Définition de CRU

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kru

DÉFINITIONS

1
La quantité dont une chose a crû, a pris croissance. Ces arbres ont bien poussé, voilà le cru de cette année.
2
Production.
On leur a défendu d'apporter d'autres marchandises que celles du cru de leur pays
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XX, 8
Son vin noir et grossier mais désaltérant et sain est du cru de sa vigne
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. III
3
Terroir considéré comme ce qui fait croître les végétaux et leurs produits. Ce vin-là est d'un bon cru.
Après ce qui lui vient de son cru, rien ne lui paraît de meilleur goût que le gibier et les truffes que cet ami lui envoie
de Jean de LA BRUYÈRE dans III
Droit qui fut fixé à cinq pour cent sur toutes les marchandises des Indes et de la Chine, et à trois pour cent sur toutes celles du cru des îles de France et de Bourbon
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. IV, 26
Les seules denrées du cru couvrent notre table
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. V, 2
Des vins d'un cru céleste épanchent leurs trésors
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, V
Vin du cru, vin fait sur le lieu même où il est bu.
Moi, gai comme un dieu sans nectar, Au vin du cru je me résigne
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Nourrice.
Sémantique : Fig. Cet ouvrage est une compilation, l'auteur n'y a rien mis de son cru.
Ce que nous désirons aujourd'hui avec tant de chaleur et de besoin vient immédiatement du cru de Dieu
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Disc. à la régente.
Le vieux marchand me dit à l'oreille : On voit bien que ce n'est pas de son cru [à M. de Beaufort]
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans III, 167
Il est bien nécessaire d'employer de l'argent à des perruques, lorsque l'on peut porter des cheveux de son cru qui ne coûtent rien
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Avare, I, 5
C'est de votre cru que vous dites cela
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Instr. 2
Il n'a rien de son cru que le mensonge
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans I, Pent. 1
La pièce est de mon cru
de Jean RACINE dans Épigr.
Il sait par coeur une infinité de bons contes qu'il a récités tant de fois comme de son cru, qu'il est parvenu à se figurer qu'ils en sont effectivement
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, III, 11
Sémantique : Fig. Le vin de mon cru, le vin de son cru, les actions, les pensées, les paroles de quelqu'un.
Lorsque Mondor osa te dire en face Que tu saignas du nez dix fois au moins, Te citant l'heure et le jour et la place. - Conte grossier que personne n'a cru, Qui n'était pas digne de ma colère : On me connaît, et le vin de mon cru Ne passera jamais pour de l'eau claire
de PONS, (de Verdun) dans les Excuses dans les Contes et poésies diverses, p. 191
4
Sémantique : Terme de chasse. Milieu d'un buisson, dit plus communément creux, où la perdrix se retire quelquefois pour éviter la poursuite des chiens.

REMARQUE

1
Cru n'est pas autre chose que le participe passé du verbe croître qui s'écrit crû ; l'Académie devrait donc l'écrire avec un accent circonflexe, comme elle fait pour dû : réclamer son dû.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Est dit vin du cru de la ditte ville tout vin qui croist dedans les limittes du ruisseau de Saint Jouandeau....
dans Nouv. coust. génér. t. IV, p. 911
Je sçais très bien sentir, à mesurer ma portée, que mon terroir n'est aulcunement capable d'aulcunes fleurs trop riches que j'y treuve semées et que touts les fruicts de mon creu ne les sçauroient payer
de Michel de MONTAIGNE dans II, 99

ÉTYMOLOGIE

1
Crû, participe de croître.

Synonymes de CRU