Définition de CRUCIFIER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kru-si-fi-é

DÉFINITIONS

1
Infliger le supplice de la croix.
Alexandre, ayant pris une ville où plusieurs rebelles s'étaient enfermés, en emmena huit cents à Jérusalem, et les fit tous crucifier en un même jour
....Et les auteurs du crime Sont fils de ces bourreaux qui t'ont [ô Jésus] crucifié
de François de MALHERBE dans VI, 37
Ne suffit-il pas de voir par l'Évangile que ceux qui crucifiaient Jésus-Christ avaient besoin du pardon qu'il demandait pour eux, quoiqu'ils ne connussent pas la malice de leur action ?
Il est vrai que, dans la dernière persécution, et trois cents ans après Jésus-Christ, les païens, qui ne savaient plus que reprocher ni à lui ni à ses disciples, publièrent de faux actes de Pilate, où ils prétendaient qu'on verrait les crimes pour lesquels il avait été crucifié
Sémantique : Par exagération.
Je me fusse plutôt laissé crucifier Que....
Se faire crucifier pour quelqu'un, lui être complétement dévoué.
Se faire crucifier pour quelque chose, souffrir tout pour cette chose.
2
Sémantique : Fig. Mortifier, sacrifier.
[Celui qui] De la chair et des sens tellement se défie, Qu'à force de ferveur l'esprit les crucifie
Les macérations vivifient l'âme en crucifiant le corps et la chair
de PATRU dans Plaid. 15, dans RICHELET
Il faut renoncer à tout, tout crucifier pour le suivre
Pour lui apprendre à crucifier sa propre chair
Nous devons crucifier en nous le vieil homme
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pén. 3
La nuit du prétoire, les crachats, les soufflets, les fouets, les dérisions, le bois fatal, ces images affreuses la crucifient par avance [l'âme de J. C.]
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Passion.
Les chrétiens ont crucifié leur chair avec ses désirs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Car. Riche.
Il faut vous appliquer à crucifier vos sens
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Myst. Misér.
Nature : Absolument.
Mais elle est menée par une autre voie, par celle qui crucifie davantage

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ne sunt pas fil Jesu, ainz sunt tuit forslignié ; N'erent uan [cette année], s'il poent, pur Deu crucifié
dans Th. le mart. 127
E si cum en Calvaire unt Deu crucifié
dans ib. 150
2
XIIIe s.
Dame en cui nous nous fions, Devant vous nous crucefions ; Dame, par Dieu merchi prions, Et vos crions Vierge saintisme
dans Poésies fr. avant 1300, t. II, p. 872, dans LACURNE
Que, puisque Dieu laissa son cors crucefier
dans Berte, X
Si m'aïst Diex li crucefis
dans la Rose, 19409
Lors m'assaillent tuit de rechief ; Chascun à hors bouter me tent : Il ne me grevast mie tant Qui me vosist crucefier
dans ib. 15271
3
XVe s.
Toutes excuses mises derriere, sa commune crioit : Crucifige ! crucifige !
de Georges CHASTELAIN dans Chron. du duc Philippe, ch. 55
4
XVIe s.
Elle commanda aux bourreaux qu'ils crucifiassent et attachassent son corps en travers à trois crois
de Jacques AMYOT dans Artax. 21

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, cruchifié, mortifié ; provenç. et espagn. crucificar ; de crux, croix, et ficar, ficher (voy. FICHER). L'italien dit crocifiggere, dérivé directement du latin figere, fixer.

Synonymes de CRUCIFIER

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