Définition de BARGUIGNER
Prononciation : bar-ghi-gné
DÉFINITIONS
1
Hésiter, avoir de la peine à se déterminer.À quoi bon tant barguigner et tant tourner autour du pot ?
C'est Mme Shoenée qui achète notre filonnière ; mon homme barguignait un peu ; je craignais des difficultés
de Paul Louis COURIER dans Lett. II, 197
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Iluec trouverent le mercier, Et lor dame qui remuoit Les joiaus et les bargignoit, Aulcuns aussy de la mesnie Ont mainte chose bargignie.... Et quant plus rien ne bargigna, Sa marchandise appareilla, Et prist son fardel à trousser
dans Roman du chatelain de Couci
Estagiers de Paris puent barguiner et achater le blé au marchié de Paris por leur mengier en la presence des talemeliers [boulangers]
dans Liv. des mét. 17
Or me dites, fist-il, avez-vous barguigné nulz chevaliers ?
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 257
Quant le soudanc oy ce, il dit : Par ma foy, larges est le Frans, quant il n'a pas bargigné sur si grant somme de deniers
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 243
Quar il a mestier par couvent D'achateors, et cil s'engingnent, Qui orendroit ne le barguignent, Quar tels foiz le voudront avoir Qu'on ne l'aura pas por avoir
de RUTEBEUF dans 96
2
XIVe s.Lesquelz atargerent pour le dit poutrain barguignier [marchander] et aviser
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans athargrati.
Puis, dirent-ils tous en riant et en leur gascon, nous la barguignons [la ville de Clermont], et une autre fois nous l'acaterons
de Jean FROISSART dans II, III, 99
Et tantost qu'il les aperçurent, sans barguigner frapperent en eux
de Enguerrand de MONSTRELET dans liv. I, ch. 227
ÉTYMOLOGIE
1
Génev. bargagner ; bas-lat. barcaniare (dans les Capitulaires de Charles le Chauve), barganniare, marchander ; provenç. barganhar ; ital. bargagnare ; angl. to bargain. On trouve dans le gaél. baragan, un marché ; mais, comme le remarque Diez, le c dans un texte aussi reculé qu'un capitulaire de Charles le Chauve prouve que le g est dérivé ; en conséquence il propose pour étymologie barca, barque, qui, d'après Isidore, sert à porter les marchandises deçà et delà, de sorte que barcaniare, serait : porter en barque, et en général, porter ses marchandises çà et là (barguigner dans l'ancien français veut dire marchander). Cela demeure jusqu'à présent une hypothèse ; mais on voit, par les anciens textes, que le mot gain (ce qu'avait cru Génin) n'entre pas dans la composition du mot. De marchander, barguigner a passé, par une dérivation que l'on conçoit, au sens de hésiter, tergiverser.