Définition de BR?LOTIER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kro ; le c ne se prononce pas, même devant une voyelle, excepté dans croc-en-jambe, dites : kro-k en

DÉFINITIONS

1
Sorte de grappin de fer ou de bois auquel on suspend quelque chose. Pendre de la viande au croc.
Apprends-moi ton métier, camarade, de grâce ; Rends-moi le premier de ma race, Qui fournisse son croc de quelque mouton gras
Pendre au croc un habit, l'y suspendre quand on le quitte.
Je pendis au croc une seconde fois mon habit, pour en prendre un de mon maître et me donner l'air d'un médecin
Sémantique : Fig. Pendre son épée au croc, mettre les armes au croc, quitter le métier des armes, la vie militaire.
Je veux pendre l'épée au croc
Si Dieu ne change mes résolutions, je mettrai bientôt mon armure au croc
Mettre un procès au croc, le pendre au croc, cesser de le poursuivre.
Être au croc, être interrompu, empêché.
Quoi ! la pièce [comédie] est au croc une seconde fois
Avoir à son croc, avoir certaines choses utiles accrochées au croc.
Bonne chasse, dit-il [le loup en apercevant un cheval], qui t'aurait à son croc
Sémantique : Fig.
Amour n'avait, à son croc, de pucelle Dont il crût faire un aussi bon repas
de Jean de LA FONTAINE dans Comment l'espr.
Sémantique : Fig.
Mille autres moutons comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple-roi
2
Longue perche dont le bout est armé d'un crochet. Un croc de batelier.
Une partie des soldats était occupée à tirer avec des crocs les corps entassés dans les maisons [dans le siége de Carthage par Scipion Émilien]
Les crocs de la ville, se disait, à Paris et dans d'autres grandes villes, de grands crocs dont on se servait pour abattre les maisons qui brûlaient, à l'effet d'éteindre le feu.
Enfin sous mille crocs la maison abîmée Entraîne aussi le feu qui se perd en fumée
3
Sémantique : Terme d'agriculture. Croc ou crochet, instrument aratoire à une, deux ou plusieurs dents aiguës, faisant avec le manche un triangle plus ou moins ouvert. Le croc est principalement employé dans la petite culture.
4
Sémantique : Terme de marine. L'extrémité recourbée d'un grand nombre d'ustensiles de fer.
Croc à émerillon, celui qui tourne sur l'estrope ferrée d'une poulie.
Dans le langage des marins. Coup de croc, petit verre d'eau-de-vie, dit aussi coup de sec. Nous prîmes un coup de croc.
5
Dents recourbées ou pointues de certains animaux. Ce mâtin a de grands crocs.
....Sa gueule faisait une laide grimace, Qui, parmi de l'écume, à qui l'osait presser, Montrait de certains crocs....
Sémantique : Par extension, pince d'écrevisse.
Eh bien ! cet animal aux longs crocs, au pas lent [l'écrevisse], Montre au sage étonné que ce spectacle enchante, Les débris renaissants de sa serre tranchante
6
Sémantique : Terme de botanique. Croc de chien, arbre épineux des Antilles, ainsi nommé parce que ses épines arrêtent les chiens à la chasse ; le fruit en est une prunelle jaune.
7
Nature : Au plur. Moustaches recourbées en crochet. Sa bouche était surmontée de deux crocs de moustache rousse.

REMARQUE

1
Le peuple dit souvent un croc pour un voleur, un escroc ; mais ce paraît être une corruption du mot escroc, et non une figure du mot croc.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E chaesnes, e crocs, e phieles, e mortiers e encensiers, tut de fin or
dans Rois, 257
2
XIIIe s.
Il prenoient les nés [nefs] toutes ardans à crocs de fer, et les tiroient parvive force fors du port
Et fu li vaissiaus [une outre] saciés fors à graus de fier, et fu aportés à terre
dans Chr. de Rains, 96
Il s'en vont querre le cheval, Qui aloit noant [nageant] contreval, Du croc le prennent par les renes
dans Bl. et Jeh. 2723
Ausinc doit fame par tout tendre Ses raiz por tous les hommes prendre ; Car por ce qu'el ne puet savoir Des quiex el puist la grace avoir, àu mains por ung à soi sachier, à tous doit son croc atachier
dans la Rose, 13798
El feu le jettent erranment, Od crocs de fer ens le buterent
de MARIE dans Purgatoire, 889
Deable à leur croc les ensaichent, Enz en enfer dedenz les saichent
de G. DE COINSY dans Ste Leocade, V. 373
3
XIVe s.
Lors jeterent lor ancre, et les grans cros d'achier, Dont il firent ensamble leur vaissiaus attachier
dans Baud. de Seb. IV, 710
4
XVe s.
De moy ne serez escondit, S'aucune chose desirez à vostre bien, quant l'escriprez ; Paine mectray, d'entente franche, Que l'ayez de croq ou de hanche
de Charles D'ORLÉANS dans Réponse à Frédet.
Ayans [dans un combat singulier] bastons accoustumés.... sans avoir alesnes, ne crocs, broches, poinsons, fers barbelez, aguilles, pointes envenimées....
de Enguerrand de MONSTRELET dans t. I, ch IX, p. 8, 1402, dans LACURNE
Je vueil gaigner mon pain en toute place, Sans ressongnier [craindre] justice ne ses cros
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 236, dans LACURNE, au mot cros.
5
XVIe s.
Et toi, miserable goutteux, as-tu pendu plaisir au croc ?
de GOUPILLE dans Plaisants devis, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 164
Maintenant de croc et de hanche, que toutes voyes estoient licites contre les Lutheriens, tant fussent elles estranges
de LAPLANCHE dans Estat de la Fr. sous Franç. II, p. 146, dans LACURNE
Il pressa de là en avant le sauvage qui l'avoit pressé, et quant et quant lui donna de croc et hanche si bien qu'il le mit tout plat sur l'herbe
dans D. Flores de Grece, f° CXX, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. croc ; ital. crocco ; d'un radical qui est également germanique et celtique : anc. scandin. krôkr ; angl. crook ; kymri, crôg ; breton, krôk. Il n'est pas sûr que graus, dans la Chronique de Rains, soit crocs ; ce peut être un mot ayant pour radical grap (voy. GRAPPIN).