Définition de AFFECTION

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-fè-ksion ; de quatre syllabes, en poésie

DÉFINITIONS

1
Ce que le corps éprouve, surtout en fait de maladie. Les affections causées par l'impression d'un air froid et humide. Dans ces sortes d'affections l'exercice est nécessaire. Il a une affection rhumatismale. Les affections de poitrine.
2
Manière d'être de l'âme considérée comme touchée de quelque objet. Les affections de l'âme. Les affections de nos âmes sont dans un flux continuel.
Ah ! j'en conviens, et telle est notre misère : il y a de ces temps orageux où l'on n'est proprement maître ni de son esprit par rapport à l'attention que demande la prière, ni de son coeur par rapport à une certaine affection
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 28
Cet ordre d'idées, cette suite de pensées qui existe au dedans de nous-mêmes, quoique fort différente des objets qui les causent, ne laisse pas que d'être l'affection la plus réelle de notre individu
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Comp. des anim. et des végét.
3
En un sens philosophique plus restreint, toute situation passive de l'âme.
4
Sentiment d'amitié, d'amour, d'attachement pour une personne ou une chose. Les affections de la famille. Les anciens disaient que l'amour de la famille renferme toutes les affections. Avoir de l'affection pour quelqu'un. L'affection que je vous ai toujours portée. La malveillance essayait de lui faire perdre votre affection. C'est par des services que se gagne l'affection. Les affections aveugles. Chacun se rappelait les objets de ses affections. Cette ville, vos plus chères affections.
Car enfin n'attends pas de mon affection Un lâche repentir d'une bonne action
Je donnai par devoir à son affection Tout ce que l'autre avait par inclination
de Pierre CORNEILLE dans Pol. I, 3
Une affection parfaite vaut mieux que toutes choses ; celle que j'ai à vous servir est à un si haut point....
Vous avez mis votre affection à une créature mortelle
Affection d'un père pour ses enfants
de Esprit FLÉCHIER dans I, 139
Il s'appliqua à gagner l'affection des vieux capitaines
Quiconque met ses affections ici-bas n'a plus de droit à la patrie
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Mart.
Ressouviens-toi qu'une action Ne peut avoir peu de mérite, Ayant beaucoup d'affection
de François de MALHERBE dans IV, 5
L'âme, afin de suppléer la présence de l'objet qu'elle aime, fait effort pour rendre sa douleur immortelle : son affection envers la mémoire de son ami et le désir de le faire revivre lui fait prendre tous les moyens qui peuvent réparer sa perte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées chrét. 38
5
D'affection, loc. adverb. Avec intérêt, de coeur.
Il est impossible de se la représenter parlant d'affection de quelque chose
6
Affection à, désir de.
Pour des choses où il a plus d'affection
M. de Noailles savait par le roi même l'affection qu'il avait à ce projet [siége de Barcelonne]
En se dépouillant du péché et des affections au péché
N'est-il resté aucun péché, aucune affection au péché dans votre coeur ?
de Esprit FLÉCHIER dans ib. 132
7
État maladif. Affection nerveuse, aiguë, chronique.
8
En géométrie, cette courbe a telle affection, elle a telle propriété.
En ce sens il est vieux.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Je sai bien ke li orguillous engele sunt trespasseit en affection de malice et de felonie, et k'il par non sachance et par enfermeteit ne pecharent mie
de ST BERN. dans 524
2
XIVe s.
Il ne reçoit ou accepte les paroles des autres ou ne les contre dit pas par amisté ne par affettion d'amour ou de haine
Il se esjoissent de tel honneur comme d'un signe de la bonne affettion des segneurs à eulz
de Nicolas ORESME dans ib. 243
3
XVe s.
Aux oeuvres non aux paroles se demonstrent les affections du vaillant preux
dans Bouciq. I, 16
[Les bourgeois tenoient le capitaine de la ville prisonnier pour le forcer de consentir à capituler avec les Anglois] Le chevalier perçut bien l'affection qu'ils avoient aux Anglois et comment ils le tenoient en danger
Monseigneur Charles de France et Monseigneur de Charolois estoient à une fenestre et parloient eulx deux de très grant affection
de Philippe de COMMINES dans I, 5
4
XVIe s.
.... de lui porter affection de nuisance
Son affection [goût] mesme y contredisant
de Michel de MONTAIGNE dans I, 44
Quelle affection [émotion] peult estre plus aspre et plus juste, que celle des amis de Pompeius [le voyant massacrer] ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 63
J'ay en particuliere affection cette matiere
de Michel de MONTAIGNE dans I, 81
La resolution à la guerre et affection à leurs femmes
de Michel de MONTAIGNE dans I, 238
Antigonus ayant prins en affection un de ses soldats pour sa vertu
de Michel de MONTAIGNE dans II, 5
Je m'en remets à vostre jugement, vous priant sans moquerie luy en vouloir conseiller ce qu'il en doit faire, sans regarder affection particuliere
Je vous prie de prendre ceste maison en telle affection que j'ay tousjours eue et ay la vostre
La jeunesse qui est si ardante en ses affections....
Ce prince ayant parlé à ces mots, comme il faisoit ordinairement quand il parloit d'affection [avec animation], lui repliqua....
Jà de vostre costé vous avez apperceuë La moindre affection que pour vous j'ay receuë
de Pierre de RONSARD dans 787

ÉTYMOLOGIE

1
Affectio, de afficere, de ad (voy. à) et facere (voy. FAIRE) ; provenç. affectio ; espagn. afeccion ; ital. affezione.

Synonymes de AFFECTION

Termes proches de AFFECTION