Définition de DENR?E

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DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : dan-rée

DÉFINITIONS

1
Toute espèce de marchandise. Denrées alimentaires. Les denrées qui sont dans les magasins.
Si l'on emploie des soins dispendieux ou pénibles pour conserver une denrée plus longtemps, c'est seulement parce que l'augmentation du prix de la denrée doit récompenser de ces soins
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Duhamel.
Les essences et autres menues denrées d'amour
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
Denrées coloniales, productions des colonies.
Elles seraient mieux nommées marchandises ou denrées équinoxiales, parce qu'elles croissent dans la zone torride et dans le voisinage des tropiques
de J. B. SAY dans Traité, 1841, p. 231
C'est une chère denrée, c'est-à-dire cela est mis à très haut prix ou à trop haut prix.
Il vend bien sa denrée, c'est-à-dire il sait se faire valoir.
2
Mauvaise marchandise. Il n'y a que de la denrée dans cette boutique.
Sémantique : Fig. et en parlant d'un vaurien : Voilà une belle denrée !
3
En un sens plus restreint, toute production de la terre destinée à la vente et employée pour la nourriture. Grosses, menues denrées.
Tu ne vends pas Comme tu veux tes herbes, ta denrée, Tes choux, tes aulx, enfin tout ton tracas
de Jean de LA FONTAINE dans Jum.
Je ne croyais pas que les denrées fussent si chères
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de la Viefville, 23 fév. 1709
Du gland, un navet, ou quelque autre pareille denrée
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
4
Marchandise mise en vente, non pour être revendue, mais pour être consommée, soit qu'elle soit destinée à la subsistance, soit qu'il s'agisse de tout autre genre de consommation ; tant qu'elle est achetée pour être revendue, elle conserve le nom de marchandise
de J. B. SAY dans Épitome, au mot Denrée
5
Nom, dans quelques provinces, d'un petit pain blanc.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Et s'est trop viez li marchiés [c'est se prendre trop tard pour faire un marché], Quant on acate denrée K'uns autres a adesée
dans Bibl. des Chartes, 4e série, t. V, p. 337
Onques de lui [sur elle] [ils] n'aprirent maillie ne denrée [la valeur d'une maille ou d'un denier]
dans Berte, CIV
Onques mais en ma vie n'oi [je n'eus] de joie denrée, Qui ore ne me soit à cent doubles doublée
dans ib. CXXVI
Et li quens lor jura que jà, ne à mort ne à vie, n'averoit denrée de sa terre ; et d'iluec en avant ot il à non Jehan-sans-terre
dans Chron. de Rains, 84
Et s'ai bien mengié deus denrées De novel miel en fresches rées
dans Ren. 10235
Se li serjans a l'administration de vendre blés, aveines, ou autres denrées, il convient qu'il conte du pris
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXIX, 14
Cil qui sunt tenu por vilain cas en prison, lor vie est establie à avoir cascun jor denrée de pain et de l'yaue
de Philippe de BEAUMANOIR dans LI, 7
Je vous di bien veraiement, Il font maint mauvès serement, Et si jurent que lor denrées Sont et bones et esmerées Tels foiz que c'est mençonge pure
de RUTEBEUF dans 223
Les gens le roy leur loerent les estaus pour vendre leur danrées chier, si comme l'en disoit, comme il porent
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 217
2
XIVe s.
Et telle chose avient aucune foiz en tempestes à ceux qui pour lour neif alegier jettent lour denrées en la mer
de Nicolas ORESME dans Eth. 48
3
XVe s.
Ne rencherirent les vivres qu'on n'eust la denrée pour un denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils vinssent
de Jean FROISSART dans I, I, 32
Jusques au marché des denrées
de Jean FROISSART dans II, II, 54
4
XVIe s.
S'il sanglouttoyt, c'estoyent denrées [botte valant un denier] de cresson
de François RABELAIS dans Pant. IV, 32

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, darrée ; provenç. denairada ; espagn. dinerada ; ital. derrata ; du bas-latin denariata, la valeur d'un denier, du latin denarius, denier (voy. DENIER). Denrée a signifié primitivement ce qui vaut un denier, ce qui s'acquiert par denier, parargent.

Synonymes de DENRÉE

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