Définition de CUN?AIRE

DÉFINITIONS - ÉTYMOLOGIE - HISTORIQUE -

Prononciation : re-mor ; l's ni le d ne se lient : un remor éternel

DÉFINITIONS

1
Reproche que le coupable reçoit de sa conscience.
Un vertueux remords n'a point touché mon âme : Pour perdre mon rival, j'ai découvert sa trame
D'effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles
Quand le moment viendra d'aller trouver les morts, J'aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords
Vous savez comme je hais les remords ; ce m'eût été un dragon perpétuel, que de n'avoir point rendu les derniers devoirs à ma pauvre tante
Siècle vainement subtil, où l'on veut pécher avec raison.... où tant d'âmes insensées.... ne font d'effort contre elles-mêmes que pour vaincre, au lieu de leurs passions, les remords de leur conscience
Le remords de conscience que nous sentons après le péché est une grâce intérieure
de Louis BOURDALOUE dans 9e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 142
L'un [le juge méchant] pèche avec connaissance, et il est inexcusable ; l'autre [le juge ignorant] pèche sans remords, et il est plus incorrigible
Tes remords te suivront comme autant de furies
La peur d'un vain remords trouble cette grande âme : Elle flotte, elle hésite ; en un mot, elle est femme
On n'est plus ingénieux que pour se tromper et pour étouffer ses remords
Le remords qui, dans le langage de l'Écriture, est appelé le ver de la conscience, n'est proprement qu'une honte portée à l'excès
de BOULAINVILLIERS dans Réfut. de Spinoza, p. 309
Secrets persécuteurs des coeurs nés vertueux, Remords, qu'exigez-vous ?
de CRÉBILLON dans Atrée et Th. IV, 1
Qu'on appelle la raison et les remords comme on voudra, ils existent, et ils sont le fondement de la loi naturelle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Loi nat. préface.
[Au théâtre] J'ai cru m'apercevoir que les remords et la religion faisaient toujours un très grand effet sur le public
Le remords s'endort durant un destin prospère et s'aigrit dans l'adversité
Il connut qu'un seul remords suffit pour empoisonner la félicité la plus pure
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. II, p. 87, dans POUGENS
Même avant le forfait on connaît le remords
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Ch. IX, IV, 1
Le remords quelquefois fait mieux que la vertu
En vers, on peut au singulier supprimer l's.
Oui, je veux.... laisser, à ma mort, Dans ton coeur qui m'aima le poignard du remord
Tous à leur infortune ajoutant le remord, Séparés par l'effroi, sont rejoints par la mort
Souvenirs expirants, regrets, dégoûts, remord ; Si du moins ces débris nous attestaient sa mort [de la passion] !

ÉTYMOLOGIE

1
REMORDS, REPENTIR. Le remords est plus fort et s'adresse aux grosses offenses contre la morale. Le repentir est moins spécial ; il s'applique aussi bien aux fautes qui blessent l'utilité qu'aux fautes qui blessent la morale.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Jusqu'au remors de consciance
de RUTEBEUF dans 82
2
XIVe s.
Et se tu dis : las ! je suis mors ; Car j'ay plus de mille remors Et plus de cent mille pensées Diversement entremelées
de MACHAUT dans p. 98
3
XVIe s.
Quand le duc de Glocestre vit le convenent de ces gens assemblés contre lui, si lui vint un remords de conscience
4
XVIe s.
Mon ame, de sa complexion, refuyt la menterie, et nait mesme à la penser ; j'ai une interne vergongne et un remords picquant, si parfois elle m'eschappe
de Michel de MONTAIGNE dans III, 52
5
Lat. remorsum, supin de remordere (voy. REMORDRE) ; le d est, comme on voit, le résultat d'une orthographe faussement savante.
Il y avait dans l'ancienne langue un autre remors, ou mieux remort, qui signifiait souvenir et qui se rattachait à rememorer : Encor en sont biel li remort [des croisades] Et li fait plaisant à reprendre
de BAUDOUIN DE CONDÉ dans t. I, p. 7

Synonymes de REMORDS

Termes proches de REMORDS