. Et donc qui se disait au commencement du XVIIe siècle, et que Vaugelas admet encore, n'est plus usité.
2
2. Donques est une forme ancienne, encore employée par Molière, et que la poésie pourrait se permettre.
Donques, si le pouvoir de parler m'est ôté, Pour moi, j'aime autant perdre aussi l'humanité
Donques votre lumière a donné de l'ombrage, Donc vous êtes couvert d'un éternel nuage

HISTORIQUE

1
Xe s.
Dunc, ço dixit, si fut Jonas
dans Fragm. de Valenc. p. 468
2
XIe s.
Dunc [il] rendra le chatel [l'avoir]
dans Lois de Guill. 4
Heli qui dunc [alors] ert [était] evesques
dans Rois, 2
Pechet fereit qui dunc lui fesist plus
dans Ch. de Rol. XVI
3
XIIe s.
Donc die, et nous l'orons [ouïrons]
dans Ronc. p. 22
Qui m'ira donc mes angardes faisans ?
dans ib. p. 34
Diex ! que ferai ? dirai lui [à elle] mon courage ? Irai-je lui dont s'amour demander ?
de QUESNES dans Romancero, p. 83
Et quant j'ai mis en lui [elle] m'entencion, Dont ne doi-je chanter, se de lui [elle] non
dans Couci, II
Donques ai-je toute joie enhaïe
dans ib.
....Diex ! i faudrai-je donc ? Oïl, par Dieu, tels est ma destinée, Et tel destin m'ont doné li felon
dans ib. VI
Se fins amis ....Doit joie avoir pour servir leaument, Dont doi-je bien par droit estre joieus
dans ib. VII
Qui dont veïst le duc sur un cheval gascon Poindre parmi les rues....
dans Sax. VIII
Quant l'aurez salué, don lui dites coment Guiteclins de Sassogne envers nous entreprent
dans ib. XX
4
XIIIe s.
Se vous voulez la serve par no [notre] conseil mener, Dont ne lui faites mie du cor la vie oster
dans Berte, XCVII
5
XVIe s.
Qui est celuy doncques si inhumain, Qu'en tout ennuy ne loue ce bon Pere ?
de Clément MAROT dans I, 297
Qui dira donc, qu'un seul cas fortuit Soit entre nous, il n'est pas bon chrestien
de Clément MAROT dans I, 299
Quelqu'un donc me disoit l'aultre jour que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 158
Le premier doncques qu'il desfeit fut un voleur nommé Periphetes
de Jacques AMYOT dans Thés. 10

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. donc, dunc, doncas, alors, donc ; catal. doncs ; anc. espagn. doncas ; anc. ital. dunqua ; ital. mod. dunque ; pays de Come, donch ; vénitien, donca. Ce mot présente des difficultés. On trouve dans de très anciens textes ad tunc pour alors ; Diez en tire adonc, ce qui en effet explique la substitution, dans toutes les langues romanes, du d au t de tunc ; et il regarde adonc comme la forme primitive, et donc comme une abréviation par aphérèse de la première voyelle. Cela est très satisfaisant pour le sens, donc a yant eu évidemment la signification d'alors, et le passage d'alors à donc se comprenant sans peine. Mais, sans parler du retranchement de l'a initial dans le français, qui en offre si peu d'exemples avérés, les formes en as, doncas, en a, dunqua, en e, dunque, ne se prêtent pas à la dérivation de tunc, tandis qu'elles se prêtent à la dérivation de unquam, ce mot ayant donné unca, unqua, oncas, onke ; de sorte que, quant à la forme, donc serait de-unquam ; mais alors c'est le sens qui fait difficulté. Ces deux alternatives étant posées, on peut penser pourtant que cet adverbe composé de-unquam a pris la signification d'alors et les significations subséquentes, comme l'adverbe composé de-usque a pris le sens de jusque.

Synonymes de DONC

Phonétiquement proche de DONC