Définition de DÉBITER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : dé-bi-té

DÉFINITIONS

1
Vendre en détail ou fréquemment. Débiter des denrées.
La lettre que vous débitâtes par tout Paris pour faire croire que le livre de la fréquente communion....
Ai-je un lit de plume après vingt ans qu'on me débite sur place ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Les libraires ne m'ont ni envoyé le livre, ni averti qu'ils le débitaient
Sémantique : Fig. Débiter sa marchandise, avoir du succès, réussir.
Pour débiter notre marchandise, il faudrait faire revenir les Augustes et les Antonins
Il débite bien sa marchandise, il sait faire valoir ce qu'il dit.
Nature : Absolument, détailler. On ne débite pas dans cette maison.
Sémantique : Fig.
La louange est à prix, le hasard la débite
2
Sémantique : Terme de commerce. Inscrire quelqu'un comme débiteur d'un article ou d'une somme. Je vous ai débité de mille francs.
3
Sémantique : Terme de métier. Débiter le bois, le couper de longueur, après avoir refendu les pièces.
Mesurer les pièces avec la règle et le compas, marquer les grandeurs avec la craie et les approprier aux différentes destinations dont on a besoin. Débiter le bois en planches, en poutres, en cerceaux.
Débiter la pierre, la scier pour en faire du carreau. Débiter le marbre, le scier suivant les besoins.
Débiter un boeuf, le couper en pièces de boucherie.
4
Sémantique : Populairement, débiter de l'ouvrage, en exécuter beaucoup.
5
Réciter. Débiter des vers. Cet enfant débita très bien son compliment. Un comédien qui débite son rôle.
Ces discours qu'il débite avec tant d'emphase
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, J. de Pâq.
Dire, exposer, mais avec un sens péjoratif d'ironie ou de blâme. Débiter une morale pernicieuse.
Un homme de mon âge a cru légèrement Ce qu'un homme du tien débite impudemment
C'est un secret d'amour et bien grand et bien rare ; Mais il faut de l'adresse à le bien débiter
de Pierre CORNEILLE dans ib. I, 1
Tous ces blondins sont agréables et débitent fort bien leur fait
Débiter dans une chaire chrétienne de pareilles propositions et s'appuyer sur de semblables preuves pour conclure précisément de là que très peu entreront dans l'héritage céleste....
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 130
Chacun a débité ses maximes frivoles
Ils ne disent point la vérité ; car ils ont instruit leurs langues à débiter le mensonge
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Jérémie, IX, 5
Cydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées
Enfin nous qui débiterons peut-être encore des rêveries
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans les Mondes, 1er soir.
Elle a été vous débiter mille impostures pour se venger
Ce que l'on a débité sur la longue vie des cerfs n'est appuyé sur aucun fondement
Eustathe, disciple de Jamblique et d'Édedius, fut un homme éloquent et doux, sur le compte duquel on a débité beaucoup de sottises
Nature : Absolument.
Vertu de ma vie ! comme vous débitez ! il semble que vous ayez appris cela par coeur, et vous parlez tout comme un livre
Il [M. Lémery] avait une facilité merveilleuse à débiter et à mettre en oeuvre son savoir
de MAIRAN dans Éloges, Lémery.
6
Sémantique : Terme de musique. Exécuter un passage de chant, en le modifiant suivant le sens des paroles.
7
Sémantique : Terme d'hydraulique. Fournir une certaine quantité d'eau en un temps donné, en parlant d'une fontaine ou d'un cours d'eau. Cette fontaine débite tant de litres par jour.
8
Se débiter, Nature : v. réfl. Être vendu. Cette marchandise se débite très bien.
Quand ce recueil se débitera
Quand un livre au palais se vend et se débite
Des denrées qui sont à très grand marché [à vil prix] sur le lieu et se débiteraient très bien à dix, vingt et trente lieues de là
de VAUBAN dans Dîme, p. 32
Être dit et répandu. Cette nouvelle se débite de tous côtés.
Le blâme et la louange au hasard se débite
Être coupé, taillé. Ce bois se débite facilement.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Des gelées si aspres que le vin de la munition se coupoit à coups de hache, se debitoit aux soldats par poids, etc....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 261
Ils [les rois] leur permirent [aux nobles] de donner et debiter de leurs terres à des païsans à droits de rente et de censive
Pourveu que ses reparations soient raisonnablement inventées, mieux ne pourroit-il debiter son revenu
de Olivier DE SERRES dans 35
Gardant le reste de ses bleds pour debiter petit à petit jusques à la cueillette
de Olivier DE SERRES dans 137

ÉTYMOLOGIE

1
Débit ; wallon, dibiter.

Synonymes de DÉBITER

Termes proches de DÉBITER

Phonétiquement proche de DÉBITER