Définition de CAPTIF, IVE
Prononciation : ca-ptif, pti-v' ; au pluriel l's ne se lie pas : des ca-pti-f infortunés ; cependant quelques-uns li
DÉFINITIONS
1
Pris à la guerre et fait esclave. Ils emmenèrent les femmes captives. Racheter les chrétiens captifs.Moi captif à la fleur de l'âge Dans ce vieux fort inhabité
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Le Prisonnier.
Nature : Substantivement.
Il ouvrira les yeux des aveugles et tirera les captifs de leur prison
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 4
Un captif insolent d'avoir brisé sa chaîne
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 10
Rome vit passer au nombre des vaincus Plus d'un captif chargé des fers d'Antiochus
de Jean RACINE dans Bérén. III, 1
La guerre dans Lesbos me fit votre captive
de Jean RACINE dans Iphig. III, 4
Moi qui contre l'amour fièrement révolté, Aux fers de ses captifs ai longtemps insulté
de Jean RACINE dans Phèdre, II, 2
L'ordre de la rédemption des captifs, ordre religieux dont la destination était de racheter les captifs faits par les Barbaresques.
2
En général et dans le style relevé, pris, détenu. Un oiseau captif.Les coupables qu'il tenait captifs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 6
Captive, dès le berceau, des ennemis les plus implacables de sa maison
Comme il n'a jamais refusé ce qui était raisonnable, étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste, étant captif
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Angl.
Asservi.
Rendre par un décret public à la Grèce, si longtemps captive, la liberté à laquelle elle ne pensait plus
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
3
Sémantique : Par extension, qui est contraint ou attaché. Cette place me rend fort captif. âme captive des sens, des plaisirs.C'est proprement un charme : il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits
de Jean de LA FONTAINE dans VII, à Mme de Montespan.
Tiens ta langue captive, et si ce grand silence....
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 1
Il ne faut point tenir les vérités captives
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 111
Dans son génie étroit il est toujours captif ; Pour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art poét. I
[âme] toi qui étais née pour l'éternité et pour un objet immortel, tu deviens éprise et captive d'une fleur que le soleil dessèche
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans La Vallière.
L'âme, devenue captive du plaisir, devient ennemie de la raison
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Philisbourg qui tint si longtemps le Rhin captif sous nos lois
4
Ballon captif, aérostat qu'on retient au moyen d'une corde, par opposition à ballon perdu, qu'on laisse aller dans l'air.SYNONYME
1
CAPTIF, ESCLAVE, PRISONNIER. Dans le sens ancien et souvent usité, le captif est pris à la guerre, et peut être fait esclave ; dans le sens moderne, captif est synonyme de prisonnier, avec cette différence que captif est de la poésie et du style relevé. L'esclave n'est pas pris à la guerre ; il reçoit l'esclavage en héritage de ses parents, ou bien on l'achète de ceux qui le possèdent ou qui font la traite. Le prisonnier est ou pris à la guerre, ou détenu de toute autre façon ; mais il n'est pas esclave.HISTORIQUE
1
XVIe s.Ceste galere estoit de seize rames pour banc, accoustrée magnifiquement des armes captives, riches draps de pourpre, et autres telles despouilles
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 50
Empeschant que l'on ne monstre publiquement la grandeur et la gloire des roys Philippus et Alexandre le Grand prisonnieres et captives soubz les armes romaines
de Jacques AMYOT dans ib. 53
La belle main dont la forte foiblesse D'un joug captif donte les plus puissans
de Joachim DU BELLAY dans II, 11, recto.
As-tu point veu une nymphe craintive, Qui va menant ma liberté captive Par les sommets des plus haultes montaignes ?
de Joachim DU BELLAY dans II, 28, recto.
Ceste police de la plus part de nos colleges m'a tousjours despleu ; c'est une vraye geaule de jeunesse captive
de Michel de MONTAIGNE dans I, 183
ÉTYMOLOGIE
1
Captivus, captif (voy. CHÉTIF, qui est l'ancienne forme de captif). Captif a été refait sur le latin au XVIe siècle.